Yasin Celik est un passionné de football. Sourd de naissance, il n’en n’est pas moins très expressif. Ce qui n’a pas échappé au cadreur qui filmait la tribune des supporters français lors de la demi-finale de la Coupe du Monde au Quatar, ce mercredi 14 décembre 2022.
Vous l’avez sans doute aperçu si vous avez regardé le match de demi-finale de la coupe du monde mercredi 14 décembre au soir à la télé. Il est filmé en gros plan à plusieurs reprises. Il croise fort ses doigts.
D’ailleurs, il voulait faire des photos et des vidéos pour immortaliser ce moment. Mais les appels de ses amis, qui venaient de le voir à la télévision ont saturé son téléphone. "C’était top, c’était incroyable", nous raconte-t-il grâce à Zakaria Belhachmi, médiateur en langue des signes. "Il y avait ce cadreur qui était en permanence devant moi. Je n’arrivais plus à regarder le match. Mon téléphone ne faisait que vibrer. C’était à la fois rigolo et étrange."
Il faut dire que le jeune homme est un habitué des grands matchs de la coupe du monde. Il avait déjà suivi les bleus en Russie. Il va à la rencontre de stars du foot depuis de nombreuses années en les contactant sur les réseaux sociaux pour faire une vidéo avec lui en tant que jeune sourd.
Cette fois, Yasin Celik est au Quatar avec son jeune frère Isak et Aminata, une amie. Tous les trois sont sourds. Ils sont passés par l’Institut des jeunes sourds de Nancy. Seul Isak, le jeune frère, habite encore à Nancy. Yasin, lui a trouvé du travail dans une région voisine.
Yasin Celik a décidé de partir pour le Quatar juste après la qualification de la France pour les demi-finales. "Je me suis dit, la France peut réitérer le même exploit et gagner deux fois de suite la coupe du monde. Alors, je n’ai pas hésité."
Puis il y a eu les tambours, c’était incroyable, tout le stade bougeait. On ressentait toutes les vibrations, la ferveur, toutes les émotions. Nous étions tous comme une grande famille à l’unisson. C’était très très émouvant
Yasin Celik avec Zakaria Belhachmi, médiateur en langue des signes
Dans les tribunes Yasin, Isak et Aminata n’entendent pas les chants. Mais ils ressentent l’ambiance. "Au début, il faisait froid à cause de la climatisation. Mais après, on était tellement serrés qu’on avait chaud. On était dans la zone réservée aux supporters français. Puis il y a eu les tambours, c’était incroyable, tout le stade bougeait. On ressentait toutes les vibrations, la ferveur, toutes les émotions. Nous étions tous comme une grande famille à l’unisson. C’était très très émouvant."
Yasin découvre aussi la ville. Il est surpris de l’ambiance qui règne partout. Il pensait trouver des restrictions. "On peut circuler librement sans problème. Je suis même étonné de voir qu’à l’hôtel, l’alcool coule à flots."
Pour la finale, Yasin Celik a hâte. Il a une place juste au-dessus du banc des remplaçants. "J’hésite à changer de place ou à garder celle-là. Même sourd, je veux soutenir l’équipe de France de toutes mes forces."
Pour lui, la France va gagner la finale. "Ce ne sera pas facile, car les supporters argentins sont très nombreux et ils seront le fameux 12e homme. Mais la France a montré qu’elle avait un sacré mental. La France va gagner et je vais pleurer de joie."
En attendant, avec son frère Isak et son amie Aminata, le trio va en profiter pour tenter d’approcher quelques vedettes et découvrir la ville et ses restaurants.