Témoignages. Les surveillants de prison racontent les violences au centre de détention de Montmédy

Publié le Écrit par Valentin Piovesan

Confrontés à de nombreuses agressions ces derniers jours. Les surveillants du centre de détention de Montmédy (Meuse) sont épuisés et craignent que la situation ne s’aggrave. Voitures brûlées, insultes et agressions physiques. Ils témoignent.

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Les jours se suivent et se ressemblent au centre de détention de Montmédy (Meuse). Les agressions sont devenues le quotidien des surveillants pénitentiaires. Depuis quelques mois, le niveau de violence augmente considérablement.

Dans la nuit de samedi à dimanche, un individu a mis le feu à trois voitures, stationnées sur le parking de la prison. Deux d'entre elles appartiennent à du personnel pénitentiaire, une autre à la famille d’un détenu. “Un incident de cette ampleur est rare” dénonce un surveillant rencontré sur place. 

Un niveau de violence similaire à celui de la région parisienne

Il est aux alentours de 19h, lundi soir quand Jonathan*, référent du quartier fermé, distribue avec son collègue, Boris* le repas aux détenus. Tous les deux ouvrent la porte de l’une des cellules du bâtiment A, un prisonnier leur saute dessus : “il voulait en découdre avec nous. On a dû le maîtriser par la force", se souvient l’un d'eux. Boris voit son collègue échapper à un coup au visage. Très rapidement, il se précipite sur le détenu pour le mettre au sol : “j’arrive par derrière, sauf qu’il me donne un coup et ma tête heurte le sol”.

Victime d’un traumatisme crânien, le gardien de 23 ans va être transporté aux urgences par les pompiers. Son médecin lui a prescrit un arrêt maladie jusqu’au 12 avril. Les deux surveillants vont d’ici les prochains jours déposer plainte. “C’est intolérable de vivre ça. La situation devient lassante”, résument-ils.

On peut comparer les détenus de Montmédy à ceux des prisons en région parisienne

Jonathan* surveillant de la prison depuis 3 ans

Avant de rejoindre le centre de détention à la frontière, entre la Meuse et la Belgique, Jonathan* était gardien de prison en région parisienne, son constat est saisissant : “Quand j’ai été rattaché à Montmédy, il y a 3 ans, le niveau de la violence n’était pas le même que celui de maintenant. Depuis un an, on peut clairement comparer les détenus de Montmédy à ceux de prisons en région parisienne. C’est alarmant".

En avril 2022, Sophie* et son collègue assistent à une bagarre entre détenus dans les couloirs du centre de détention. Elle va essayer de les séparer, en vain. La surveillante se prend un coup de coude et se retrouve projetée contre une cellule. “Mon collègue arrivé quelques secondes après moi va prendre un coup de poing au niveau de la joue. Ça va aller très vite, on n’a pas le temps de se rendre compte de ce qu’il vient de se passer”. Ils vont déposer plainte pour violence sur personne dépositaire de l’autorité publique.

Convoqués au tribunal en novembre dernier, les deux surveillants ont touché des indemnités. Le détenu a lui été condamné à porter un bracelet électronique, pendant un an . Depuis cet incident, Sophie* n’a pas vécu une nouvelle agression,” on est plus attentif par la suite. Quand il y a une bagarre, on prend du recul pour réfléchir à deux fois avant d’intervenir. Personnellement, je connais les risques que je prends chaque matin en venant au centre de détention de Montmédy”

*les prénoms ont été modifiés pour préserver l'anonymat des personnes.

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