Virgile et Emmanuel sont des amoureux du cuir et de la chaussure. Le premier est cordonnier, un métier souvent résumé à un service, et le second bottier, qui fabrique des chaussures sur mesures. Les deux ont choisi de travailler ensemble dans une boutique à Reims. Reportage.
À 28 ans, Virgile a ouvert sa cordonnerie, très stylisée, en mai 2017. Après des études de commerce, il a décidé de changer de voie pour se lancer dans ce travail manuel. "J'aurais jamais cru que je me serais lancé là-dedans il y a 5 ans. Je ne connaissais rien de la chaussure à l'époque, j'ai tout appris sur le tas," signale le cordonnier. Pour lui, "c'est à force de recherches personnelles que la passion est venue."
Après différentes expériences chez des cordonniers, Virgile répare les chaussures abîmées, change les talons et les semelles. Le travail requiert minutie, patience et habileté. Mais avec la concurrence, l'image du métier a changé. "Le souci actuellement, c'est que la cordonnerie n'est plus vue comme un métier, mais davantage comme un service, comme les points minute que l'on trouve dans les supermarchés – où l'on trouve de très bons cordonniers, cela-dit, analyse-t-il. On tend à s'éloigner du métier artisanal."
Des artisanats complémentaires
Depuis quelques semaines, Virgile ne travaille plus tout seul car Emmanuel s'est installé avec lui. Emmanuel, bottier, a aussi changé de vie. Ce rémois de 42 ans amoureux des chaussures travaillaient au Angleterre dans une entreprise pharmaceutique. Il a tout plaqué pour faire de sa passion un métier."J'ai commencé à prendre des cours de botterie à Londres avec un bottier qui s'appelait Paul Thomas, raconte l'intéressé. À la suite du Brexit [en juin 2016, NDLR], j'ai démissionné et j'ai voulu perfectionner mon savoir-faire et j'ai pris des cours auprès d'un bottier parisien."
Avec ce savoir-faire, chaque paire de botte ou de chaussure devient unique, notamment grâce au cuir utilisé. Certaines chaussures peuvent en contenir jusqu'à huit différents.
Il ne resterait aujourd'hui plus qu'une trentaine de bottiers en France. "On propose quelque chose qui était très courant il y a cent ans, qui avait complètement disparu en province. Je trouve intéressant de le remettre au goût du jour." Le bottier et le cordonnier, deux artisans complémentaires, partagent l'amour du cuir, mais aussi l'ambition de redonner un second souffle à leur métier.
►Voir notre reportage à Reims (Marne)