Nancy : extraire les métaux lourds des sols pollués avec des plantes et les valoriser, c'est possible

Crassiers, sites industriels : plus de 100.000 ha de terres sont polluées en métaux lourd en France selon l’ADEME, dont une bonne partie en Lorraine. Des sols que l'on peut décontaminer grâce à des plantes hyper accumulatives, cultivées désormais en nombre par la start-up Econick à Chanteheux.

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C’est un grand pas en avant pour l’économie circulaire, mais aussi pour la protection de l’environnement. La start-up Econick créée par sept chercheurs à Nancy, développe son activité dans le Lunévillois.

Après avoir mis au point plusieurs méthodes de dépollution des sols contaminés par les métaux lourds, puis trouvé un procédé pour les récupérer, Econick développe son activité, en ce début juin 2020, en cultivant des plantes hyper accumulatrices en nombre à Chanteheux. Un bel outil pour toutes les propriétaires de terrains contaminés.

Comment ça marche ?

L’homme pollue par ses activités, mais heureusement, la nature est pleine de ressources ! Les  sept fondateurs de la start-up Econick l'ont bien compris et ont décidé de mettre le résultat de leurs recherches au service du plus grand nombre. En 2016, ils ont créé leur entreprise pour développer la récupération des métaux lourds dans les sols pollués, grâce à des plantes.

"Certains végétaux ont la capacité de piéger les métaux toxiques avec leurs racines, sans mourir, et de les stocker", explique Claire Hazotte, responsable technique d'Econick. C’est le cas notamment de l’Alyssum Muralé, qui capte jusqu’à 2% de son poids en nickel. Mais il existe d’autres plantes, capables d’absorber le zinc, le cobalt, le plomb, le magnésium, ou encore le cadmium, pourtant particulièrement toxiques. Difficile de connaître leurs noms, cela fait partie du secret industriel d’Econick.

Econick a prouvé, notamment en plantant les bords d'un lac en Albanie, qu’il est possible de rendre des terres souvent stériles pour des siècles, en terres fertiles. Il faut pour cela couvrir les sols et laisser les plantes hyperaccumulatrices agir entre 5 et 10 ans pour une captation optimale. C'est ce que l'on appelle l'agro-mine, ou phyto-extraction.

Réutiliser les métaux lourds des plantes

Mais les chercheurs et professeurs issus du CNRS, de l’Université de Lorraine (départements génie des procédés et sol et environnement) ne se sont pas arrêtés là. Ils ont mis au point un procédé écoresponsable chimique, afin de pouvoir récupérer sous une forme utilisable, les métaux lourds présents dans ces plantes.

Les plantes sont ainsi séchées comme du foin, puis brulés pour concentrer les métaux. Puis, après quelques opérations chimiques, les chercheurs récupèrent des biominéraux dont la concentration peut être parfois plus élevée que lors de l’extraction classique.

"On arrive à récupérer 15 à 20% de la matière sèche pour le nickel, contre 1% lors d'une extraction classique", précise Claire Hazotte. Pour autant, il est encore difficile de concurrencer les sites industriels, la quantité extraite étant trop faible, et le coût des opérations chimiques encore un peu trop élevé. Mais la technique a de l’avenir, notamment pour les sites pollués où l’excavation ou la dépollution classique des terres n’est pas rentable, et il y en a beaucoup, notamment dans le bassin entre Thionville et Longwy. De plus, dépolluer est une obligation légale.

Réutilisation des métaux sur le marché du luxe

Les métaux ainsi récupérés, grâce aux plantes, pourraient intéresser certaines industries du luxe ou de l’art, comme les cristalleries Daum par exemple. La société, qui utilise des métaux lourds pour ses créations en verre colorées, est très intéressée par ces procédés. Elle a conclu un partenariat de quatre ans avec Econick pour dépolluer son crassier à côté de l’usine de Vannes le Chatel, sur la commune d’Allain (Meurthe-et-Moselle).

Les premiers essais sont prometteurs, la récupération de nickel biosourcé a déjà permis de colorer une petite grenouille en cristal en janvier dernier. Le directeur adjoint, M. Lefebvre, le directeur adjoint, espère que l’expérience permettra de récupérer également du plomb, du Zinc et du Cadmium. "Notre souci c’est de s’inscrire dans l’économie circulaire, mais il faut aussi voir si c’est économiquement viable".

La communauté de communes de Lunéville à Baccarat, de son côté, soutient fortement le projet. Elle a permis de trouver le terrain idéal pour que la start-up y cultive à plus grande échelle, ses différentes plantes hyper accumulatrices. Elle va accompagner Econick dans son développement, pour l’octroi d’aides et dans le dédale administratif, et pour l’octroi d’aides, notamment européennes. La communauté de communes espère que cette activité sera rapidement créatrice d’emploi dans un bassin, lui aussi un peu sinistré.

 

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