Laurent Hénart a annoncé samedi 28 septembre 2024 qu'il passait le relais à Nathalie Delattre, devenue ministre des Relations avec le Parlement, pour la présidence du Parti radical. Une reconstruction qui passe impérativement par la reconquête de la ville de Nancy.
Lorsqu'il est réélu président du Parti Radical pour les trois prochaines années, le 21 octobre 2022, Laurent Hénart, maire de Nancy de 2014 à 2020, fait un constat : le contexte international, européen et national est "d’une gravité historique". Parmi les éléments de réponse qu'il souhaite apporter à cette situation, une certitude : "les Radicaux unis doivent être acteurs de la recomposition politique et producteurs de réponses nouvelles à apporter aux Français."
Deux ans plus tard, il y a bien eu une recomposition politique au plan national, accélérée par la dissolution prononcée par Emmanuel Macron, mais sans son parti, mis sur la touche. Laurent Hénart a pourtant bien participé à ces multiples réunions pour constituer un nouveau gouvernement post-dissolution en tant que membre de la majorité présidentielle. Entendu, mais pas spécialement écouté. Il croyait dur comme fer en ses chances pour obtenir un strapontin et poussait également pour ses amis, mais encore une fois, patatras. Avec le coup de barre à droite de l'option Michel Barnier et le choix de ministres au profil "très à droite" comme Bruno Retailleau, il n'a pas réussi à faire entendre sa voix et s'est fait manger tout cru. Avec son ami Jean-Louis Borloo à Matignon, la photo aurait été radicalement différente même s'il se murmure en coulisse que Laurent Hénart est une "déception" pour ce dernier.
Un nouvel échec après ceux de sa défaite aux municipales à Nancy en 2020, aux Européennes récemment, malgré une seizième place (bien) négociée sur la liste macroniste, mais finalement insuffisante pour être élu... Que restait-il à Laurent Hénart ? Un mandat de conseiller municipal de Nancy en tant que chef de l'opposition et une présidence d'un Parti radical, affaibli plus que jamais et en proie à des difficultés (départ des militants, prêts de certains sympatisants à rembourser...). Dans son avis publié le 9 février 2024, la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) avait épinglé deux mouvements nationaux, faute de certification de ses factures : Résistons !, le parti de Jean Lassale et le Parti radical de Laurent Hénart.
Objectif Nancy
Dans ce contexte, Laurent Henart a démissionné ce samedi 28 septembre 2024 de la présidence du Parti Radical qu'il occupait depuis la démission d'un certain Jean-Louis Borloo en 2014. Il a annoncé dans un communiqué qu'il passait le relais à Nathalie Delattre, devenue ministre des Relations avec le Parlement (1), pour la présidence du Parti radical. Il écrit poliment que la sénatrice RDSE de Gironde depuis 2017, est "en situation de porter nos valeurs et de conduire notre formation. C’est pourquoi, j’ai décidé de lui passer le relais... Comme le prévoient nos statuts, mon retrait de la présidence du Parti annoncé officiellement ce jour permet à Nathalie Delattre de me remplacer à cette fonction, et surtout de nous proposer une feuille de route collective pour les mois à venir jusqu’au renouvellement des instances nationales prévu à l’automne 2025". "Je veux aujourd'hui m'investir autrement, plus librement, dans la vie publique française, au-delà de l'activité partisane", ajoute-t-il.
Aujourd'hui âgé de 55 ans, l'ancien maire de Nancy n'aspire plus qu'à un seul objectif : la reconquête de sa ville dont il s'est, semble-t-il, trop éloigné à travers ses choix et ses différentes responsabilités parisiennes. Il vient d'enclencher un reset de proximité. "Je reste engagé sur le terrain avec les radicaux de Meurthe-et-Moselle et de Lorraine. Je serai actif dans les instances nationales et les missions qui me seront confiées" dit-il. Rendez-vous en 2026 pour une revanche avec son éternel rival local, le socialiste Mathieu Klein, qui avait fait basculer Nancy à gauche en 2020.
(1) Comme André Rossinot, Ministre des relations avec le Parlement dans le gouvernement de cohabitation de Jacques CHIRAC (1986-1988)