Déchetterie sauvage à Rédange : à l'heure du procès, les associations environnementales réclament la peine maximale

Après quatre ans d'instruction sur les déchetteries sauvages en Lorraine, plus particulièrement en Moselle et dans le Pays-Haut, le procès s'ouvre à Lille. Dix prévenus comparaissent à partir de ce lundi 18 décembre devant la juridiction interrégionale spécialisée. Ils sont accusés d'avoir organisé des transports et dépôts de déchets illégaux de la Belgique vers la France entre 2018 et 2021.

C'est l'heure de vérité pour les associations environnementales. Elles, qui ont découvert ces dépôts de déchets sauvages, illégaux, en marge des collectivités territoriales en Lorraine. Elles, qui voient ces déchets en partie d'origine industriels se dégrader depuis quatre ans à Rédange (Moselle).

À partir de ce lundi 18 décembre 2023 et toute cette semaine, une dizaine de prévenus comparaissent devant la juridiction interrégionale spécialisée de Lille, dont cinq membres d'une même famille. Trente-quatre organismes et collectivités territoriales attendent la peine maximale.

On veut que les auteurs de ces immondices prennent cher ! Qu'ils reçoivent une peine si lourde, que cela dissuade d'autres personnes de recommencer.

Jessica Dautruche, Collectif "J'aime ma forêt"

Jessica Dautruche, membre du collectif J'aime ma forêt, déplore que l'appât du gain motive ces décisions irresponsables pour l'homme et l'environnement. La jeune femme poursuit avec une pointe d'exaspération : "Même si de toute façon, ce n'est pas ce procès qui va enclencher le nettoyage de ces déchets". 

Si Jessica tire la sonnette d'alarme, c'est parce que plus de 250 tonnes de déchets se décomposent encore sur un terrain privé, juste à côté de Rédange, une commune à la frontière luxembourgeoise. Aujourd'hui, la commune est la seule, parmi les membres de la partie civile de ce procès, à subir encore les désagréments de ces déchets.

"On veut que le site soit nettoyé le plus rapidement possible, ça sent mauvais et ça risque de polluer l'étang, mais les entreprises belges inculpées se renvoient la balle" 

Jessica Dautruche, collectif J'aime ma forêt

Au cœur de cette affaire nauséabonde, le réseau de transport belge JostGroup. Le groupe a donné sa version de l'histoire aux associations environnementales. Il dit avoir mandaté la société Mondial Services pour traiter ces déchets : de la collecte jusqu'au traitement de ces derniers. "Ils se disent victimes de cette société, alors que Mondial Services de son côté s'en défend, car il ne est pas propriétaires de ces déchets. Il faut identifier ces auteurs et leur faire payer ce nettoyage". Cette opération s'élève à 230 000 euros. 

Avec l'association Lorraine nature environnement, Jessica Dautruche a tenté de contacter le propriétaire du terrain pour trouver une solution à cette affaire, sans succès. Il ne s'est d'ailleurs pas non plus constitué partie civile dans ce procès, selon le collectif. Une décision que regrettent fortement les associations environnementales. 

Un risque de pollution imminent des étangs et l'Alzette

Le site choisi se trouve sur l'ancienne carrière de la mine du village, juste à côté des étangs et à quelques mètres à peine des habitations. Pour l'association de pêche de Rédange, il y a un fort risque sanitaire pour l'environnement.

Il faut évacuer ces ordures le plus vite possible ! Il y a une source sous ce dépotoir et cela peut être lourd de conséquences pour la faune, la flore et même pour l'homme

Jackie Szaroleta, secrétaire de l'association de pêche de Rédange

Cette source rejoint les nappes phréatiques, se déverse dans l'Alzette et surtout, elle passe par les étangs. Quelque 200 pécheurs de l'association s'adonnent à leur passion chaque année. "Il y a un risque de mortalité de faune aquatique, c'est certain, mais il y a aussi et surtout un risque de contamination. Les pêcheurs pourraient s'intoxiquer s'ils consomment des poissons contaminés".

Les aficionados de la pêche entament d'ailleurs des démarches pour vérifier la qualité de l'eau. Ils prévoient, d'ici le mois d'avril, d'envoyer quelques échantillons d'eau à un laboratoire privé pour analyses. "C'est indispensable, cela pourrait même avoir des répercussions sur les courants d'eau luxembourgeois" ajoute-t-il. 

Ce procès va juger l'aspect criminel de l'affaire, mais l'ordonnance du nettoyage n'est pas encore à l'ordre du jour. 

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