Le "forum 65+" s'est tenu vendredi 26 et samedi 27 avril au centre des congrès de la cité des Sacres. Associations, institutions et entreprises innovantes champardennaises sont venues présenter les objets et animations centrées sur le bien-être des jeunes retraités de plus de soixante-cinq ans.
"Dès lors qu'on est estampillé "plus de 65 ans", on ne devrait pas être orienté vers de la zumba mais avoir en face des interlocuteurs qui permettront une prise en charge ciblée en fonction de son état de santé, et de l'endroit où l'on habite", argumente Mylène Ducret. Cette directrice des solidarités et de la santé publique de la ville de Reims résume tout l'objectif du "forum 65+" organisé les 26 et 27 avril 2019 à Reims.
Bien-être
Deux jours organisés avec les acteurs du tissu économique, social et associatif et les institutions pour essayer de trouver une "dynamique de territoire". Pour que les seniors trouvent des activités, des animations et des soutiens qui correspondent à leur besoins et à leur bien-être. Dans les allées du centre des congrès, un hall attire particulièrement l'attention: celui des start-up ou entreprises innovantes.Un robot compagnon
Pierre Rouhaud est président de la société nancéenne stimul'activ. C'est un peu lui le papa de Mwoo, un robot de près de 900 grammes et de 26 centimètres de haut. Rond, facile à attraper. Il a pour fonction de stimuler tous les sens - vue, ouïe, odorat et toucher- et de faciliter la communication des personnes atteintes de maladies neurodégénératives. D'autisme et d'Alzheimer notamment.Il s'est inspiré de ses expériences personnelles et de ses observations.
"Je l'ai mis sur une table avec un monsieur qui avait des problèmes de préhension – action de saisir, d'agripper- et tout de suite il a réussi à l'attraper et il est parti avec sur son fauteuil roulant. Je me suis dit il y a quelque chose à faire".
-Pierre Rouhaud, créateur du robot Mwoo
Le Nancéen poursuit : "J'ai créé ce petit bonhomme rassurant qui peut proposer des stimulations par la lumière de ses yeux, par les odeurs de ses vêtements, par les vibrations qu'il va produire. Tout cela va permettre de calmer la personne malade, de lui permettre de communiquer avec son environnement".
Ce robot aura mis quatre ans à voir le jour. Il a été développé en collaboration avec le professeur Novella, gériatre au Chu de Reims. Il devrait être commercialisable auprès des particuliers, des structures de santé à partir du mois de juin 2019. Il sera fabriqué en France à 95% par des personnes en situation de handicap. Son prix: 1900 euros. Le président de la société cherche encore des partenaires pour l'assemblage électronique du robot dans le Grand Est ou plus localement en Champagne-Ardenne.
Une application qui résume le parcours de vie
Pierre Rouhaud a également crée une application idéale à consulter sur une tablette pour aider les personnes aidantes ou soignantes à comprendre rapidement à qui elles viennent rendre visite. "Il y a une dizaine d'année j'ai appris que mon papa était atteint de la maladie de parkinson. Il était suivi à domicile par des soignants et je me suis aperçu qu'il devait répéter à chaque nouvelle personne son histoire. Et cela était fatigant pour lui. Parfois insupportable", explique le concepteur.
"La personne qui vient vous voir à votre domicile connaît votre histoire et sait comment vous accompagner et quels sont les mots et les histoires de vie qui vont vous aider."
Pierre Rouhaud - président de la société stimulactiv-
Conserver du lien et transmettre
Autre innovation qui a piqué notre curiosité, l'application "Journal de famille". Un projet financé à 100% par la région Grand Est à hauteur d'environ 100.000 euros par Gaël Bonnin, professeur-chercheur à Néoma Business School. L'enjeu : partager sa mémoire, ses anciennes expérience avec sa famille, ses enfants, ses petits-enfants."Il y aura un bouton pour entrer ses souvenirs en audio, en vidéo ou en photo. A chacun des souvenirs sera rattaché un mot clé pour retrouver et stocker ces souvenirs dans le temps", explique le chercheur.
Travail de mémoire
Comment étaient les voitures à ton époque? Comment était ta maîtresse? C'était comment mai 68? Autant de questions auxquelles les grands-parents pourront répondre et transmettre à leur famille en temps réel via une messagerie instantanée."Une intelligence artificielle générera également des questions en fonction de ce qui aura été donné pour rattacher des souvenirs à des évènements historiques".
-Gaël Bonnin, professeur chercheur
"Le récit de vie est une source de bien-être. Il permet de rester en contact avec ses souvenirs et de revivre des émotions que l'on a pu vivre dans le passé", poursuit le professeur. Le projet devrait être testé auprès d'utilisateurs d'ici septembre 2019. Une façon aussi de ne pas tomber dans l'oubli. Tout en travaillant sa mémoire.
Un sport ludique
Pour le pratiquer, c'est très simple. Un vidéoprojecteur et un large mur suffisent.Le vidéoprojecteur projette des jeux qui font sans vous en rendre compte bouger votre corps et travailler vos réflexes et votre mémoire. Il se joue seul ou à plusieurs. Une sorte de wii à taille humaine dont vous êtes les acteurs réels. Innovproject, le nom de la start up marnaise qui a développé ce concept québecois propose ainsi de faire travailler aux seniors la mémoire, la motricité, l'estime de soi et la cohésion. Un seul mot d'ordre: il n'y a pas d'âge pour progresser.
Les muscles et les méninges
Cette activité qui fait autant fonctionner les méninges que les muscles est ouverte à tous les publics puisqu'elle est adaptée aux personnes qui souffrent d'un handicap. Elle est déjà pratiquée et proposée dans la Marne, dans la maison de quartier Maison Blanche à Reims tous les mercredis. Elle est également testée auprès des sportifs de haut niveau au CREPS de Reims.L'entreprise est basée à Witry-les-Reims dans la Marne. Elle prévoit de nouvelles fonctionnalités comme personnaliser les parcours sportifs des participants, en enregistrant leurs performances régulièrement et en leur établissant un programme ciblé en fonction de leurs marges de progression.Aux Etats-Unis et au Canada, c'est un outil prôné par les équivalents de l'éducation nationale et par les autorités de santé.
-Alban Martin, fondateur d'Innovteam, gérant de Innovproject