Agriculteurs en colère : la Confédération paysanne, toujours mobilisée, interpelle le préfet et cible le Crédit agricole

La Confédération paysanne de la Moselle, toujours mobilisée, organise, ce lundi 5 février 2024, une conférence de presse devant la préfecture à Metz et prend pour cible le Crédit agricole. La filière bio est aussi inquiète pour son avenir.

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Alors que les gros syndicats FNSEA, Jeunes agriculteurs et Coordination rurale ont levé les blocages et rejoint leurs exploitations, les adhérents de la Confédération paysanne de la Moselle occupent seuls le terrain médiatique. Ils organisent une conférence de presse lundi 5 février 2024 devant la préfecture de la Moselle, à Metz.

La question du revenu est toujours au cœur des revendications. Mélanie Hoff est agricultrice à Faulquemont (Moselle) et membre de la Confédération paysanne : "on continue la mobilisation, car les annonces de Gabriel Attal sont surtout fiscales ou de reports de cotisations, mais aussi des mesures qui vont à l'encontre de l'environnement (...) ce n'est pas en mettant plus de pesticides que l'on va gagner mieux notre vie". 

Si la question du revenu est partagée avec les autres syndicats, l'objectif est de faire aussi entendre leurs revendications spécifiques : favoriser l'alimentation locale en la protégeant de la prédation de l'industrie agroalimentaire et la solidarité au niveau des territoires pour une agriculture en lien avec les acteurs économiques locaux.

Après avoir été reçus par le directeur départemental des territoires, une vingtaine membres de la Confédération paysanne ont mené une action devant le siège du Crédit agricole de la Moselle à Metz. Ils ont vidé des sacs de pommes de terre devant l'entrée du parking de l'établissement bancaire.

Ils reprochent à la banque de ne pas jouer son rôle en ayant refusé en octobre 2023, au moment de la signature du prêt, de financer un projet d'abattoir de proximité à Illange (Moselle). Le montage financier de l'opération était aussi assuré par deux autres banques, la Caisse d'épargne et la Banque Populaire de Lorraine. Elles se sont désistées de concert, jugeant le projet finalement plus du tout viable.

L'agriculture biologique, la grande oubliée des annonces de Gabriel Attal ?

Jérôme Albert est éleveur bio à Guinglange et président des Bio de Moselle. Interviewé par Laurence Duvoid dans le JT de France3 Lorraine, il déplore que l'agriculture biologique soit la grande oubliée des annonces de Gabriel Attal et de son gouvernement : "cette colère paysanne qui s'est manifestée ces quinze derniers jours n'a pas permis au gouvernement de mettre en place un vrai projet de société qui allie à la fois juste rémunération des agriculteurs, transition écologique ainsi qu'un accès à des produits naturels et sains pour l'ensemble des consommateurs". Parmi les décisions prises pour éteindre l'incendie dans les campagnes, Gabriel Attal octroie 50 millions d'euros à la filière bio.

Huit cents euros par exploitation, c'est le prix d'un pneu de tracteur

Jérôme Albert, président des Bio de Moselle

Le président des Bio de Moselle estime que cette somme est très en deçà des besoins : "en France, vous avez 60 000 fermes bio donc, si on fait le compte, cela fait 800 euros par exploitation, c'est le prix d'un pneu de tracteur". Il évalue le montant du soutien nécessaire au minimum à 271 millions d'euros.

Jérôme Albert reconnaît que peu d'agriculteurs bio du département ont jeté l'éponge pour retourner à l'agriculture conventionnelle. Cependant, le nombre limité de déconversions ne doit pas masquer la fragilité de la filière : "les agriculteurs qui ont fait ce choix de l'agriculture biologique, sont vraiment convaincus de ce qu'ils font et s'ils se déconvertissaient, ça serait la mort dans l'âme".

Le président des Bio de Moselle avance le chiffre de 550 millions d'euros de pertes pour l'ensemble de la filière au niveau national au cours des deux dernières années. Les cinquante millions proposés par le gouvernement sont loin du compte. Mais, au-delà de l'aspect financier, Jérôme Albert explique que les agriculteurs attendent une vraie reconnaissance pour les services rendus par l'agriculture biologique à la société, à la santé publique et à l'environnement. Celle-ci est aussi proportionnelle à l'aide apportée.

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