François Braun médecin-urgentiste nommé ministre de la Santé : "pour nous soignants, sa priorité est de revoir tout le système de soins"

A l'hôpital, la colère gronde toujours et l’inquiétude règne encore. François Braun, le nouveau ministre de la Santé, saura-t-il entendre les professionnels de santé ? Infirmiers, aides-soignants, réagissent mardi 5 juillet, au lendemain de sa nomination dans le gouvernement d’Elisabeth Borne.

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La crise du Covid a accéléré une autre crise, celle des hôpitaux. Elle reste dénoncée depuis longtemps par les personnels soignants. Mais que va (pouvoir) faire le docteur François Braun, le nouveau ministre de la Santé du gouvernement Borne II.

Président de Samu-Urgences de France, il était le chef du pôle urgences au CHR de Metz-Thionville (Moselle). Il a estimé qu’il y avait “urgence pour l’hôpital et ses soignants”, lors sa nomination, lundi 4 juillet 2022.

"J’attends qu’il mette en place un vrai plan d’action pour l’hôpital. Il n’y a pas que les urgences. Il est médecin. Il sait que, si tous les organes ne sont pas alimentés, le système ne suit pas. Donc sa priorité est de revoir tout le système de soins. Il doit être à l’écoute et bienveillant", dit Mickael Briois, aide-soignant au CHR de Metz-Thionville et secrétaire CFDT de l’hôpital.

François Braun devra mettre en musique les solutions qu’il avance dans ses conclusions de la "mission flash" qui lui a été confié pour essayer de résoudre les problèmes de l'hôpital. Une mission rapide.
"Notre système de santé est à bout de souffle",
a dit le nouveau ministre.

A Nancy (Meurthe-et-Moselle), on estime qu'en tant que médecin-urgentiste, cela doit lui permettre d'être plus réaliste. "Nous sommes très contents. C'est un médecin qui connait parfaitement le système de soin et on a confiance en lui", témoigne une infirmière du service des urgences du CHRU de Nancy.

"Maintenant il y a beaucoup de réforme a mener. Avec une priorité le recrutement de personnel paramédicaux. On en manque. Il y a trop de postes vacants, trop de personnels absents. Ce qui nous met en difficulté", dit-elle.

Nous sommes très contents. C'est un médecin qui connait parfaitement le système de soin et on a confiance en lui.

Une infirmière du service des urgences du CHRU de Nancy

L'épidémie du Covid-19 continue. Le pays étant confronté à une 7e vague. Elle est là. Mais à l'hôpital les lits manquent faute de personnels. "Les contaminations sont bien présentes". Alors qu'il y a vraiment des difficultés à recruter et à garder les soignants. "Il y a un gros problème. Il ne faut pas une crise Covid pendant les vacances. De toute façon, pour nous, l'attente commence par une revalorisation salariale", explique Mickael Briois.

Economie et hôpital public

Bernard Dupont a été directeur général du CHRU de Nancy de 2013 jusqu'au 31 mai 2022.

Aujourd'hui à la retraite, il réagit, lui aussi, à la nomination du Dr Docteur Braun. "Il est à l’image d’Olivier Véran, [ministre de la Santé du gouvernement Macron, de février 2020 à mai 2022, ndlr] un médecin hospitalier. C’est un bon connaisseur du système. Il a souvent évoqué la réalité, mais il doit faire attention à ne pas voir le système de soin que par le prisme des urgences. Quoiqu’il en soit il faut réformer l’hôpital. Tout le monde le dit, mais le chantier est titanesque".

Quels moyens financiers aura-t-il ? C’est pour l’heure la vraie et unique question. Que va faire Bercy, le ministère de l’économie ? Car on a supprimé trop de lits.

Bernard Dupont, ancien directeur du CHRU de Nancy.

De Bretagne, où il se trouve actuellement, par téléphone, Bernard Dupont nous parle sincèrement. Lorsqu'il dirigeait l'hôpital de Nancy (Meurthe-et-Moselle), il a permis un retour à l’équilibre budgétaire, avec la reprise de la dette de 128 millions d’euros par l'Etat. "Je trouve François Braun courageux, même si je ne suis pas forcément d’accord avec lui. Quels moyens financiers aura-t-il ? C’est pour l’heure la vraie et unique question. Que va faire Bercy, le ministère de l’économie ? Car on a supprimé trop de lits et donc François Braun aura-t-il les moyens de stopper l’hémorragie? La diminution du nombre de lits limite l’accessibilité".

Epuisés et en colère

Régulièrement et depuis des années, les soignants, et même parfois les médecins, sont dans la rue pour défendre l’hôpital public. Ils réclament une revalorisation des rémunérations, des recrutements, plus de moyens. Jour et nuit, les soignants sont là. Pourtant ils ont toujours gardé avec eux cette désagréable sensation de ne pas être écoutés et entendus.

Alors maintenant, avec François Braun, combien de temps pourront-ils attendre ?

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