Comme prévu depuis les résultats partiels annoncés au troisième trimestre, l'année 2021 restera dans l'histoire du groupe sidérurgique indien comme celle de bénéfices records. Jamais depuis l'absorption d'Arcelor en 2006, les Mittal père et fils n'avaient connu pareille réussite financière.
A l'inauguration du Digital Lab d'Uckange (Moselle) mercredi 9 février 2022, le directeur général d'ArcelorMittal France, Matthieu Jehl, affichait un large sourire. Tenu par la réserve avant la publication des résultats, il s'enthousiasmait du démarrage dans la vallée de la Fensch de son second outil dédié à la transformation digitale du groupe dans l'hexagone. Mais il avait certainement en tête "l'excellente performance" vantée par son patron ce jeudi 10 février 2022, à l'annonce des résultats historiques de son entreprise.
Avec 15 milliards d'euros de bénéfice net, le groupe indien réalise le meilleur résultat de son histoire. Il met fin à dix années en dent de scie, et sort de la crise sanitaire renforcé. La hausse du prix de l'énergie, si elle a écorné ses bénéfices au quatrième trimestre, est parfaitement contenue par le sidérurgiste, grâce à la flambée des prix de vente.
Selon nos informations, le prix moyen a dépassé les 1.100 dollars la tonne, avec une profitabilité de 500 dollars : du jamais vu ! La prouesse est remarquable, car elle accompagne la stratégie historique de Lakshmi Mittal qui a souvent consisté à limiter ses livraisons, pour maintenir ses prix. Les expéditions sont donc logiquement en baisse en 2021, 62 millions de tonne au niveau mondial, contre 69 en 2020. Vendre moins, mais plus cher : la méthode a payé un fois de plus.
Grâce à ses performances, le groupe qui emploie 167.000 personnes en 2021, réussit à réduire sa dette en dessous de 4 milliards de dollars, là aussi, c'est une première dans la saga ArcelorMittal.
Investissements
Engagé dans la course à la décarbonation, et tenu par les objectifs ambitieux de l'Union Européenne (neutralité en 2050), le groupe a confirmé récemment des investissements de plusieurs milliards d'euros dans l'hexagone, pour développer des projets de rupture technologique, en remplaçant notamment le coke par de l'hydrogène dans ses hauts fourneaux de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) et Dunkerque (Nord), et en privilégiant la construction de fours électriques.
"Mais Mittal n'est pas un philanthrope, il exige de l'Etat français des subventions conséquentes pour mener à bien ces projets de réduction des émissions de CO2. En cela il n'est pas très différents des anciens propriétaires de la sidérurgie française qui voulaient privatiser les profits et nationaliser les pertes" estime un spécialiste de l'histoire industrielle continentale.
Emploi
"La sidérurgie ne créé pas structurellement d'emplois" annonçait Francis Mer, le patron d'Usinor-Sacilor en 1991, à la fermeture de l'usine à fonte d'Uckange. Mittal n'est pas en reste, les effectifs mondiaux du groupe sont en baisse régulière : 208.000 salariés en 2018, 167.000 en 2020.
A Florange, fleuron du laminage de tôle pour l'automobile notamment, 2.000 sidérurgistes sont employés directement par ArcelorMittal, ils étaient 3.500 il y a quinze ans.