Depuis le mois de mars, les artistes et les créateurs subissent eux aussi les effets du confinement. Et depuis le déconfinement expositions et autres manifestions ne sont toujours pas autorisées. Pourtant ils veulent rester optimistes, comme Maude, créatrice de bijoux près de Metz.
''On existe, on est toujours là et on se bat pour continuer!'' C'est à peu près en ces termes que Maude Mangeot m'a contacté il y a quelques semaines. Maude est créatrice de bijoux à Aboncourt en Moselle. Elle exprimait alors le désarroi de nombreux créateurs, artistes et artisans d'art qui ont vu leur activité chuter. En effet pour nombre de ces professionnels, une partie sinon toutes les ventes s'effectuent en général dans des expositions et lors de manifestations du type marchés artisanaux.
Or tous ces lieux ont fermé avec le confinement et restent fermés jusqu'à nouvel ordre.
Au moment où nous l'avons jointe au téléphone, Maude Mangeotvient venait juste d'enregistrer une nouvelle annulation.
La créatrice devait tenir un stand lors d'une fête traditionnelle prévue pour le 10 octobre 2020. Or la fête est annulée. Et avec elle le chiffred'affaires que Maude aurait pu réaliser ce jout-là.
'' C'est la 15e annulation pour cette année , sur les 21 manifestations auxquelles j'avais prévu de participer'' déplore la créatrice.
Comment dès lors faire face lorsque l'on travaille et crée depuis un petit village en Moselle? Comment ne pas perdre espoir sur la prérennité de sa petite entreprise? Comment enfin continuer une activité qui est basée principalement sur le contact, la relation directe, la découverte en réel d'un nouveau concept?
Garder le cap, coûte que coûte
Modibulle c'est sa marque-concept. Maude conçoit des bijoux écoresponsable à récolter. Le principe est aussi simple qu'ingénieux... et éco-responsable: portez votre bijou pendant un à deux ans, puis plantez-le en pleine terre ou dans un pot sur le bord de fenêtre.. Des arrosages réguliers lui permettront de pousser et donneront au choix une fleur, un légume, une plante aromatique.
D'abord il faut croire à ce qu'on fait et aux valeurs que l'on porte
-Maude Mangeot
Passé le moment de sidération, Maude est passé par plusieurs stades émotionnels: il y a eu la peur (du virus, mais aussi de la perte de revenus), puis la colère dû à l'impuissance face à l'expansion du Covid-19, enfin un sentiment de solitude face à l'adversité. Après l'incompréhension est venu le moment de l'acceptation, qui lui a permis de ''faire du positif à partir de tout ce négatif''.
''Heureusement, j'ai pu bénéficier du fonds de solidarité '' ajoute Maude dans un sourire.
Ce fonds mis en place pour les autoentrepreneurs notamment, sur la base de leur chiffre d'affaire passé, lui a permis de garder la tête hors de l'eau au mois de mars et d'avril.
Rassurée sur la possibilité de faire face aux dépenses essentielles de la vie courantes Maude a pu réfléchir plus sereinement aux possibilités qui s'offraient à elles pendant cette période de confinement. Et ce travail a payé puisqu'au mois de mai, bien que toujours ''confinée'' dans son activité, elle ne devrait plus avoir besoin de recourir au fonds de solidarité
Profiter du confinement pour se former et travailler ses réseaux
Maude n'a pas immédiatement continué de créer des bijoux : ''C'est difficile pour moi de créer lorsque tant de choses sont bouleversées dans mes repères'', mais elle a décidé de mettre à profit le temps dont elle disposait pour se former et développer ses réseaux.Dans les deux cas c'est par internet que sont venues les solutions
''j'ai travaillé sur mes faiblesses et mes lacunes -je n'en avais jamais eu le temps réellement avant- dans certains domaines liés à mon activité''. La créatrice évoque notamment comment elle a développé telle ou telle technique, comment elle a défini plus précisément ses prix de vente, comment elle a mis en avant ses créations de manière plus efficace et plus esthétique...
Parallèlement à ce complément de formation la créatrice a travaillé ses réseaux sur internet:
Une bonne béquille pour le moral, et un bon moyen de développer sa notoriété et donc ses ventes en ligne.Les réseaux sociaux, les communautés en ligne d'artistes et de créateurs m'ont permis de me rendre compte que je n'étais pas seule dans cette situation
-Maude Mangeot
Les réseaux sociaux au service de la petite entreprise
La créatrice à rejoint plusieurs intitiatives et communautés d'artistes
- #entrepreneurEnConfinement
Plus de 60 créatrices comme Maude ont récemment mis en ligne un clip pour sensibiliser les internautes à la production locale et au fait main. Instagram, Facebook, You Tube... impossible de passr à côté.
Maude a également rejoint le marche-des-créateurs, un marché en ligne avec des créateurs mûs par les mêmes valeurs
Ce grand marché en ligne, issu à l'origine d'une association d'artistes en Alsace, a ouvert le dimanche 17 mai et devrait se prolonger tout l'été.
Enfin La Ruche qui dit Oui lui a ouvert son réseau et ses portes .
Partout sur le territoire français et dans d'autres pays européens La ruche qui dit Oui met en lien des producteurs locaux de denrées alimentaires ou des créateurs et artisans avec des clients qui adhèrent à la démarche du local et des circuits courts.
Les produits peuvent être commandés en ligne puis livrés ou bien récupérés lors de distributions.
Maude sera par exemple le lundi 25 mai à Norroy-le-Veneur pour sa première participation à une distribution de produits.
Tout ce travail porte d'ores et déjà ses fruits et permet à Maude ainsi qu'à beaucoup d'autres créateurs de développer de nouveaux outils, de nouveaux réseaux et une clientèle plus large qu'auparavant. Une clientèle encore plus sensible qu'auparavant aux démarches porteuses de sens. De son côté Maude, dont l'horizon s'arrêtait à Nancy en terme de clientèle potentielle a désormais a développé un partenariat avec une boutique dans le sud de la France au Lavandou.
Une nouveau monde pour les créayeurs? L'avenir nous le dira