La navigation fluviale est à l'arrêt dans plusieurs canaux de Champagne-Ardenne. Si dans la plupart des cas, la sécheresse est en cause, ce n'est pas le cas partout.
Il est impossible de poursuivre la navigation dans plusieurs secteurs des canaux qui serpentent en Champagne-Ardenne. Voies Navigables de France (VNF), qui gère environ 80 % du réseau français, doit bien sûr faire face à une importante sécheresse, mais d'autres difficultés ont aussi des conséquences.
Canal de l'Aisne à la Marne
Aucune navigation n'est possible depuis le 26 juillet entre l'écluse n°1 de Berry-au-Bac et l'écluse n°24 de Condé-sur-Marne sur le canal de l'Aisne à la Marne. La situation est causée par la "rupture de la rigole d'alimentation du canal", comme le précise VNF dans son dernier point sur la situation du réseau.
VNF espère que la navigation pourra reprendre le 13 août sur ce canal qui traverse notamment Reims, après avoir réparé le secteur endommagé et remis en eaux la portion touchée par l'avarie technique. En attendant, certains bateaux de commerce et des plaisanciers se retrouvent bloqués dans leur progression.
Cette difficulté n'a donc pas de lien avec la sécheresse. VNF suspecte que ce sont des animaux qui ont cassé la rigole. De nombreux terriers ont été repérés à cet endroit.
Canal des Ardennes
L'insuffisance de la ressource en eau empêche toute circulation entre l'écluse n°5 à Saint-Aignan et l'écluse n°26 de Semuy depuis le 27 juillet 2022. Le secteur est placé en "alerte renforcée" sécheresse par la préfecture des Ardennes en raison du manque d'eau. Ce niveau de restriction prévoit notamment une "réduction des prélèvements effectués pour l'alimentation des canaux", comme le précise la préfecture dans son arrêté.
Canal entre Champagne et Bourgogne
Plusieurs secteurs sont fermés à la navigation sur le canal entre Champagne et Bourgogne depuis le 28 juillet en raison là aussi du manque d'eau. Ils sont situés entre l'écluse n°70 de Frignicourt et l'écluse n°58 de Saint- Dizier), entre l'écluse n°57 de Marnaval et l'écluse n°25 de Reclancourt puis entre l'écluse n°24 de Val des Choux et l'écluse n°43 du Chemin de Fer à Maxilly-sur-Saône, en Côte-d'Or.
"Le canal entre Champagne et Bourgogne est alimenté par deux rivières, le Rognon et la Marne. Or, ces cours d’eau sont au plus bas à cause de la chaleur et du manque de pluie", nous expliquait fin juillet Gérard Carbillet, adjoint au responsable de l'unité territoriale d'itinéraire du canal.
"Les restrictions sont de plus en plus fréquentes", ajoutait-il. "On a déjà fermé le canal en 2019 et en 2020. Puis à nouveau cette année en 2022. Malheureusement, c’est quelque chose qui risque de devenir récurent."
Britta Kjelde et Jens Barslund, deux plaisanciers danois, vont devoir rester plus longtemps que prévu au port fluvial de Vitry-le-François. Ils voulaient rejoindre Marseille à bord de leur bateau mais sont bloqués dans leur avancée par la sécheresse.
"Le seul accès pour rejoindre de Marseille c’est de faire demi-tour vers Paris pour pouvoir descendre. Mais il n’y a pas assez d’eau. Notre bateau fait 1,60 de profondeur et il n’y a que 1,20", détaille Britta. Les deux retraités patientent en faisant du tourisme. "On visite des choses ici et on attend la pluie mais je ne pense pas qu’il y en aura assez pour aller jusqu’à Marseille", complète Jens. VNF ne communique pas pour l'instant de date précise de réouverture du canal.
Le mois de juillet le plus sec depuis 1958
Au niveau national, 579 kilomètres de canaux sont fermés, selon un pointage de VNF datant de mardi 2 août. "En ces périodes de sécheresse, il est de plus en plus difficile de concilier tous les usages", navigation, irrigation, alimentation en eau potable et loisirs, constate VNF. Sur certains canaux, les embarcations doivent se regrouper aux écluses pour les franchir ensemble et économiser de l'eau.
Voies navigables de France gère 6 700 km de voies d'eau -sur les 8 500 km de canaux et cours d'eau navigables de France-, dont 2 400 km à grand gabarit surtout dédiés au fret et 4 300 km de réseau touristique à petit gabarit.
Cette situation survient alors que le France est confrontée à une sécheresse exceptionnelle couplée à une répétition d'épisodes caniculaires. Avec un déficit d'environ 84 % par rapport aux normales, juillet 2022 a été le second mois le plus sec jamais enregistré depuis le début des mesures en août 1958.