Témoignage. Marina veut changer de nom de famille : "j’attends ça depuis plus de deux ans"

Publié le Mis à jour le Écrit par Leïla Salhi

Depuis le 1er juillet 2022, une loi simplifie les démarches pour changer de nom de famille. Mais toutes les mairies n'ont pas encore été formées pour traiter les demandes. Un coup dur pour ceux qui espèrent changer de patronyme depuis de nombreuses années.

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"Ce n’était plus possible pour moi d’attendre." Marina C. a 20 ans. "C." ou l'initiale d'un patronyme auquel elle ne veut plus être associée. Pour cette Marnaise, changer de nom de famille relève de l’urgence. “Je ne parle plus à mon père, on n'est plus en bons termes. J’ai vécu avec ma mère, c’est elle qui me soutient. Et j’attends ça depuis plus de deux ans !” 

En mars 2020, alors qu’elle venait d’avoir 18 ans, la jeune fille avait déjà formulé une demande auprès du ministère de la justice. Une démarche qui avait un coût à l’époque : 250 euros. Et au bout du compte, un refus. “On lui a dit que les problèmes qu’elle avait avec son père n’étaient pas assez graves", déplore sa mère qui souhaite garder l'anonymat. 

Alors lorsque la loi du 1er juillet entre en vigueur cet été, elle part confiante à la mairie de Tinqueux où elle réside. Car la législation permet désormais à quiconque de changer de patronyme grâce à une procédure simplifiée.

Il faut remplir un formulaire en ligne et se rendre au service d'état civil de sa commune avec une pièce d'identité, un justificatif de domicile, et un acte de naissance de moins de trois mois. La démarche n’a plus besoin d’être justifiée. 

"J'ai déposé mon dossier le 15 juillet à la mairie de Tinqueux. Normalement, on doit obtenir un rendez-vous un mois et un jour après pour confirmer notre choix. C'est ce qu'on appelle le délai de réflexion, détaille Marina. Mais moi, je n'ai rien reçu. Et quand je me suis renseignée, on m'a fait comprendre que rien n'avancerait pendant plusieurs semaines." 

C'est la douche froide pour la Marnaise. Car ce changement de nom est pour elle une démarche difficile émotionnellement mais aussi très symbolique. "Cette année, je rentre dans la vie active. Début septembre, j'ai commencé à travailler, c'est une nouvelle page qui s'ouvre pour moi. Et ce nouveau chapitre, je voulais absolument le faire avec le nom de ma mère."

Toutes les mairies ne sont pas encore formées

A la mairie de Tinqueux, plusieurs demandes comme celle de Marina ont été déposées depuis le passage de la loi du 1er juillet. Mais pour l'instant, toutes attendent d'être traitées.

"Je comprends bien évidemment l'impatience des gens qui ont souvent une histoire douloureuse derrière leur patronyme. Mais cette loi est passée au tout début de l'été et nous n'avons pas encore pu être formés pour gérer ces dossiers", explique Catherine Duval, responsable du service d'état civil. 

Comme Tinqueux, d'autres petites et moyennes communes de la Marne attendent d'être initiées à cette nouvelle procédure. "Seules les grandes mairies, comme Reims, ont reçu une formation. Mais hors de question pour moi de traiter ces demandes sans connaître tous les détails de cette loi. Par exemple : qui peut prendre la déclaration de changement de nom ? La mairie de naissance ? Celle du domicile ?", s'interroge la responsable. Des formations, dispensées par le service d'état civil de Reims, doivent être organisées courant septembre. 

Plan B

Pour Marina, ce n'était pas envisageable d'attendre plus longtemps. Alors elle a cherché toutes les options possibles. La jeune femme pense d'abord à contacter sa mairie de naissance mais il faut déposer le dossier en main propre et elle habite trop loin. 

Il me fallait absolument un plan B. Il faut bien comprendre que changer mon nom, ce n'est pas un caprice mais une nécessité.

Marina C.

Le salut viendra justement de sa nouvelle vie. "Je viens de déménager en région parisienne. Alors j'ai tenté : j'ai déposé mon dossier à la mairie de Pontoise, ma nouvelle ville. Ils ont tout de suite accepté ma demande, sans me demander quoique ce soit. J'ai eu l'impression d'être prise au sérieuse, c'était un soulagement", confie la jeune femme. 

Dans une dizaine de jours, elle validera son choix lors du rendez-vous de confirmation. Et dans quelques semaines, elle portera le nom de sa mère. La fin d'un long parcours et le début, tant attendu, d'un nouveau chapitre. 

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