TEMOIGNAGES. 300 élèves du Grand Est au camp d'extermination d'Auschwitz en voyage d'étude

Voir de ses propres yeux pour mieux se rendre compte de l'ampleur du drame. C'est ce qu'ont fait près de 300 lycéens du Grand Est, les 7 et 8 février 2023, au camp d'extermination d'Auschwitz. Des élèves des lycées Stéphane Hessel (Epernay) et Saint Exupéry (Saint-Dizier) nous font part de leurs ressentis.

"On ne se rend pas compte quand on est en cours, témoigne Justine Moncourtois (17 ans). C'est une fois qu'on est vraiment sur les lieux qu'on se dit: ah, c'était là", explique l'élève au lycée Stéphane Hessel à Epernay en marquant une pause. "On a marché là où ils marchaient, là où ils faisaient leurs travaux, là où ils étaient malmenés..."

Le voyage d'étude au camp d'extermination d'Auschwitz laisse un souvenir fort en émotions aux lycéens de la Marne. Face aux baraquements, Célestin Brun (17 ans) témoigne : "On a vu tout ça en cours mais le voir en vrai, ça fait bizarre, ça fait quelque chose. C'est un peu d'émotion. On connaît maintenant toute l'histoire grâce au cours et à la guide. Quand on se dit que c'est ici qu'un des plus grands génocides de l'histoire s'est produit... L'atmosphère est pesante."

"C'est marquant, c'est sûr. Avec tout ce que nous évoque la guide, on peut s'imaginer l'horreur qu'ils ont vécu," soulève Margaux Lechat (17 ans). Cela fait bizarre de se dire que des millions de personnes sont mortes ici. Toutes ces choses qui sont arrivées... on doit les garder en mémoire. C'est choquant de voir ça."

Bouleversant mais éducatif

"Je trouve que c'est intéressant de voir tous les portraits des personnes qui ont vécu ça ici, témoigne Maélys Halbin du lycée Saint-Exupéry (Saint-Dizier) devant la galerie de photographies de déportés. C'est plus concret. Cela montre que tout ce qu'on a appris, c'est quelque chose d'important."

Mathieu Pourille, leur professeur d'histoire-géographie explique qu'il y a eu tout un travail préparatoire en amont, afin qu'ils sachent à quoi s'attendre sur place. "On les a bien préparés au lieu. S'ils le voient en photo ou en vidéos dans des films, ils seront certainement moins choqués une fois sur site. On est toujours sur le fil entre l'émotion, qui peut être forte, et l'analyse."

"On ne peut pas faire ce cours sans aucune émotion, c'est impossible à mon avis. Sinon, on rate quelque chose d'essentiel pour qu'ils comprennent le drame que ça a été. Mais il faut quand même toujours garder cet esprit d'analyse. On s'appuie sur des textes et on établit une distance pour ne pas sombrer uniquement dans le pathos ou dans quelque chose qui serait simplement glauque et terrible finalement. Il faut garder ce regard d'historien."

Un souvenir mémorable et mémoriel

Il y a différentes manières d'apprendre. Le savoir empirique, en se rendant sur site, est une valeur ajoutée dans la mesure où elle marque durablement les esprits et où chacun se crée son propre souvenir de l'expérience. "Tous les élèves le disent, précise le professeur d'histoire-géographie, en venant ici, ils se rendent compte de la taille du lieu. Cela donne une dimension au crime qui n'est pas compréhensible juste en classe."

Face à l'amas de cheveux, récupérés sur le corps des cadavres par les autorités nazies, les élèves font face à l'atrocité. "J'avais déjà vu cela en reportage, raconte Justine Hernandez, mais je ne me rendais pas compte de la quantité, c'est impressionnant. Ce qu'il s'est passé, toutes les horreurs que notamment les Juifs ont subi, il ne faut pas les oublier."

En sortant du bloc de brique Auschwitz I, Adèle Augendre en classe de 1ère s'interroge. "Je me suis dit... mais comment un être humain peut faire ça ? Ce n'est pas humain !"

"L'apprentissage de l'histoire montre que tout n'était pas écrit, que ça aurait pu se passer autrement, analyse le Mathieu Pourille. Mais dans ce contexte de seconde guerre mondiale qui est une guerre d'extermination et d'anéantissement totale, ça s'est passé. Ce sont des hommes et des femmes comme eux, comme nous tous, mais pris dans un autre contexte qui ont pu faire ça. La notion de crime contre l'humanité nous touche au plus profond de nous-même car nous sommes des humains."

"C'est important de se souvenir pour ne pas commettre les mêmes erreurs, pour ne pas oublier que des personnes ont souffert", rappelle Adèle Augendre en évoquant le devoir de mémoire vu en classe.

Bien que le nombre de témoins de la Shoah s'amenuise et que la parole directe de déportés relève maintenant de l'archive, cette thématique trouve un écho dans l'actualité. Le responsable pédagogique Christophe Lalieux en a bien conscience. "On voit que le racisme, l'antisémitisme, ces discriminations ne sont pas éteintes. L'un des objectifs de ce travail éducatif est notamment de renforcer la connaissance des élèves sur la Shoah et sur l'histoire des génocides mais aussi de les faire réfléchir sur ces mécanismes, qui étaient à l'œuvre hier et qui le sont encore aujourd'hui."

(Avec Prunelle Menu).

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité