Ce lundi 13 février 2023, le Comité national contre le tabagisme appelle les pouvoirs publics à interdire les arômes dans les cigarettes électroniques. Dans un soucis de transparence, les buralistes demandent que tous "les produits sensibles reviennent" dans leurs réseaux.
Barbe à papa, fraise Tagada ou chocolat… Les arômes des cigarettes électroniques sont aussi variés que nombreux. Et ils séduisent. Mais bientôt, ils pourraient disparaître.
Selon une étude du Comité national contre le tabagisme, publié ce lundi 13 février 2023, ces arômes inciteraient le jeune public au vapotage et minimiserait le côté addictif et nocif de la cigarette électronique. Entre 2020 et 2022, les experts ont scruté l’évolution du marché de la cigarette électronique en France. Un marché en plein boom avec des dizaines de nouveaux produits qui ciblent selon la commission, le jeune public. Parmi les recommandations des experts : "l’interdiction immédiate des arômes autre que celui du tabac, un meilleur encadrement de la vente et une révision approfondie de la réglementation des nouveaux produits de la nicotine."
"Dans plus de deux cas sur trois", les buralistes "ne respectent pas l'interdiction de vente aux mineurs" des Puff, cigarettes électroniques jetables aromatisées qui rencontrent un fort succès auprès des jeunes. Les buralistes "sont très très concernés par les violations concernant l'interdiction de la publicité", a expliqué ce lundi sur Franceinfo Emmanuelle Béguinot, directrice du CNCT, la plus ancienne association de prévention du tabagisme en France.
Parmi les adeptes de la cigarette électronique, une minorité achète le goût tabac. 90 % des clients se tournent vers les arômes comme Mourad qui vapote depuis neuf ans. "Je n’achète jamais le goût tabac. Si jamais la vente des arômes s’arrête, je pense que j’arrêterai de vapoter ou si je n’y arrive pas, je repasserai à la cigarette classique. Pour moi, il n’y a pas d’intérêt d’acheter le goût tabac, car ce n’est pas bon, c’est un goût amer."
À Nancy, les enseignes de vente de cigarettes électroniques se multiplient. Rien que dans le centre-ville, on en compte une dizaine en plus des bureaux de tabac. "La plupart des clients chez nous sont des anciens fumeurs mais c’est vrai que chez les jeunes, on vapote car c’est cool, c’est amusant, les amis font pareil et donc on se lance", nous confie un vendeur, qui préfère garder l'anonymat.
C’est un faux problème d’enlever le goût car aujourd’hui, la vente de ces produits est mal encadrée
Hervé Garnier, président de la fédération des buralistes de Meurthe-et-Moselle
En Lorraine, les buralistes subissaient depuis des années la concurrence des prix moins élevés du tabac au Luxembourg. "Avec la vente de cigarettes électroniques, un grand nombre de tabac presse ont été sauvé", nous explique Hervé Garnier, président de la fédération des buralistes de Meurthe-et-Moselle. "Pour moi, c’est un faux problème d’enlever le goût car aujourd’hui, la vente de ces produits est mal encadrée. Vous pouvez acheter une cigarette électronique jetable, un Puff, ou des sachets de nicotine en libre-service et même parfois à la caisse d’un magasin de bricolage. Il n’y a aucun contrôle, les jeunes peuvent s’approvisionner n’importe comment, n’importe où. Nous demandons que tous les produits sensibles reviennent dans les réseaux des buralistes. En ce qui concerne le fait d’enlever les arômes, ça sera certes une grosse perte de chiffre d’affaires pour nous. De toute façon, les gens iront s’approvisionner sur internet, c’est déjà le cas pour 45 % des ventes aujourd’hui."