Témoignage. Agressions de soignants à l'hôpital : “il m’a donné un coup de poing, j’ai valsé de l’autre côté du box”

Publié le Écrit par Hélène Geoffroy

Le centre hospitalier régional universitaire de Nancy a fait face à des centaines d'agressions de soignants en 2023. Il fait partie des établissements qui participent à la campagne de lutte contre les violences, lancée par le ministère de la Santé et de la Prévention depuis le 19 décembre 2023. En parallèle, le CHRU déploie d'autres mesures pour protéger son personnel.

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Chaque jour, 65 professionnels de santé sont victimes d’agressions physiques ou verbales en France, selon le ministère de la Santé et de la Prévention. Le CHRU de Nancy n’échappe pas à la règle. Sur l’année 2023, près de 500 signalements d’agressions ont été recensés selon l'établissement. Derrière ces chiffres, les soignants sont en première ligne.

Il y a huit ans, Anne Bickar, alors infirmière depuis moins d’un an aux urgences du CHRU de Nancy fait les frais de cette violence exacerbée : “Un patient m’a donné un coup de poing, j’ai valsé de l’autre côté du box”, se livre-t-elle au micro de France 3 Lorraine. Pour cette jeune femme, le constat est sans appel : “il y a de plus en plus d’agressivité”, déplore-t-elle avant d’ajouter : “Les gens sont mécontents et impatients, même si on explique les problématiques de l’hôpital en général, ils ne comprennent toujours pas pourquoi ils attendent autant de temps”.

Pourtant, elle le sait, Anne Bickar peut compter sur ses collègues : “La chance que nous avons aux urgences, c’est que nous sommes des grosses équipes, nous sommes très soudés et nous sommes quand même tous plus ou moins passés par là, que ce soit agression verbale ou agression physique. Nous nous soutenons énormément. C’est ce qui m’a aidé à reprendre”.

Plus de moyens mis en œuvre

Mais progressivement, la jeune femme constate une amélioration dans la lutte contre la violence envers les soignants : “Il y a des choses qui ont été mises en place dans le service. Notamment des travaux pour sécuriser l'accueil. On a aussi des agents de sécurité qui viennent très rapidement et des boutons d’urgence qu’on appelle lorsque l’on se sent en danger. Il y a quand même un peu plus d'aide que quand je suis arrivée”, admet-elle.

Et en matière de lutte contre les agressions, les innovations ne cessent de se multiplier. Parmi elles, l’incitation forte du CHRU de Nancy au signalement par les professionnels des situations d’agressions. Clotilde Latarche, médecin coordinateur en charge de la qualité et de la gestion des risques au CHRU de Nancy, précise au micro de France 3 Lorraine : “On a une forte politique d’incitation au signalement pour pouvoir à la fois apporter un suivi à chaque professionnel mais aussi pour faire remonter ces situations à l’observatoire national des violences en milieu de santé. Cela permet d’avoir un reflet sur la situation au niveau national et cela donne des clés au pouvoir public pour prendre des décisions, notamment le plan sécurité des soignants dont l’une des mesures est la campagne de communication de ce mois-ci”.

Une campagne de communication nationale diffusée sous quatre affiches où apparaît une pharmacienne, un médecin, une infirmière et une secrétaire médicale avec comme slogan choc : “Il faut être malade pour s’en prendre à un professionnel de santé”. Destinée au grand public, elle vise à changer le comportement des patients violents et à inciter les professionnels victimes à porter plainte.

Contre la violence, tolérance zéro

Mais cela ne fait pas tout. Au CHRU de Nancy, d’autres moyens sont mis à disposition. “On a choisi de mettre en place une cellule de veille violence qui permet de partager l’ensemble des situations qui sont remontées par les agents. La position du CHRU de Nancy, c'est de ne pas banaliser ces situations de violence, d’être dans une politique de tolérance zéro”, martèle Clotilde Latarche. Le service des urgences n’est pas le seul concerné. La médecin épidémiologiste s’étonne de l’endroit générant le plus de violences : les secteurs de gériatrie avec des patients face à des troubles cognitifs.

Pour assurer la protection directe du personnel soignant, des formations sont proposées : “Nous avons deux types de formation. D’abord, on a la formation Oméga qui est une formation à la prévention et à la gestion des situations de violence mise en œuvre depuis quasiment une dizaine d’années au CHRU. Nous avons aussi des formations de self sauvegarde”, décrit Clotilde Latarche.

Tant de solutions proposées visant à réduire le nombre d’agressions envers les professionnels de Santé. La campagne de sensibilisation lancée par le ministère de la santé et de la prévention prendra fin le 18 janvier 2024.

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