Noël passé, la tentation est grande de rendre à la nature "le roi des forêts" en l'abandonnant dans les bois. Mauvaise idée, prévient l'Office national des forêts, mais les sapins, ce n'est pas le pire.
Que faire de son sapin naturel après Noël en ce début janvier 2024 ? La tentation est grande de rendre à la nature "le roi des forêts" en l'abandonnant dans les bois. Mauvaise idée, informe l'Office national des forêts (ONF) sur son site internet.
Première raison : il est interdit de déposer des déchets en forêt de quelque nature qu'ils soient. Les contrevenants s'exposent à une amende de 1500 euros.
Deuxième raison : même biodégradables, les sapins de Noël abandonnés sont nocifs pour l'écosystème forestier. Les aiguilles se dégradent lentement et acidifient les sols. Les amas d'aiguilles attirent aussi les sangliers qui prolifèrent.
Enfin, les particuliers n'abandonnent pas que leurs sapins de Noël dans les bois. Ils en profitent pour se débarrasser d'autres déchets végétaux, parmi lesquels souvent des plantes exotiques envahissantes comme la renouée du Japon.
Il existe des solutions pour se débarrasser de son sapin sans polluer. Il peut même avoir une seconde vie grâce au recyclage. Dans certaines villes comme Nancy (Meurthe-et-Moselle), des points de collecte sont installés jusqu'au 29 janvier 2024.
En forêt, les dépôts sauvages d'ordures, c'est toute l'année
Chantal Lemoine est responsable de l'unité territoriale forêt de Haye et Grand Couronné à l'Office national des forêts. La proximité du massif forestier avec l'agglomération de Nancy (Meurthe-et-Moselle) engendre pour elle des problèmes beaucoup plus préoccupants.
L'abandon des sapins de Noël au final apparaît comme un moindre mal face à l'incivisme ordurier qui, lui, se pratique toute l'année : " On trouve de tout : des vérandas démontées, des plaques de verre qui sont balancées, des baignoires, des douches, des lavabos, des WC des plaques d'amiante, des poubelles." Un consternant inventaire à la Prévert, la poésie en moins.
Particuliers qui rénovent leurs habitations, entreprises qui ne veulent pas payer le coût obligatoire de la prise en charge de leurs déchets, travail au noir, les coupables sont nombreux.
Le traitement de ses dépôts sauvages à un coût pour l'ONF. En 2022, le retrait de douze dépôts de tôles en amiante a coûté plus de 20 000 euros. C'est un peu le mythe de Sisyphe, sitôt enlevés, d'autres rebus font leur apparition : " il nous en reste encore autant qui sont un peu éparpillés sur les 6 000 hectares, il y en a encore peut-être maintenant pour 30 000 euros."
En France, en 2020, 80 000 tonnes de déchets ont été jetées dans la nature. Un véritable fléau auquel sont aussi confrontées les communes. L'amiante en particulier, hautement cancérogène, doit être traitée dans une installation classée pour déchets dangereux. Les entreprises doivent payer entre 350 et 1200 euros la tonne, selon la Fédération française du bâtiment. Certaines peu scrupuleuses, préfèrent tout balancer dans la nature. Cet incivisme peut coûter cher aux délinquants : jusqu'à deux ans d'emprisonnement pour un particulier et 375 000 euros pour une personne morale.