Ce lundi 20 mars, l’Assemblée nationale débat sur deux motions de censure déposées contre le gouvernement. Selon la chute ou non de celui-ci, des syndicats de la Marne adoptent des positions différentes sur les suites du mouvement de protestation.
L’Assemblée nationale doit se prononcer sur la motion de censure déposée par les députés du Rassemblement national (RN) et des députés du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (Liot), ce 20 mars.
Elle vise le gouvernement d’Elisabeth Borne, quelques jours après l’annonce du recours à l’article 49 alinéa 3 pour faire adopter la loi sur la réforme des retraites. La censure, si c’est le cas, entraîne la chute du gouvernement mais peut aussi provoquer une dissolution de l’Hémicycle.
Quelle position comptent adopter les syndicats, à l’issue du vote ? Dans la Marne, les avis des organisations militantes sont mitigés.
La mobilisation, quel que soit le résultat
Du côté de la CGT, l'issue du vote des députés ne change rien au programme prévu. "Que la motion de censure soit adoptée ou non, la CGT a prévu des actions toute la semaine. Dans toutes les localités, à Reims, à Epernay ou à Châlons, elles restent maintenues. On réclame le retrait pur et simple de cette réforme", explique Ghislain Bride, de l'union départementale CGT de la Marne.
Une dissolution de l'Assemblée ne signifie pas la victoire, à en croire le syndicaliste. "C'est une menace, on voit qu’on n’est pas en démocratie. Voyez le chantage fait aux députés : vous risquez votre siège et vos indemnités, si vous ne votez pas la loi. Et attention aussi à ne pas faire le jeu du Rassemblement national. Même chose à Reims, on n’est pas en démocratie : sur les ronds-points, la police fait des déviations pour les vider et qu’on doive partir, que ce soit ce matin encore ou vendredi dernier."
La position ressemble aussi à celle de Force Ouvrière. "La seule chose qu'on demande, c’est le retrait de cette "retraite des morts". Le reste est politique, chacun ses opinions. La motion de censure n’est pas anodine : c’est un épisode très politique où un nouveau Premier ministre peut être nommé pour continuer de mettre en œuvre cette réforme. Dans ce cas, on continue. On ne s’en prend pas aux personnes, mais au projet", clame Sylvie Szeferowicz.
La secrétaire générale de l'union départementale FO de la Marne ajoute au contraire que ce n'est que le début de la mobilisation : "Tant que le projet est encore là, on continue. Si la motion de censure passe et qu’elle entraîne une dissolution de l’Assemblée nationale, on laissera le temps des engagements tout en restant attentifs. On ne s’occupe pas de la dissolution, mais du retrait de ce funeste projet pour les travailleurs."
Une réserve au sein de la mobilisation
La CFDT dénote des deux syndicats précédents. Si elle entend se mobiliser contre cette réforme annoncée, elle tient à clarifier son propos. "Si la motion de censure est votée, on maintient quand même la manifestation de jeudi 23 mars, pour montrer qu’on a gagné et pour mobiliser nos troupes. Si elle ne passe pas, on attend les consignes de l’intersyndicale nationale et on continue le mouvement. En tout état de cause, pour la manifestation du 23 mars, nous soutenons l’intersyndicale. Pour les actions avant cette date, en revanche, la CFDT suit ce que fait l’intersyndicale mais on ne participe pas aux actions", pose Cyrille Marques.
Le secrétaire de l’union territoriale interprofessionnelle CFDT de la Marne justifie son propos, par la présence "de "gilets jaunes" au sein de l'intersyndicale". "Il ne faut pas qu’on se trompe de combat : nous, c’est la réforme des retraites dont on ne veut pas. Sans compter que nos directives nationales mettent en avant la mise la sécurité des militants et des automobilistes, sur les ronds-points. On appelle ni à aller sur les ronds-points avec les "gilets jaunes", ni à faire des actions vers les parlementaires. La CFDT se réserve pour des actions mardi et mercredi, dans le secteur de Reims, sans les "gilets jaunes", termine le militant.