Début décembre, l'Unesco a inscrit les gestes verriers sur sa liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Une belle reconnaissance pour ces professionnels nombreux dans le Grand Est, à mi-chemin entre artisans et artistes.
En classant au mois de décembre 2023 les gestes verriers dans son patrimoine universel, l'Unesco offre à tout un bassin entre la Moselle et le Bas-Rhin une reconnaissance bienvenue, quatre ans après une inscription à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel français.
L'art verrier emploie 4 000 personnes en France, dont une grosse partie dans le Grand Est. Depuis le centre international d'art verrier de Meisenthal, le président de la communauté de communes du pays de Bitche David Suck se réjouit de cette nouvelle.
"Cette reconnaissance est essentielle lorsqu'on veut valoriser les métiers d'art, qui sont l'émanation d'un savoir-faire multiséculaire. La reconstruction de la cathédrale de Notre-Dame nous a démontré combien on devait pouvoir permettre la transmission de ces savoir-faire entre les générations", salue-t-il.
Une richesse naturelle et des professionnels passionnés
L'art verrier est le premier employeur dans le secteur. "On a ce savoir-faire sur le territoire pour deux raisons : la nature opulente nous donnait la silice, le sable, le bois, la fougère et on a des hommes et des femmes passionnés, profondément intéressants et animés par une conscience professionnelle : l'excellence."
Parmi ces verriers, Emmylou Villaume. Alors qu'un collègue s'affaire devant un four, elle liste les différents gestes qui ont été reconnus par l'Unesco. "Réussir à prendre correctement du verre depuis le four de fusion avec la canne à souffler, maîtriser la rotation de la canne, suivre le mouvement du verre, pouvoir utiliser les outils en maintenant en permanence la rotation, comprendre comment le verre réagit, comment il vit sur la canne à souffler..."
Maîtriser l'art verrier, c'est aussi maîtriser tout un jargon propre à la profession. "Cueillir le verre, le maillocher, le trancher, marbrer, utiliser une castagnette... C'est très varié", sourit Emmylou Villaume. Dans les outils, on retrouve dans le désordre le creuset, la fêle, la mouillette, le pointil ou encore le banc.
C'est une approche très sensitive. Tout le corps est mis en oeuvre quand on travaille le verre
Emmylou VillaumeSouffleuse de verre depuis 2019
"Pour être un bon souffleur de verre, je pense que la persévérance et la patience sont déjà deux bonnes qualités. Il ne faut se décourager et recommencer des dizaines, des centaines de fois les mêmes gestes jusqu'à développer de la dextérité. C'est une approche très sensitive. Tout le corps est mis en œuvre quand on travaille le verre", continue la souffleuse de verre. On estime qu'il faut dix ans pour former un verrier polyvalent.
La candidature avait été déposée par le ministère de la Culture français et portée avec la République tchèque, la Finlande, l'Allemagne, la Hongrie et l'Espagne. En septembre 2024, une exposition publique de photographies dédiée à l'art verrier se tiendra sur les grilles du jardin du Luxembourg, à Paris.