Jean-Paul Isaki comparaît à partir de lundi 2 décembre 2024 devant les Assises de la Marne pour "meurtre aggravé en raison de l’orientation ou de l’identité sexuelle de la victime". Il est accusé d'avoir tué Paula Migeon, une femme transgenre, le 7 avril 2021, à Reims.
C'est un procès attendu. À partir de ce lundi 2 décembre 2024, Jean-Paul Isaki sera jugé devant les Assises de la Marne pour le meurtre de Paula Migeon, une femme transgenre.
Le 7 avril 2021, le corps de la victime, âgée de 51 ans, avait été retrouvé égorgé après l’incendie de son appartement, avenue de Laon, à Reims.
Plus d'une dizaine de plaies à l'arme blanche
Le soir du drame, les pompiers sont appelés pour éteindre l'incendie d'un appartement. À l'intérieur, les policiers du SRPJ de Reims découvrent le corps d’une personne nue, en arrêt cardio-respiratoire. Elle décédera peu de temps après sur place, alors que les flammes ont déjà détruit la salle de bain de l’appartement.
Des vêtements de femme sont retrouvés, dont certains découpés sans doute à l’aide d’une paire de ciseaux (soutien-gorge, guêpière, jupe écossaise). L’autopsie avait révélé que le corps du défunt présentait 14 plaies par arme blanche de type canif au niveau du cou et des cervicales, dont 4 étaient profondes et transfixiantes. Il s’agit de la cause du décès.
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Rapidement, un suspect est identifié : Jean-Paul Isaki. Cet homme, né en 1994 à Kinshasa (Congo), habitait à Châlons-en-Champagne au moment des faits. Il était titulaire d'une carte de séjour de 10 ans depuis 2017. Le soir des faits, son téléphone avait borné à proximité du domicile de la victime.
L’exploitation des données d’utilisation de la carte bancaire du défunt avait permis de déterminer qu’elle avait été utilisée sur l’application Uber Eats, en liaison avec son compte utilisateur et des adresses de livraison qui correspondaient à son domicile sur Chalons, à celui de ses parents en région parisienne, à Corbeil-Essonne ainsi qu’à Évry. Cette carte avait également servi à louer une chambre en Airbnb en région parisienne pour la nuit du 14 au 15 avril 2021. C'est là que les enquêteurs de la DTPJ de Reims avaient interpellé l'individu le 15 avril à 6 heures du matin.
Un faux chèque pour se défendre
Lors de sa garde à vue, le suspect avait reconnu être l’homme vu par un témoin sortant de l’appartement du défunt. Pour sa défense, il avait expliqué aux enquêteurs avoir été victime d’une escroquerie au faux chèque. Selon lui, il aurait accepté d’encaisser un chèque d’un tiers et de se répartir la somme, mais après retrait de la somme, la banque lui aurait demandé le remboursement au motif que le chèque était frauduleux.
L’auteur de l’escroquerie au faux chèque lui aurait donné rendez-vous chez la victime qu’il n’avait jamais rencontrée auparavant et avec qui il n’avait eu aucun contact. Il avait déclaré être entré de force chez la victime, avoir fouillé l'appartement pour retrouver les 500 euros qu'il était venu chercher et aurait eu une altercation physique avec Paula, habillée en femme, et l'aurait étranglée.
Des actes sexuels imposés
D'après son interrogatoire, il aurait ensuite continué sa fouille. Il avait constaté que Paula, qui se trouvait alors au sol, s'était remise à bouger. Il l'aurait alors tirée jusqu'au lit pour la violer. Pour ne pas qu'elle crie, il lui aurait mis un coussin sur la tête. Il avait expliqué aux enquêteurs "avoir imposé à la victime un acte sexuel complet avec éjaculation, précisant que 'puisque la victime attendait un rendez-vous et qu’elle voulait du sexe' il avait profité d’elle. Et constatant que la victime s’était remise debout en menaçant d’appeler la police, il a décidé de prendre une paire de ciseaux et l’a frappée à de multiples reprises, alors qu’elle était debout, puis au sol."
Jean-Paul Isaki aurait ensuite dévêtu la victime, découpé les vêtements qu'elle portait, lui aurait découpé les cheveux et traîné le corps encore vivant jusque devant la salle de bain. Pour finir son macabre crime, il aurait mis le feu à l'appartement de Paula.
L'orientation sexuelle de la victime au cœur du procès
Si le casier judiciaire de Jean-Paul Isaki est vierge, il est tout de même défavorablement connu des services de justice. En novembre 2019, il a été mis en examen au tribunal d’Évry pour tentative d’homicide, en 2017, sur une escorte girl qui était transgenre. À l'époque, il avait été placé sous contrôle judiciaire.
À partir de ce lundi, Jean-Paul Isaki sera jugé pour "meurtre aggravé en raison de l’orientation ou de l’identité sexuelle de la victime". Mais les qualifications de viol en raison de l’orientation ou de l’identité sexuelle de la victime ainsi que les délits de vol, escroquerie et incendie involontaire ont également été retenus.
"La famille attend ce procès depuis trois ans maintenant. Ils veulent que l'accusé réponde de ses actes, qu'il s'explique sur les circonstances de ce meurtre aggravé pour qu'ils puissent enfin faire le deuil", a commenté Maitre Chris Baptiste, qui représente les intérêts de Brigitte Migeon, la sœur de Paula. Jean-Paul Isaki encourt la réclusion criminelle à perpétuité.