Témoignages. 1ᵉʳ mai : "C'est un dimanche dans la semaine" récits d'un jour pas comme les autres dans le monde du travail

Publié le Mis à jour le Écrit par Hélène Geoffroy

Agriculteurs, fleuristes, ou personnels de santé, ils sont nombreux à œuvrer pendant la fête du travail, un jour pourtant férié et obligatoirement chômé. Pourquoi ?

Ils sont nombreux à se lever tôt ce mercredi 1er mai 2024. Nourrir les vaches, soigner des patients ou simplement faire vivre les boutiques, ces travailleurs ne peuvent pas se permettre de manquer le coche et se retrouvent souvent seuls.

Les agriculteurs toujours au travail

Julien Marin, arboriculteur à Lagney s'est organisé pour cette journée particulière : “Je vais travailler le matin. Je ne peux pas laisser tout en plan la journée donc je vais essayer de tout faire le matin afin de passer l’après-midi avec mes filles”. Aidé habituellement par six salariés, dont trois à temps plein, l'agriculteur le sait, ce mercredi, il devra travailler seul. “Nous sommes au mois de mai, c’est un moment charnière dans notre métier. À la limite si cette fête avait été au mois de mars, cela aurait été différent, mais le mois de mai, pour nous, c’est le coup de feu donc forcément, il faut y aller”, explique l’arboriculteur. “Même si c’est un jour relativement calme pour moi, je vais me lever à 5 heures du matin, mon horaire habituel, pour faire les tâches essentielles. On ne peut pas laisser les cultures sans irrigation ni surveillance” poursuit-il. 

Même son de cloche pour Thomas Guinot, l’un des associés de la ferme de la Petite Seille. “On ne fait pas travailler les salariés mais tous les associés vont le faire. Donc on va terminer tout ce qui est transformation comme la fabrication du lait en bouteille, du fromage blanc et des fromages fais. On va même faire un peu de livraisons, une l'après-midi et une distribution le soir”, raconte-t-il. Côté animaux, pas question d’attendre non plus : “Mon associé Etienne s’occupe des vaches. Évidemment il faudra les nourrir et elles iront dans les champs. Tous les jours fériés sont comme ça. Nous n’avons pas de pause, moi je travaille depuis 2007 et j’ai toujours travaillé pendant les jours fériés”, dit-il avant d’ajouter : “Le fromage n’attend pas, le lait il faut le transformer et les vaches, c’est pareil on ne peut pas se dire qu’on n’y va pas”. Seul petit extra, les trois associés commenceront “peut-être” à huit heures du matin au lieu de six.

Le jour des fleuristes

D’autres travailleurs sont aussi sur le pied de guerre. C’est le cas des fleuristes, ravis : “C’est l’une des fêtes qu’il ne faut pas manquer dans notre métier, ça fait même partie du métier ! ”, indique Héléa Miel, apprentie chez Fleurs et Tendances. “C’est principalement du plaisir. On voit du monde, on papote avec les clients. En plus on va faire pas mal de bouquets avec les brins de muguet qu’on va décliner sous forme de composition. C’est ce qui est chouette avec ce métier, on se fait plaisir et on fait plaisir aux autres”, s'enthousiasme la jeune femme de 23 ans.

Des propos que Pascale Géhin, l'une des gérantes de la boutique La Ros’oir, ne risque pas de contredire. “Nous sommes toujours ouvert le 1er mai. Nous travaillons même le dimanche de 9 heures à 17 heures donc finalement c’est un dimanche dans la semaine”. Et après cinq ans d’expérience, celle qui travaille avec sa fille le sait : “Les gens sont agréables pendant les jours fériés. Ils sont de bonne humeur parce qu'ils ne travaillent pas donc c’est bien. Souvent ils ont même pitié de nous voir travailler alors que nous, ça nous fait plaisir d’être là pour eux”. Commerçante dans l’âme, la fleuriste le répète : “Le fait de travailler pendant certains jours fériés, ça fait partie du métier. On forme un binôme avec ma fille, donc c’est le reste de la famille qui doit s’adapter à nous”. Le ton est donné, ce mercredi, Héléa et Pascale se tiennent prêtes à accueillir leurs clients.

Ce n’est pas parce que c’est la fête du travail que c’est la fête des urgences

Loïc Libot

“Dans l’urgence et dans l’urgence relative, il n’y a pas de jour chômé. On ne les choisit pas. Ce n’est pas parce que c’est la fête du travail que c’est la fête des urgences”, souligne Loïc Libot, médecin coordinateur des Centres médicaux de Soins immédiats (CMSI) Lorraine. Des jours fériés ? Pour les soignants, la question ne se pose pas. “À partir du moment où on aime l'urgence et qu’on souhaite travailler dans ce genre de structures, c’est que l'on sait que l'on va travailler les week-ends et les jours fériés”, estime Sandra Marques Fernandes, infirmière au sein du CMSI 54.

La soignante puise ses ressources dans la reconnaissance de ses patients : “On sait parfaitement qu’il faut se rendre disponible. Le meilleur retour, c’est celui des patients, ils nous remercient la plupart du temps. De toute façon, la médecine ne s’arrête pas les jours fériés. Je pense surtout aux enfants, car pendant ces jours, on fait beaucoup de pédiatrie. Étant moi-même maman je me dis qu’avoir ce genre d’endroit pour que mon enfant soit vu le jour même, sans encombrer les urgences, c’est super. Notre structure est une vraie alternative entre le médecin traitant et les urgences”, concède-t-elle.

Infirmiers, médecins, agriculteurs ou fleuristes, autant d’exemples de travailleurs pour qui le 1er mai n'est pas synonyme de jour férié.

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