Près de 600 élèves du collège Saint-André, à Reims, ont participé ce vendredi 8 novembre à des ateliers de sensibilisation à la transition écologique et sociétale. Vêtements plus éthiques, énergie du numérique, finance solidaire, zéro déchets, de nombreux thèmes étaient abordés.
"Qui n'a pas de smartphone ?" Sur vingt élèves, seules cinq mains se lèvent. "Toute utilisation du numérique a un impact, annonce d'emblée Aymeric Thomas, spécialiste en efficacité énergétique, pour lancer son intervention sur "l'énergie du 2.0" devant les collégiens de l'établissement privé Saint-André, à Reims. Si le numérique était un pays, ce serait le 3e pays consommateur d'énergie au monde." Le jeune ingénieur insiste sur l'impact environnemental des équipements. "Pour fabriquer un ordinateur qui pèse 2 kilos, il y a besoin de 800 kilos de matières premières. Pour un smartphone, c'est 500 kilos qui sont nécessaires."Les collégiens sont surpris par les nombreux chiffres avancés par l'intervenant. "Le nombre de recherches Google ou de mails envoyés, je ne pensais pas que c'était aussi important", glisse Tom, élève de 6e. Je vais essayer de réduire un peu tout ça." Son voisin, Zakary, 11 ans, approuve : "Chacun peut faire un geste, même très petit". Comme ne pas laisser branché son chargeur hors des temps de recharge, couper sa box internet 8 heures par jour ou encore nettoyer sa boîte mail.
40 ateliers différents
"Un spam, c'est 1 gramme de CO2, précise Thomas Aymeric. Ouvrez vos smartphones et supprimez tous les mails qui ne servent à rien." Pour une fois qu'ils peuvent sortir leur téléphone en classe, les élèves s'exécutent, ravis pour la plupart de participer à cette journée peu ordinaire. "J'adore, ça change des cours et ça permet d'apprendre de nouvelles choses", confirme Zakary.Comme lui, près de 600 collégiens ont assisté chacun à six ateliers différents organisés ce vendredi 8 novembre pour le "Green Friday". Au total, 40 interventions sont proposées tout au long de la journée. Du jeu de l'oie sur la finance solidaire à la conférence sur l'eau, en passant par le gaspillage, la sophrologie, le compostage ou le zéro déchets, les thèmes sont variés. "Le but, c'est de les sensibiliser à la transition, qu'elle soit humaine, sociétale, économique et écologique, explique Jean-Louis Miloche, le professeur d'histoire-géographie à l'initiative du projet. On veut mettre les élèves face à des acteurs locaux pour leur dire qu'on a des solutions pour modifier nos modes de vie."
Les intervenant viennent d'associations, d'entreprises ou de collectivités locales comme le Grand Reims. "La Chambre régionale d'économie sociale et solidaire nous a ouvert son réseau, précise l'enseignant. Tous ont répondu présents." Les professeurs et personnels non enseignants sont également mobilisés. A la cantine, un repas sans viande était exceptionnellement servi ce midi. "Quinze jours avant le fameux Black Friday et son incitation à consommer, on voulait que cette journée soit le début ou la continuation d'une réflexion sur leur mode de vie", assure Jean-Olivier Jouve, directeur de l'établissement. Un mur des engagements, sur lequel chaque élève volontaire écrira sa "bonne action" en faveur de l'environnement, prendra place dans la cour du collège.Plutôt que d'être dans le catastrophisme, on veut montrer aux collégiens l'enthousiasme et l'implication des gens qui s'engagent en faveur de la transition.
- Jean-Louis Miloche, professeur d'histoire-géographie
S'habiller de façon plus responsable
Comment consommer différemment ? Dans la salle d'à côté, on parle de fringues, mais pas des dernières tendances, non, plutôt de leur fabrication. "Savez-vous d'où viennent vos vêtements ?", interroge Jean-Paul Massier, membre d'Artisans du Monde et du collectif "Ethique sur l'étiquette". "Du Honduras", répond un premier élève. "De la Chine", ajoute un autre. "Et moi du Bangladesh." Le bénévole explique alors, carte à l'appui, le circuit d'un t-shirt, des champs de coton aux Etats-Unis, en passant par la confection en Chine, puis son retour à son pays d'origine."Pourquoi les vêtements font-ils autant de trajet ?" Une vidéo sur les conditions de vie des couturières en Chine donnera aux élèves la réponse. "Parce que les salaires y sont très bas, dénonce l'intervenant. Pour un t-shirt vendu à 29 euros, la couturière n'en touche que 18 centimes. Un t-shirt de sport, de foot par exemple, que vous achetez ici pour 85 euros, celle qui l'a confectionné n'en recevra que 60 centimes." Et d'insister sur les conditions de travail déplorables des couturières qui travaillent jusqu'à 78 heures par semaine en manipulant de nombreux produits chimiques.
"Qu'est-ce qu'on peut faire ?"
Ces informations interpellent la vingtaine de collégiens qui participent à ce nouvel atelier. "Je ne savais pas qu'on pouvait gagner aussi peu, affirme Camille, choquée. Cette élève de 4e assure, comme ses camarades, qu'elle fera désormais plus attention à l'origine de ses vêtements. "On va en parler à nos parents aussi." Car des alternatives existent. "Acheter des vêtements déjà utilisés, acheter des vêtements faits en France", propose Romane, 13 ans. "Consommer moins et mieux, ajoute l'intervenant, en achetant des marques éthiques et responsables pour ses jeans et ses baskets."Derniers conseils avant de terminer l'atelier sur un exercice pratique: la fabrication de "tawashi", une éponge écolo lavable tissée à partir de vieilles chaussettes, de collants ou de chutes de tissus. A l'issue de cette journée, d'autre collégiens sont eux repartis avec leur lessive ou leur dentifrice fait maison. De quoi inciter ces jeunes à parler environnement en rentrant à la maison.