Loto du patrimoine : "unique en son genre", l’église de fer de Crusnes parmi les sites sélectionnés

L’église Saint-Barbe, à Crusnes (Meurthe-et-Moselle) fait partie des dix sites du Grand Est sélectionnés par la Mission patrimoine, pour la sauvegarde du patrimoine en péril. L'édifice en fer va pouvoir recevoir des subventions, notamment grâce au Loto du Patrimoine, afin d'être restauré.

L’église Saint-Barbe à Crusnes (Meurthe-et-Moselle) va se refaire une beauté. Ce lundi 2 septembre 2024, les partenaires de la Mission patrimoine pour la sauvegarde du patrimoine en péril, portée par Stéphane Bern, ont annoncé les lauréats qui auront la chance de recevoir le soutien financier de la septième édition de l’offre de Jeux Mission Patrimoine, proposée par la Française des Jeux et du Loto du Patrimoine.

Une bonne nouvelle pour le maire de la commune, Florent Bertelle. "En tant que municipalité, on est heureux de la nouvelle. Ça va permettre une mise aux normes et une mise en sécurité indispensable pour ouvrir au public. Il y a vraiment un côté symbolique et attractif pour cet édifice, unique en son genre", s'enthousiasme-t-il.

Un édifice unique en France

Construite entre 1938 et 1939, cette église, entièrement construite en métal et sans un seul boulon, est le résultat de la commande de la famille de Wendel, propriétaire de la société des mines de fer de Crusnes, à destination de ses ouvriers.

L’édifice en fer, dont il n'existe que trois autres dans le monde, à Istanbul, au Mexique et au Chili, n’était au départ qu’un prototype d’église préfabriqué, exportable dans le monde entier et notamment dans les colonies. Si le projet a été stoppé net par la Seconde Guerre mondiale, l’église Saint-Barbe, classée Monument Historique en 1990, a perduré mais elle a connu quelques péripéties.

Fabriquée entièrement en métal, elle est totalement envahie par la rouille dans les années 70. Elle retrouve de sa superbe dans les années 2000 après sa rénovation à la suite d’une campagne de restauration. Mais voilà, presque vingt ans plus tard, le problème ressurgit : "Elle pleure ses larmes de rouille une fois de plus", se désole Florent Bertelle qui ajoute : "Ce prototype était efficace et adaptable au climat subsaharien. Chez nous, pour notre climat tempéré, c’est plus compliqué".

L’église de fer, entièrement désacralisée, est rachetée, en 2022 par le patron du groupe immobilier Patrice Besse, spécialiste des édifices de caractère. Il annonce qu’à la suite de gros travaux estimés à un million et demi d'euros, il souhaite en faire un lieu culturel à disposition des habitants. "Les travaux ont été mal réalisés, une sous-couche de peinture n'a pas accroché donc tout doit être refait. J'ai acheté cette église pour la remettre à disposition de qui la voudra pour les événements culturels mais aussi pour les associations locales", explique-t-il.

Pour faire perdurer le monument, Patrice Besse cherche des donateurs : "Je porte l'église, je vais évidemment mettre de l'argent dedans mais je veux en faire un projet collectif et pas individuel. Donc je vais aller chercher des donateurs, je souhaite que tous les gens qui sont intéressés par le patrimoine, que toutes les bonnes volontés participent".

Une nomination qui tombe à pic

L’annonce de la nomination de l'édifice parmi les lauréats par la Mission patrimoine est un plus pour le patron. L’église de fer bénéficiera bien du soutien financier de la septième édition de l’offre de jeux "Mission Patrimoine", proposée par la FDJ. "Un bon moyen d'agrandir la notoriété du bâtiment", souligne Patrice Besse.

À partir de ce lundi 2 septembre 2024, l’organisme propose une nouvelle édition du jeu, décliné en trois versions. Vendu sous la forme de tickets à gratter à 15 euros, il permet aux joueurs de remporter jusqu’à 1,5 million d’euros. Le montant du prélèvement sur les mises revenant normalement à l’État, soit 1,83 euro par ticket acheté, sera reversé à la Fondation du patrimoine.

En outre, la FDJ lance, ce samedi 7 septembre et jusqu’au 21 septembre, le Loto du patrimoine 2024. Les 7,9,11,14,16,18 et 21 septembre, les joueurs auront donc la possibilité de participer à un tirage Loto, en faveur de la Fondation du Patrimoine, dont le jackpot s’élèvera à 2 millions d’euros au minimum. 54 centimes seront reversés par l’État à la Fondation du patrimoine pour chaque grille de 2,20 euros jouée.

Fort des espoirs soulevés par ces subventions, Patrice Besse espère faire de cette église un lieu de partage : "J'aimerais bien la mettre à disposition gratuitement des associations locales mais aussi organiser des événements internationaux et commerciaux pour garantir les fonds nécessaires pour entretenir l'édifice. Tous les bénéfices que je ferai grâce à cela seront réinvestis dans cette église pour qu'elle reste ouverte au public".

Les autres sites du Grand Est sélectionnés

Dans le Grand Est, neuf autres sites ont été sélectionnés par la Mission patrimoine :

• Tour de justice du château de Hierges (08)
• Pigeonnier du château de Foolz à Bourguignons (10)
• Briqueterie du Vertin à Saint-Imoges (51)
• Anciens hôtels particuliers à Chaumont (52)
• Maisons des vieux métiers à Azannes (55)
• Cantine des mineurs à Petite-Rosselle (57)
• Chapelles du Mont Sainte-Odile à Ottrott (67)
• Aigle de l’ancienne distillerie Fernet-Branca à Saint-Louis (68)
• Église Sainte-Libaire à Grand (88)

Près de 280 millions d'euros d'aide depuis la 1ʳᵉ édition

Depuis la première édition de la Mission Patrimoine, en 2018, près de 280 millions d’euros, dont plus de 155 millions d'euros issus du Loto du patrimoine et 88 millions d’euros de crédit dégelés, attribués par le ministère de la Culture aux projets portant sur des monuments historiques, ont permis d’aider les travaux de restauration de l’ensemble des sites retenus.

Le montant de la dotation de chaque site n'est pas encore connu, et sera annoncé en fin d’année.