REPLAY. "Lyautey, le Marocain", le maréchal lorrain qui a laissé sa marque sur l'architecture de Casablanca

Au Maroc, le maréchal Lyautey est probablement plus célèbre qu'en France. A Casablanca, sous "protectorat français", il a laissé sa marque en imaginant une ville moderne à la pointe de l'architecture. Une association tente de sauvegarder ce patrimoine pendant qu'en Lorraine son château à Thorey-Lyautey doit lui aussi être rénové.

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C'est une histoire parallèle qu'a choisi de développer Zouhaire Chebbale dans son documentaire Lyautey, le Marocain. Alors qu'au Maroc l'association Casamémoire tente de sauvegarder le patrimoine architectural construit lors de la colonisation par le maréchal Lyautey, en Lorraine son arrière petit-neveu mène la rénovation de son exotique château via la Fondation Lyautey. Voici trois bonnes raisons de voir Lyautey, le Marocain, en replay ci-dessous. 

1. Pour distinguer patrimoine colonial et colonialisme

Alors qu'ils se démènent pour sauvegarder le patrimoine de leur ville de Casablanca (Maroc), les membres marocains de l'association Casamémoire entendent régulièrement ces questions : "Comment ça se fait qu'on veuille sauver un patrimoine colonial? Comment nous, en tant que Marocains, pouvons défendre l'indéfendable ?

Le replay à découvrir ici.

Tout simplement parce que l'objectif n'est pas là. Le patrimoine architectural est le reflet d'une époque, vécue par tous, colons et colonisés et permet d'inscrire dans le présent, une réalité passée, difficile et digne de préservation, comme toute trace ou tout témoignage d'une période de l'histoire. Celle du début du XXe siècle.

Mais devant les dégradations du temps, devant les démolitions, surtout dans les années 1970-1980, pour de nouveaux projets immobiliers, les adhérents de l'association se démènent pour faire classer ou restaurer un maximum d'immeubles, témoins de l'histoire du pays. Car pour Khadija Rabeh, cheffe de projet de l'association "à chaque démolition, c'est comme si on perdait un morceau du puzzle".

2. Pour (re)découvrir un homme visionnaire

L'une des raisons qui a permis de sauvegarder en partie le patrimoine architectural de Casablanca a trait à la personnalité du représentant militaire de la France coloniale qu'était le maréchal Hubert Lyautey (1854-1934). L'officier est nommé commissaire résident général de France en 1912, pour administrer le protectorat avec le pouvoir marocain en place.

Il veut reproduire au Maroc le "rêve américain", et après y avoir introduit l'école moderne, il souhaite engager le pays dans une dynamique industrielle et économique dynamique. Pour cela, il lui faut une ville portuaire phare : Casablanca. Il y organise l'exposition de Casablanca pour faire venir les industriels et investisseurs européens et s'engage ensuite dans un vaste projet d'urbanisme pour faire de cette nouvelle capitale, une sorte de trait d'union entre l'Europe et l'Afrique du Nord.

C'est la vision d'une homme

Mounya Boushaba, directrice de l'association Casamémoire

Il fait venir de jeunes architectes et donne à la ville blanche une structure européanisée, enrobée d'inspiration traditionnelle mauresque : une place centrale administrative, lui rappelant de très loin la place Stanislas de Nancy, sa ville natale. Mais bâtie en style néo mauresque, art déco ou art nouveau avec des ornements typiquement marocains comme les zelliges, le stuc ou le bois de cèdre. "C'est la vision d'une homme", reconnaît la directrice de l'association Casamémoire.

3. Pour sauver aussi son château en Lorraine

De part et d'autre de la Méditerranée, le temps agit sur le patrimoine. Et s'il est question de sauvegarder les immeubles art Déco de Casablanca, il est aussi question de préserver le château lorrain du maréchal à Thorey-Lyautey (Meurthe-et-Moselle). 

Alors qu'il résidait au Maroc, le maréchal Lyautey subit l'incendie de son château familial de Crévic en 1914. Il décide donc d'en faire construire un nouveau à Thorey. Selon son arrière petit-neveu Claude Jamati (président de la Fondation Lyautey) "il a créé son monde à lui; un endroit où il se sent bien pour travailler et pour vivre." Il y recrée dans un salon à l'étage supérieur une ambiance marocaine typique avec canapés, tapis, coussins et mobilier marocains.

"Il y a vraiment un parallèle entre sa vie au Maroc et son château lorrain. C'était un petit peu de Maroc ici. Il y a reçu les plus hautes personnalités du Maroc: sultans, roi...Il l'a conçu comme un lieu accueillant pour les marocains." Une façon de faire passerelle entre deux pans de sa vie.

"Ça aurait été dommage de ne pas garder cette demeure : c'est pas Versailles, c'est pas Chambord, mais c'est à taille humaine : la vraie demeure d'une vraie personne" dit Claude Jamati, "il y a de l'esprit de la personne qui l'a habitée encore aujourd'hui. Moi, je ressens la présence de l'Oncle Hubert". Une autre trace d'un passé colonial qui permet, à travers sa préservation, de témoigner des facettes complexes d'une histoire troublée et permet de laisser les questions en suspens pour les générations futures.

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