Du 6 au 10 janvier 2020, l'association anti-gaspillage alimentaire "les bons restes" installe une cantine éphémère à la petite halle de Quartier libre, rue Vernouillet à Reims. Une semaine pour cuisiner et déguster les fruits et légumes invendables et tester un concept amené à se pérenniser.

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Dès l'entrée dans la petite halle de Quartier libre rue Vernouillet à Reims, une bonne odeur d'oignon frit et de soupe aux légumes vous envahit les narines. Il faut dire qu'ici, une dizaine de bénévoles cuisinent depuis 9 heures. Lavage, épluchage, découpe des fruits et légumes, préparation, cuisson : il en faut des petites mains pour préparer ce premier repas de la toute nouvelle cantine éphémère des "bons restes". L'association anti-gaspillage alimentaire se propose en effet de préparer chaque jour, jusqu'au 10 janvier, un repas pour trente personnes, au tarif libre.

Au menu, ce lundi, les gourmands trouveront un velouté de betterave en entrée, un gratin de bettes et de pommes de terre en plat et une tarte aux pommes en dessert. Le tout fait maison et à base de produits dont personne ne veut d'habitude : les fruits et légumes invendables, hors calibre ou trop moches, ont été glanés dans les champs ou fournis par des producteurs locaux. Le pain invendu la journée est donné par une boulangerie le soir. Des partenariats avec des magasins permettent d'assurer la présence de denrées non périssables comme l'huile, le vinaigre ou la farine. Seul le lait pour la béchamel a été acheté. Quelques oignons, aussi, qui n'ont pu être glanés.
 

Sensibiliser au gaspillage alimentaire

Dans le local cuisine, les deux mains dans la pâte de la tarte aux pommes, Sandrine Libeaut, trésorière de l'association, insiste sur l'aspect pédagogique de cette cantine et rappelle que la cuisine est ouverte aux curieux tous les matins de la semaine. "On montre aux gens comment cuisiner les invendus que l'on récupère, comment les cuisiner simplement."

Une fois à table, l'idée est de discuter du gaspillage alimentaire et d'expliquer aux gens que tout ce qu'on a cuisiné allait être jeté à la poubelle parce que cela ne correspond pas aux standards des magasins. 
- Sandrine Libeaut, trésorière de l'association 


De la pédagogie par la gourmandise, de la sensibilisation par les papilles, c'est tout l'objectif du projet. Les bénévoles redoublent donc d'efforts pour préparer au mieux les plats qui vont être servis. A la préparation des bettes, Tiffanie Kortenhoff et Hélène Cocu, respectivement 26 et 36 ans, sont venues donner un coup de main. Toutes deux sont libres le matin, car en recherche d'emploi, et sont ravies de pouvoir partager un moment autour de ce projet. "On parle de recherche d'emploi, de ce que l'on fait dans la vie, de techniques de cuisine, de tout et de rien. Il y a une bonne ambiance", raconte Tiffanie. Hélène renchérit : "J'ai découpé, émincé, les petites choses simples de la cuisine. J'adore cuisiner, c'est une passion. Et le fait de le faire avec des gens, de le faire dans le partage, c'est vraiment agréable".
 

Une cantine éphémère avant de pérenniser le projet

A l'heure de passer à table, les convives attendent avec curiosité les plats préparés dans la matinée. Tous sont déjà convaincus par le concept et sûrs de se régaler. Seule interrogation : combien donner à la fin du repas, puisque le prix est libre. Certains trouvent la nourriture digne d'un restaurant et pensent donner entre 15 et 20 euros. Pour Sandrine Libeaut, le prix juste tourne autour de 10 euros le repas. "Cela permettrait de payer un local, un salarié et la nourriture que l'on ne peut qu'acheter et non récupérer", explique-t-elle. 

 



Car l'objectif est bien de rendre la cantine solidaire pérenne. Il faut donc que l'association trouve un local pour se lancer réellement. Cette semaine à Quartier libre a valeur de test, pour montrer -et se montrer- comment le projet fonctionne, s'il parle aux gens, si les Rémois répondent présent. Et au vu du carnet de réservations jusqu'à la fin de la semaine, ça a l'air d'être le cas : il ne reste que quelques places jeudi et vendredi. Preuve que le projet est porteur, et que l'idée est bonne.

On jette à peu près un tiers de ce que l'on produit dans le monde. C'est énorme quand on voit qu'en France par exemple, une personne sur 10 n'a pas à manger. C'est insensé ! 
- Sandrine Libeaut, trésorière de l'association

"Les bons restes", c'est donc d’abord une histoire de bon sens. Et cette cantine en découle naturellement, pour manger ce que l'on produit ici, et le manger bien. 

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