Le nucléaire est l'un des points de friction potentiel au sein du nouveau gouvernement. Comment les choses vont-elles se passer entre l'écologiste Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire et le premier Ministre Edouard Philippe, ancien d'Areva ? Le Grand Est s'interroge...
Alors que son prédécesseur Ségolène Royal avait misé sur une prolongation de vie des centrales nucléaires du Grand-Est en mars 2016, Nicolas Hulot, le nouveau ministre de l'Environnement ou plutôt de la "Transition écologique et solidaire" avait estimé que c'était "une très mauvaise idée."J'ai accepté de poursuivre mon action en rejoignant le gouvernement en tant que ministre d’Etat à la Transition écologique et solidaire. pic.twitter.com/3gr9fez2ip
— Nicolas Hulot (@N_Hulot) 17 mai 2017
Un antinucléaire tardif mais actif
Brocardé par les antinucléaires, au mieux dubitatifs sur ses chances d'actions, le ministre Nicolas Hulot souhaite à la fois "baisser la part du nucléaire de 50% dans la production électrique en France" et "développer les énergies nouvelles".Une conversion tardive pour le président de la Fondation pour la nature et l'homme qui est intervenue après la catastrophe de Fukushima (Japon).
De fait en avril 2011, il l'affirme alors qu'il participe à une manifestation demandant la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin).
Pour le nouveau ministre, le Grand Est pourrait rapidement devenir une terre de mission, notre région produisant 20% de l'électricité nucléaire en France et représentant 4400 emplois permanents. quatre centrales gérées par EDF ; Fessenheim (Alsace), Cattenom (Lorraine), Chooz et Nogent-sur-Seine en Champagne-Ardenne.Le nucléaire ne peut plus être la réponse à l'avenir énergétique de la planète.
Sans évoquer plus avant le bilan et l'âge des centrales comme celle de Cattenom en Moselle qui inquiète les Luxembourgeois et les Allemands, ou encore celles de Chooz et de Nogent sur Seine, deux points de fixation devraient retenir toute l'attention du gouvernement dans les prochains jours.
Fessenheim en ligne de mire
Si le président Emmanuel Macron n'a pas donné jusque là l'impression que l'écologie était son principal cheval de bataille, sur Fessenheim, il s'est clairement exprimé en faveur de la fermeture :Mais le président de la République estime cependant que la filière nucléaire est indispensable à la production d'électricité. Et en ce sens, il est sur la même position que son premier Ministre.La fermeture de Fessenheim doit être menée à son terme avec des compensations pour recréer de l’activité économique localement. #le79inter
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 1 février 2017
Edouard Philippe, ancien cadre du géant Areva, est un pro-nucléaire convaincu qui a notamment en tant que député, voté contre les lois sur la transition énergétique et sur la biodiversité.
Ce qui devrait (un peu) rassurer élus et syndicalistes. En particulier ceux de FO Energie et Mines et la CFE Energie qui viennent d'intenter un recours en justice contre le décret actant la fermeture de Fessenheim.
Pour Nicolas Hulot, la situation va sans doute rapidement être intenable...
Bure, le cadeau empoisonné
Que ce soit sur le site de traitement envisagé à Gudmont-Villiers (52) ou sur le projet CIGEO concernant l'enfouissement de déchets nucléaires à très longue vie et très forte activité dans le sous-sol de la Meuse et de la Haute-Marne à Bure,sous le Bois Lejuc, la question du stockage des déchets nucléaires reste plus que jamais une patate bouillante et même nucléaire au sens propre !
Les zadistes craignent une évacuation rapide après la nomination d'Edouard Philippe et la décision du tribunal de Bar-le-Duc prise en ce sens. Une intervention qui pourrait être légitimée après la nouvelle délibération que devrait prendre le conseil municipal de Mandres jeudi soir.