Quatre étudiants ukrainiens, arrivés à Nancy il y a six mois, dans le cadre du programme Erasmus +, devaient rentrer en Ukraine la semaine prochaine. Mines Nancy et l’Université de Lorraine se mobilisent pour qu’ils puissent rester en France.
Ils sont arrivés à Nancy, il y a six mois, pour étudier à l'Université de Lorraine, deux jeunes filles et deux jeunes hommes ukrainiens, étudiants à l’Université de Kiev. Ils devaient repartir la semaine prochaine, mais la guerre déclarée par la Russie à l’Ukraine est venue bouleverser le cours des choses.
nous avons vu avec la direction des relations internationales de l'école et de l’Université pour qu’ils puissent rester
Patrick Henaff, pilote du programme Erasmus+ Université de Lorraine
"L’Ukraine est fermée de toute façon, ils n’auraient pas pu repartir", nous explique Patrick Henaff enseignant chercheur à Mines Nancy et au laboratoire LORIA. Il pilote, depuis 2015, un programme Erasmus + avec L'université nationale Taras-Chevtchenko de Kiev (en ukrainien : Київський національний університет) en Ukraine. Il ajoute : "nous avons vu avec la direction des relations internationales de l'école et de l’Université pour qu’ils puissent rester. Pour cela, il faut d'abord pouvoir prolonger avec le CROUS leur hébergement en chambre universitaire. Ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes. Il faut aussi faire une demande pour prolonger leur visa. C'est en cours auprès de la préfecture. On a des financements, ils vont être prolongés. On leur propose, pour l’instant, de rester un semestre de plus. Ils vont suivre des cours et travailler sur un projet de recherche. Ils ont tous accepté. Deux sont étudiants à Mines Nancy en informatique, une en géosciences à École nationale supérieure de géologie - E.N.S.G. et la dernière est étudiante à Longwy en énergie".
Personne n'aurait imaginé vivre cela, entendre des bombes au-dessus de sa tête dans une grande capitale comme Kiev, devoir se cacher dans le métro, faire des réserves de nourriture, fuir ou voir des gens mourir
Patrick Henaff, pilote du programme Erasmus + de l'Université de Lorraine
D’autres sont rentrés il y a peu. Patrick Henaff est resté en contact avec certains des étudiants : "Je suis en contact avec des anciens étudiants qui sont à Kiev. Comme beaucoup, ils sont effrayés par la situation. Personne n'aurait imaginé vivre cela, entendre des bombes au-dessus de sa tête dans une grande capitale comme Kiev, devoir se cacher dans le métro, faire des réserves de nourriture, fuir ou voir des gens mourir ".
J'ai peur, j'ai de la colère
Maksym, étudiant à Nancy
Maksym est doctorant au laboratoire ERPI de l'Université de Lorraine. Il a bénéficié du programme Erasmus piloté par Patrick Henaff. Il a effectué un stage au LORIA (Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications) Il a décidé de poursuivre son travail de thèse à Nancy. Comme beaucoup d’Ukrainien ces derniers jours, il tente de joindre famille et amis restés à Kiev. Il est de plus en plus difficile d’établir une communication. Le jeune homme essaie de ne pas paniquer et nous confie : "J'ai peur, j'ai de la colère. Mes parents et ma famille me manquent et j'aimerais avoir plus de contacts avec eux. C'est dans des périodes comme celle-ci qu'on réalise à quel point la famille, c'est important." Nous l'avons rencontrée jeudi 24 février. Voyez le reportage :
Des rassemblements à Nancy, à Metz, à Strasbourg
Maksym avec d'autres étudiants ukrainiens du programme Erasmus se mobilisent pour soutenir leurs compatriotes et leur pays. Plusieurs rassemblement s'organisent dans le Grand Est ce vendredi soir à Nancy, samedi à Metz ainsi qu'à Strasbourg.
Le programme Erasmus +
Il s'agit d'un programme Erasmus MIC pour "Mobilité Internationale de Crédits". "C'est Erasmus appliqué à certains partenaires en dehors de l'Union Européenne", nous explique Patrick Henaff. Depuis 2017, deux accords de coopération en commun entre les universités existent (échange d’enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants) et un programme Erasmus + de mobilité internationale de crédits a été créé en 2019 (MIC). Dans le cadre de ce dernier programme, trois étudiants de l’Université de Lorraine (ENSG) ont méme effectué, il y a quelques temps, un séjour à l'Université Nationale Taras-Chevtchenko de Kiev. Ils ont mené des recherches sur le terrain dans les Carpates ukrainiennes. Ils ont pu suivre un stage dans une entreprise de production de pétrole. Le programme Erasmus + MIC donne la possibilité d’obtenir un double diplôme français et ukrainien.
Mines Nancy se prépare à accueillir d'autres étudiants ukrainiens
Quatre autres étudiants sont arrivés il y a quelques jours à Nancy pour un semestre. Ils ne sont pas seuls, nous explique Patrick Henaff : "ils travaillent toujours sous la supervision d’un enseignant-chercheur. Ils sont soutenus ".
Mines Nancy a décidé de se mobiliser encore plus en préparant une action pour accueillir des étudiants ingénieurs ukrainiens "à la rentrée prochaine ou même avant si cela possible" nous indique son directeur Francois Rousseau.