Robert Hossein et le théâtre populaire de Reims, sept ans d'une vie de metteur en scène

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Robert Hossein au théâtre de Vittel en octobre 2020
Les 7 années de Robert Hossein, au Théâtre Populaire de Reims ©France Télévisions

Si, pour vous aussi, Robert Hossein reste l'ineffable Joffrey de Peyrac, c'est que vous n'avez rien compris à l'homme de théâtre qu'il était. Robert Hossein, c'est d'abord un homme de théâtre. Et sa vie de metteur en scène débute dans les années 1970 au Théâtre Populaire de Reims. "Robert Hossein, sept ans à Reims et puis s'en va", un documentaire de Francis Gillery.

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Une parenthèse enchantée, une utopie, c'est ainsi que les partenaires de théâtre décrivent la période durant laquelle Robert Hossein s'est installé à Reims. Avec armes et bagages, il s'y implante pour y fonder sa troupe, son théâtre et son école de théâtre. Sept années d'une expérience théâtrale hors norme qui ont marqué l'histoire de la ville et au-delà.

Voici trois bonnes raisons de regarder le documentaire de Francis Gillery, Robert Hossein, 7 ans à Reims et puis s'en va.

1. Parce qu'il n'y a pas que Paris

Ou plutôt parce que Robert Hossein imagine qu'il n'y a pas que Paris, où les choses peuvent se faire. Contre vents et marées, il a cette idée folle d'amener un théâtre d'envergure à Reims. Un spectateur se souvient que Robert Hossein dit un jour "Reims, c'est une très grande chance, car Reims a Paris dans sa banlieue." Le comédien est ainsi fait qu'il ne rentre pas dans les carcans que les milieux de la culture veulent imposer. Sur un plateau de télévision, Philippe Bouvard ironise : "D'habitude (...) les comédiens quittent leur province et viennent à Paris pour réussir et Robert Hossein a imaginé de faire l'inverse !" Il est pris pour un fou, et il va leur donner raison : un fou de théâtre, au point de bousculer tous les codes. 

2. Parce qu'il n'y a pas que le cinéma

Il ne se reconnaît pas dans ce milieu-là fait d'apparence et de paillettes. Il cherche à s'en éloigner, car ses valeurs sont plus profondes. Il veut aussi se défaire du rôle trop prégnant qu'il a tenu dans la série de films Angélique, marquise des anges. (Je n'ai pas pu résister au lien vidéo, désolée). Sa rencontre avec Jean Taittinger, alors maire de Reims, provoque un déclic : avec l'aide de celui-ci, il va y créer sa compagnie, son théâtre et son école pour tous les publics. Il va lui falloir d'abord convaincre des comédiens de le suivre. Jacques Weber, pourtant rétif a priori, s'engage totalement : "Oui, j'ai eu le coup de foudre pour un homme totalement déjanté, totalement utopique, totalement fou, mais totalement émotif et étonnant."

Oui, j'ai eu le coup de foudre pour un homme totalement déjanté, totalement utopique, totalement fou, mais totalement émotif et étonnant.

Jacques Weber

Derrière lui, d'autres comédiens suivront Jacques Villeret, Pascale Rivault, Jean-François Balmer, François-Régis Marchasson, André Ferréol et d'autres encore les rejoignent à chaque nouvelle saison. Il lui faut convaincre les gens de théâtre de l'accueillir dans le tout nouveau théâtre rémois et son écrin baptisé "la Comédie". Jacqueline Thomas, administratrice de la maison de la culture de Reims se souvient : "Il y avait des réticences au niveau du conseil d'administration de la maison de la culture sur le choix de la personnalité de Robert Hossein ; il était plus connu comme un homme de cinéma que comme un homme de théâtre." Les amis de Jacques Weber tentent aussi de retenir le comédien : "Tout le monde pense mon choix totalement dingue, et c'est vrai que c'était utopique, car sans expérience du théâtre, il allait s'occuper de ce qui allait être une sorte de Centre national d'art dramatique."

3. Parce qu'il y a le cinéma

Venant du cinéma, il revoit les codes du théâtre. "La musique est une autre dimension ; elle existe en elle-même ; la lumière tient aussi un rôle important ; les costumes…" Tout l'intéresse. Et son attention se porte évidemment sur les décors. Il multiplie les espaces scéniques en créant des étages, non pas qui se succèdent d'un acte à l'autre, mais qui se superposent dans la même scène. Sur les déplacements aussi, il ne craint pas le recours aux cascades, à la danse. C'est avec cette approche qui utilise les arcanes cinématographiques, très sensuelles, qu'il conquiert son public. "Du théâtre comme vous n'en verrez qu'au cinéma !", c'était son slogan, sa devise. Avec ses mises en scènes de Crime et châtiment, Roméo et Juliette, Les bas-fonds, La Maison Bernada qui révèle Isabelle Adjani et tant d'autres pièces encore, il laisse sa trace dans l'histoire du Théâtre populaire de Reims, dans le théâtre tout court. Sa vision révolutionnaire pour un art ancestral lui ouvre tout à coup de nouveaux publics. Au grand dam des élites artistiques parisiennes.

Joffrey de Peyrac est bien loin après cette parenthèse rémoise, les marnais, les champenois, les français retiendrons l'homme aux spectacles vivants, tellement vivants. L'homme, à qui un loup avait susurré de prendre tous les risques.

"Robert Hossein, 7 ans à Reims et puis s'en va", un documentaire à voir dans son intégralité ici.

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