C'est une première en Moselle. Au fond d'une carrière, l’eau souterraine, autrefois pompée pour les besoins des mines, est remontée à la surface. L'ensemble forme désormais un lac et l’eau va encore monter ces prochaines années selon les experts.
Il y a encore quelques années, le sol de l'ancienne carrière de sable de Schoeneck en Moselle, à quelques centaines de mètres de la frontière allemande, était sec. Mais depuis, l'eau est peu à peu apparue dans cette cuvette d'une centaine d'hectares. À tel point que l'ensemble forme désormais un lac de 4 à 5 mètres de profondeur.
"Depuis un peu plus d'un an et demi, l'eau est arrivée au niveau du sol" confirme Nicolas Taillefer, directeur de l’unité territoriale après-mine est du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières), "on peut dire que la nature reprend ses droits. Si l'eau monte, c'est parce qu'on a cessé le pompage avec la fermeture des mines, il y a une vingtaine d'années." Ici, on extrayait le sable pour remblayer des galeries de mine. Et on allait le chercher profondément.
Pas de risque, l'endroit est une friche industrielle. On laisse faire, même si des appareils ont été installés pour surveiller cette évolution. "Ce qu'on sait, c'est que l'eau va continuer de monter à un rythme régulier. Et selon les prévisions, on s'attend à une montée des eaux d'environ 50 mètres dans les 30 ou 40 prochaines années. Le lac occupera alors une bonne partie de la carrière."
Le bassin sous surveillance
C'est le premier lac de cette envergure à s'être formé en Moselle. Les experts veillent à ce qu'aucun autre bassin de ce type ne se crée aux abords des habitations. Car le phénomène concerne également l'ancien bassin houiller et des villes comme Creutzwald ou Forbach.
Si on ne faisait rien, certaines zones habitées pourraient être impactées par l'eau souterraine
Nicolas Taillefer, directeur de l’unité territoriale après-mine Est du BRGM
"Si on ne faisait rien, certaines zones habitées pourraient être impactées par l'eau souterraine" explique Nicolas Taillefer, "l'État a donc mis en œuvre des projets de pompage pour contrôler le niveau des eaux. À Creutzwald, il y a par exemple des stations de pompages qui permettent de contrôler le niveau de la nappe. On va en installer encore plusieurs dans les années qui viennent au fur et à mesure que le phénomène s'étend. L'État s'est engagé à protéger les zones bâties pour qu'elles ne soient pas confrontées à la remontée de la nappe. On va mettre en place des forages qui vont maintenir le niveau en dessous des fondations de toutes ces zones bâties qui ont été identifiées."
Le bureau de recherches géologiques et minières prévoit d'installer 200 ouvrages dans le bassin houiller pour mesurer la hauteur de ces remontées.