Aux Entretiens de la biodiversité, les scientifiques alertent sur la disparition des zones humides

50 % des zones humides ont disparu lors des 50 dernières années en France. Pourquoi est-ce important ? Entretien avec Damien Aumaitre, chargé de mission au Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine, présent samedi 3 juin au parc de Sainte-Croix, pour les Entretiens de la biodiversité.

Pour la seconde année consécutive, le parc animalier de Sainte-Croix, en Moselle, met la biodiversité à l’honneur avec un événement spécial : les Entretiens de la biodiversité. Pendant trois jours, du 2 au 4 juin, scientifiques, journalistes et élus se réunissent pour dresser l’état des lieux de la biodiversité dans notre région, et tenter d’apporter des solutions. Cette année, la thématique porte sur « le retour du sauvage dans le Grand Est ».

Un retour du sauvage qui passe d’abord par la préservation des espaces naturels fragiles, et notamment les zones humides. C’est ce qu’est venu défendre, samedi 3 juin, Damien Aumaitre, chargé de mission au Conservatoire d’espaces naturels de Lorraine. "On estime qu’il y a 50% des zones humides qui ont disparu dans les 50 dernières années. Donc, on est vraiment là dans les dernières zones humides restantes en France."

Les zones humides sont des écosystèmes dans lesquels l'eau est le principal facteur contrôlant l'environnement et la vie végétale et animale qui y est associée.

Cet écosystème fragile peut prendre différentes formes : "C’est tout ce qui est lié à la présence d’eau de manière permanente : les eaux souterraines, de ruissellement ou de pluie ; mais aussi tous les milieux où on a de la végétation humide : les tourbières, les marais, les petits étangs, les prairies humides, les vallées fluviales… Il y a une grande diversité."

Stockage du carbone et réduction des inondations

Des écosystèmes variés qui sont très importants pour lutter contre le réchauffement climatique, et limiter ses effets. Les zones humides absorbent en effet le dioxyde de carbone, d'où leur surnom de « reins de la Terre ». Ainsi, à elles seules, les tourbières stockent deux fois plus de carbone que toutes les forêts du monde réunies.

Les zones humides vont aussi permettre de réguler l’eau : "Elles jouent un rôle d’éponge, en stockant l’eau en hiver et la larguant en été, ce qui limite les inondations. "

Des écosystèmes très utiles pour limiter les effets de la pollution, mais que l’Homme s’est efforcé de détruire. "On a toujours voulu faire régresser ces zones, considérés comme inutiles, voire insalubres, pour les rendre productives, avec le drainage agricole, l’urbanisation. La régression des élevages fait disparaître les prairies, et donc en conséquence les prairies humides également. C’est un gros problème en Lorraine notamment."

Une réserve pour de nombreuses espèces

La disparition des zones humides a aussi pour conséquence directe une perte dramatique de biodiversité. Car bien qu'elles ne couvrent qu'environ 6 % de la surface terrestre, 40 % des espèces végétales et animales y vivent ou s’y reproduisent. "On y trouve des espèces emblématiques : les aigles pêcheurs, les grands aigles balbuzard, les pygargues, qui ne sont présents qu'au niveau des zones humides pour leur alimentation. Le butor, ou encore les hérons de roselières qui ne vivent qu’au niveau des roselières d’étangs. Le castor, et bien sûr tous les amphibiens."

Des espèces en dangers, qui peuvent trouver refuge dans tous les petits cours d’eau, même privés. "Il faut protéger les rivières et tous les points d’eau. On peut recréer des mares chez soi, l’entretenir, et faire revenir des espèces."

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