Le président de la Région Grand Est, Jean Rottner, a présenté ce mardi 15 novembre son "plan de sûreté" du lycée Jean Prouvé de Nancy qui devient, avec ses 38 caméras, un établissement pilote de référence. Quinze autres établissements de la région seront équipés de ce type de dispositif en 2023 pour une extension à tous les lycées en 2024.
Jean Rottner avait promis qu'il reviendrait au lycée Jean Prouvé de Nancy (Meurthe-et-Moselle) avec des moyens de vidéosurveillance. La scène avait eu lieu en février 2021 suite à l'intrusion d'une bande d'individus cagoulés dans le lycée professionnel avec une arme de poing chargée de balles à blanc, 2 coups de feu avaient alors été tirés. Le personnel et les élèves étaient sous le choc.
La vidéosurveillance permettra de filmer en continue pour apaiser le climat et sécuriser l'ensemble des équipes éducatives et les lycéens
Jean Rottner, président de la Région Grand Est
Le moins que l'on puisse dire, c'est que la promesse a été tenue. Pas moins de 38 caméras ont été installées dans l'établissement, un système high tech qui fait de Jean Prouvé un lycée pilote : "nous avons lancé un plan de sécurisation des lycées de 92 millions d'euros à l'échelle de la région. Ici, à Jean Prouvé, la modernisation des équipements a coûté 500.000 euros pour un dispositif anti-intrusion, prévention, risque attentat et même météo. La vidéosurveillance permettra de filmer en continue pour apaiser le climat et sécuriser l'ensemble des équipes éducatives et les lycéens" explique Jean Rottner au micro de Robin Droulez de France 3 Lorraine.
Des réactions défavorables des syndicats
On ne peut pas espérer remplacer des surveillants par des caméras
Bruno Henry, secrétaire académique SNES-FSU
Face à ce dispositif, les réactions syndicales sont plutôt défavorables. Bruno Henry, secrétaire académique du SNES-FSU souhaite rappeler que les élèves ont plus besoin d'être accueillis que surveillés : "600 postes d'agents ont été supprimés dans l'académie Nancy-Metz, et récemment ce sont des postes de veilleurs de nuit qui ont disparu. On ne peut pas espérer remplacer ces agents par des caméras. Ce dont on a besoin, c'est du personnel, des AED (des surveillants) qui assurent le filtrage". Le secrétaire académique rappelle également que la CNIL prône la limitation des caméras en milieu scolaire et pose la question de leur disposition par rapport au respect de la vie privée.
"C'est un coup médiatique, on cherche à exploiter le fait divers de l'an dernier, alors que des lycées de qualité vont fermer à l'image du lycée professionnel de Landres en Meurthe-et-Moselle. D'autres sujets sont autrement d'actualité, comme l'adaptation de ces établissements au changement climatique".
Sur la fermeture des lycées, le président de la Région a expliqué lors de sa visite à Jean Prouvé, que la perte démographique en était la principale cause, vient ensuite le "climat énergétique qui obligerait à prendre des mesures drastiques".
J'ai été surpris par son côté big brother pourtant je ne suis pas opposé à la présence des caméras
Olivier Pallez, porte-parole SNPDEN 57
Les représentants de proviseurs aussi s'étaient montrés plus que mitigés au moment de la présentation du projet sécurité des lycées par la Région Grand Est en début d'année 2022. "J'ai été surpris par son ampleur et son côté big brother avec cette volonté d'interconnexion, au delà d'une vidéoprotection simple, pourtant je ne suis pas opposé à la présence des caméras mais là c'était clairement disproportionné" nous explique Olivier Pallez ancien proviseur du lycée Loritz de Nancy désormais proviseur à Metz, toujours porte-parole du SNPDEN. "Pour le contrôle des entrées et la prévention, on a d'autres outils et on peut aussi choisir d'installer des tourniquets, il y a des solutions autres que le tout caméra".
Concernant le gigantisme supposé du projet, Jean Rottner s'explique : "nous n'avons jamais eu de politique de sécurisation et de modernisation de nos lycées avec de nouveaux outils. Aujourd'hui, on a des outils et des plateformes pour le faire".
Après Jean Prouvé, 15 lycées du Grand Est seront à leur tour équipés d'une vidéoprotection d'envergure dés 2023. L'objectif affiché par la région : doter l'ensemble des lycées d'ici 2024.