La Covid-19 n’a pas d'effet sur la santé de l’apprentissage, l’alternance a toujours le vent en poupe. Saint-Gobain offre 2.000 postes en septembre 2021 dont 150 dans le Grand Est. Rencontre avec Justine Gille, alternante et Sébastien Rivage, DRH de l'usine de Pont-à-Mousson.
Pour renforcer ses équipes, la société Saint-Gobain, passe également par la voie de l'apprentissage et de l'alternance. Elle offre ainsi plusieurs centaines de postes en cette année 2021, malgré la pandémie. 150 d'entre-eux seront à pourvoir dès septembre, en Lorraine.
Avec un père et un frère ingénieurs, autant dire que Justine Gille est tombée toute petite dans la marmite de l’industrie. Elle l’affirme d’emblée : "je n’avais pas de mauvais a priori sur ce monde". Le déclencheur de sa vocation ? Son stage de 3e dans le secteur de la pétrochimie. Après un bac S, un DUT "génie chimique-génie des procédés", elle poursuit avec une licence professionnelle "automatisme et instrumentation". Mais la jeune femme a soif de pratique.
Elle choisit la filière de l’apprentissage en intégrant le CESI de Nancy.
Cette école d’ingénieur offre des formations en alternance axées sur l’expérience en entreprise."J’ai choisi cette voie car j’assimile plus facilement en situation réelle". A 24 ans, elle poursuit sa formation d’ingénieure au sein du service "production et process" de l’usine Saint-Gobain Pont-à-Mousson. Au téléphone, la voix est jeune, mais le ton est posé et le propos cadré souligne une motivation et un engagement sans faille. Outre l’acquisition de compétences techniques, elle reconnaît les autres bienfaits de l’apprentissage, elle qui était plutôt réservée . "Cela m’a fait grandir, m’a appris à m’affirmer et à gagner en autonomie."
Sébastien Rivage acquiesce à ses propos. Le directeur des ressources humaines de Saint-Gobain Pont-à-Mousson souligne l’importance de la voie de l’apprentissage.
Postes à pourvoir, femmes recherchées
Le groupe a d’ailleurs créé son propre centre de formation.
"Nous faisons face à une pénurie dans les métiers techniques, de la maintenance mais aussi de la vente et de la recherche et développement". Pouvoir compter sur un réservoir de salariés hautement qualifiés est un enjeu prioritaire pour le site mussipontain : "avec des départs à la retraite importants dans les 5 ans à venir, le maintien des compétences est primordial pour l’entreprise." 150 postes d’apprentis sont proposés pour la rentrée en septembre 2021 dans les sept sites du Grand Est et 2.000 à l’échelle nationale.
Sébastien Rivage insiste sur la volonté de Saint-Gobain d’ouvrir ces postes aux femmes, encore trop peu présentes dans le monde de l’industrie. Le Drh le reconnait: "le secteur souffre encore d’un déficit d’image auprès des jeunes. Il souffre auprès du grand public d’une méconnaissance des métiers et des usines, qui ne sont plus ce qu’ils étaient voilà encore 20 ou 30 ans. " Aujourd’hui, l’industrie a largement intégré le digital, la robotique, la numérisation et réclame des niveaux de qualifications exigeants.
"Et c’est un secteur où il est encore possible d’entrer comme opérateur-opératrice et de terminer sa carrière à un poste de direction", renchérit Hervé Bauduin. Le président de l’UIMM de Lorraine place la formation au cœur de son programme, car la question des compétences est un enjeu stratégique pour l’industrie.
Un défi bien compris par les entreprises lorraines, pressées par l'urgence de recruter. La pandémie n’a pas ralenti leur dynamique d’intégration.
Hervé Bauduin constate avec plaisir que l’offre de postes d’apprentis a augmenté de 25% en 2021.
Si l’image de l’industrie s’est améliorée, il sait qu’il faudra encore beaucoup travailler pour combattre le déficit d’attractivité du secteur. Sur ce point, la communication est la mère de toutes les batailles et Hervé Bauduin rejoint Sébastien Rivage : "Il faut briser les préjugés". L’UIMM lancera, en septembre 2021 une campagne d’information à destination des jeunes en s’appuyant leurs outils familiers : les réseaux sociaux.