Censure du gouvernement : douze députés lorrains ont voté la motion pour faire tomber Michel Barnier, "le pouvoir est à l'Assemblée"

331 députés ont voté la motion de censure du gouvernement Barnier mercredi 4 décembre 2024. Parmi eux, douze députés lorrains ont souhaité changer de cap. Les socialistes et les centristes cherchent déjà des compromis, le RN reste en embuscade.

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Les députés de gauche et du RN avaient prévenu, sans surprise, ils voteraient la motion de censure du gouvernement. C'est le cas pour Estelle Mercier, députée socialiste de Meurthe-et-Moselle, joint ce jeudi matin par téléphone, qui avait annoncé la couleur sur les réseaux sociaux.

Il faut arrêter de faire la danse du ventre au RN pour mener des textes.

Estelle Mercier, députée socialiste de Meurthe-et-Moselle

"Cette censure, c'est un espoir pour les Français. On a bien vu que le gouvernement Barnier ça ne marchait pas. Il faut désormais sortir de ce régime d'hyperprésidence qu'Emmanuel Macron a fait perdurer, en nommant un premier ministre LR, qui ne représentait pas le résultat des urnes".

Pour la députée nancéienne, il faut trouver désormais des accords de non-censure entre groupes politiques pour avancer. 

Vers une union républicaine ?

Pour Estelle Mercier, il est possible qu'une partie de la gauche travaille avec le centre. 

"Il faut arrêter de faire la danse du ventre au RN pour mener des textes. Il faut un électrochoc au centre. Ce que fait Gabriel Attal est incompréhensible. Il n'y aura pas d'accords de partis mais il peut y avoir des compromis sur des textes oui. Par exemple sur la lutte contre les déserts médicaux. On discute beaucoup entre nous, en dehors des postures des uns et des autres. À la commission des finances, on vote avec le Modem, Horizons et certains macronistes".

L'union républicaine, c'est aussi ce qu'appelle de ses vœux Dominique Potier, le député socialiste de Meurthe-et-Moselle qui n'avait pas voulu intégrer le NFP.

De son côté, le député Renaissance de Moselle, Ludovic Mendès, dénonce "l'alliance de la carpe et du lapin" entre le NFP et le RN pour cette motion de censure. Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux, il dénonce "une attaque irresponsable contre la stabilité de la France".

Je parle beaucoup avec Dominique Potier, je parle aussi avec François Hollande, on peut trouver des compromis, à nous d'être intelligents

Ludovic Mendès, député Renaissance de Moselle

Joint par téléphone, il dénonce une guerre d'ego qui aurait pu être évitée : "les personnes qui ne voulaient pas entendre parler de nous semblent vouloir ouvrir leurs portes. Je parle des socialistes. Si le dialogue avait eu lieu plus tôt, on aurait pu éviter tout ça, c'est grave de voter une motion de censure, c'est pour ça que je ne l'ai pas fait. Quand j'avais quelque chose à dire à Michel Barnier et Bruno Retailleau, je le faisais, j'ai toujours cherché à dialoguer. En ce moment, je parle beaucoup avec Dominique Potier, je parle aussi avec François Hollande, avec des écologistes, on peut trouver des compromis, à nous d'être intelligents".

L'autre député de Moselle de l'ex-majorité présidentielle, Belkhir Belhaddad, dénonce "un coup d'arrêt du budget 2025 qui aura des conséquences graves pour le quotidien des Français et pour les agriculteurs en attente de mesures d'accompagnement". Il en appelle à toutes les forces républicaines pour bâtir des compromis, excluant LFI et le RN.

Construire et avancer, c'est ce que revendique également Stéphane Viry, ex-député LR des Vosges passé sous la bannière LIOT après l'annonce de l'ex-président des LR Eric Ciotti de faire alliance avec le RN.

Il faut travailler ensemble, les Français sont de plus en plus antisystèmes on a plus le choix, sinon on va avoir le Capitol

Stéphane Viry, député LIOT des Vosges

"Je prône depuis juin le travail transpartisan, j'étais jusqu'à présent assez isolé mais la composition politique de l'Assemblée nationale nous oblige à trouver un accord de coalition. Je discute beaucoup et c'est vrai que certains contacts ont été réactivés depuis la fin de la semaine dernière, quand on a su que les ambitions personnelles des extrêmes allaient faire tomber le gouvernement. Il faut un électrochoc, il faut travailler ensemble, les Français sont de plus en plus antisystèmes, on a plus le choix, sinon on va avoir le Capitole, on a une grande responsabilité". Là encore, le nom de Dominique Potier est cité, mais il en faudrait d'autres, insiste l'élu vosgien.

Comme bien d'autres députés, Stéphane Viry n'attend rien du chef de l'État : "Emmanuel Macron est complètement démonétisé, et il n'est plus dans le champ du réel, après, demander sa démission, c'est irresponsable". Parmi les noms qui circulent pour le futur Premier ministre, on peut entendre celui de François Baroin, Sébastien Lecornu, ou encore celui de François Bayrou. "On prend, on ne peut plus se permettre d'être difficile, il faut avancer" conclut le député de la 1ʳᵉ circonscription des Vosges.

Colère et amertume

Du côté de ceux qui ont œuvré aux côtés de Michel Barnier, la pilule est dure à avaler.

On a fait l'effort de l'ouverture pour redresser le pays et au bout de deux mois on nous censure

Fabien Di Filippo, député LR de Moselle

C'est le cas de Fabien Di Filippo, député LR de Moselle : "On a fait l'effort de l'ouverture pour redresser le pays après la décision égotique de Macron de dissoudre l'assemblée et au bout de deux mois, on nous censure !" se désole l'élu, "on était prêts à faire des concessions mais désormais, on va mettre des lignes rouges. Pour l'instant, c'est un sentiment de colère qui domine, j'attends de voir ce qu'il va se passer maintenant mais on prendra les Français à témoin".

Un Premier ministre prévenu

Pour Gaëtan Dussaussaye, député RN des Vosges, pas de triomphalisme après la chute du gouvernement Barnier. Marine Le Pen a annoncé vouloir laisser travailler le futur Premier ministre mais jusqu'à quand ?

Nous attendons de pouvoir retravailler sur un budget qui respecte nos électeurs, le prochain Premier ministre est prévenu

Gaëtan Dussausaye, député RN des Vosges

"Nous l'avons dit, nous censurerons tout gouvernement NFP. Avec cette censure, nous avons pris nos responsabilités pour protéger les Français et nous avons rejeté un budget qui était mauvais pour le pouvoir d'achat des Français. Sur les 57 mesures que nous avons proposées, nous en avions ciblé dix qui pouvaient faire consensus mais le gouvernement ne nous a pas écoutés. Nous attendons de pouvoir retravailler sur un budget qui respecte nos électeurs, le prochain Premier ministre est prévenu".

Comme beaucoup de Français, tous les députés attendent désormais de savoir quel Premier ministre va nommer Emmanuel Macron et surtout vers quels groupes politiques il pourra se tourner pour gouverner. Dans ce contexte, le président de la République a décidé de s'adresser aux Français ce jeudi 5 décembre 2024 à 20h, depuis l'Élysée.

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