Un militant CGT de Reims a été entendu par la police fin février 2023 à propos d'une manifestation de décembre 2021. Le syndicat s'interroge sur le timing de cette convocation, alors que la mobilisation contre la réforme des retraites occupe la rue.
La CGT dénonce des "intimidations" après qu'un membre de l'union locale de Reims a été convoqué par la police. Thomas Rose, membre du secrétariat de la direction de l'UL CGT Reims, a été entendu le 20 février dernier pour des faits qui remontent à plus d'un an.
Il lui est reproché une "entrave à la circulation" et une "manifestation non déclarée" pour un rassemblement qui a eu lieu le 7 décembre 2021 devant la sous-préfecture de Reims. Lui assure avoir simplement soutenu les personnels du secteur médico-social, qui se mobilisaient alors pour obtenir des revalorisations salariales du Ségur de la santé.
Dans un tract distribué dans le cortège rémois ce 15 mars 2023, le syndicat s'indigne : "Nous sommes des militants du mouvement ouvrier, pas des criminels."
"C'est la première fois de ma vie que je suis convoqué", affirme Thomas Rose ce 15 mars. Son audition, qui s'est faite en présence d'un avocat, a duré plus d'une heure. Ses empreintes digitales ont été relevées et des photos d'identité judiciaire ont été faites à cette occasion.
Deux autres personnes au moins ont été convoquées dans cette affaire. Il s'agit de militants du secteur médico-social. L'une des auditions a eu lieu immédiatement après les faits, mais la seconde est toute récente, précise Thomas Rose.
La manifestation de décembre 2021, qui a rassemblé environ 300 personnes, devait rester statique au niveau de la place Royale. Mais un cortège a tout de même défilé dans le centre-ville. "Ce rassemblement est parti en manifestation spontanée. Je ne me désolidarise pas du tout de leur manifestation, parce qu'ils avaient tout à fait raison de manifester leur colère et le mépris avec lesquels on les considérait", explique Thomas Rose.
Une temporalité qui interroge
Le militant CGT s'interroge surtout sur le timing de son audition, qui s'est tenue de longs mois après la manifestation de décembre 2021 et alors que la contestation contre la réforme des retraites bat son plein dans la rue. "Je ne veux pas être prétentieux, mais je suis un militant connu. Ce n'est pas anodin."
Outre son engagement à la CGT, Thomas Rose est également membre du parti Lutte ouvrière, dont il est le porte-parole en Champagne-Ardenne. Il était notamment candidat lors des dernières élections législatives.
Ça met une pression sur les militants, sur ceux qui organisent les manifestations.
Thomas Rose, CGT
Le militant ne compte pas pour autant faire profil bas. "Je reste dans mon rôle. Je suis un militant actif de ce mouvement contre la réforme des retraites. Je ne veux pas changer. Je ne vais pas reculer", nous explique-t-il.
Le cortège qui a défilé dans les rues de Reims ce 15 mars à l'appel de l'intersyndicale a rassemblé 3 000 personnes selon la CGT, 2 000 selon la police. La plus grosse journée d'action est celle du 7 mars, où les syndicats avaient compté 12 000 manifestants et la police 7 500. "C'est le mouvement le plus important qu'on ait connu depuis 1995, dans sa durée et dans sa profondeur. On a eu parfois des grosses journées, mais autant de grosses journées sur un temps aussi long, c'est ça fait bien longtemps", détaille Thomas Rose.
Les députés et les sénateurs se sont accordés sur un texte commun en commission mixte paritaire ce mercredi. Il sera soumis jeudi 16 mars au vote à l'Assemblée et au Sénat.