Réduire au maximum les restes alimentaires de la cantine, trier les déchets et les transformer en compost ce sont les gestes antigaspis mis en place par le collège Albert Camus de Moulins-lès-Metz (Moselle). Une démarche obligatoire pour les collectivités à partir de 2023 en Europe.
Tout commence en 2014 avec Cécile de Castelet, gestionnaire dans l’établissement : "Les midis nous servons 300 repas et le personnel se plaignait du poids des poubelles de la cantine. J’ai décidé de peser les restes laissés par les enfants et les épluchures en cuisine. En une année, nous jetions six tonnes de déchets alimentaires sur les dix produites par l’établissement".
Accompagné par le Conseil Départemental de la Moselle le collège intègre un groupe de réflexion avec d’autres établissements : 23.600 repas sont servis tous les jours mais peu de mesures existent pour réduire les restes laissés par les élèves.En une année, nous jetions six tonnes de déchets alimentaires sur les dix produites par l’établissement.
"Après réflexion nous avons mis en place des nouvelles habitudes. Des bars à salade pour que les élèves se servent, des assiettes plus petites, du vrac pour les desserts, une table de tri à la sortie de la cantine et des éco-délégués qui expliquent aux plus petits comment trier" détaille Cécile de Castelet et elle ajoute : "Résultat de ces actions en 2017 les déchets alimentaires passent de 6 à 1,5 tonnes".
Résultat de ces actions en 2017 les déchets alimentaires passent de 6 à 1,5 tonnes.
En Moselle, l'opération de réduction des déchets alimentaires lancée en 2019 a permis de réduire de 33% le gaspillage dans les cantines scolaires.
Avec une baisse de 75% le collège Albert Camus fait figure d'excellent élève.
Economies et pédagogie
Les élèves sont à nouveau servis par le personnel de cuisine depuis l'apparition de la Covid-19 mais ils se sont habitués à des portions plus petites. Lorsqu’ils arrivent devant la table de tri, pas ou peu de restes. "En réduisant les quantités consommées nous pouvons acheter des produits de meilleure qualité avec 20% d’aliments bio dans nos menus" mentionne la gestionnaire.Autre aspect positif de ces actions ajoute Cécile de Castelet : "Nos élèves peuvent expliquer la démarche de réduction des déchets à leur parents, ils sont des ambassadeurs pour l’environnement".
De l'assiette au compost
Réduction des déchets rime aussi avec valorisation : "Les crudités, fruits, féculents, serviettes en papier sont collectés grâce au tri des élèves. Ces biodéchets sont ajoutés aux épluchures de la cuisine avant d’être versés dans les bacs à compost du collège" explique Laurent Ripsam, agent de maintenance de l’établissement.
En quelques semaines ces biodéchets se transforment en compost utilisé comme engrais dans les espaces verts de l’établissement.
Ce cercle vertueux en faveur de l'environnement fait figure de modèle, tous les ans des adultes en formation sur le sujet viennent au collège Albert Camus. Cécile de Castelet et Laurent Ripsam les accueillent pour partager leur expérience.
Un groupe de futurs guide-composteurs en formation découvre les gestes antigaspis mis en place au collège Albert Camus de Moulins-lès-Metz :
Des chiffres et des enjeux
La France c’est 4,9 tonnes de déchets par habitant par an :
- 580 kg pour les ménages
- 900 kg pour les entreprises hors construction
- 3400 kg pour la construction
Entre 2000 et 2016, les quantités de biodéchets orientées vers le compostage ont été multipliées par plus de deux et le volume de compost produit a progressé dans les mêmes proportions. L’État s’est fixé des objectifs ambitieux de production d’énergie par méthanisation de ces déchets dans le cadre de la Loi de transition énergétique et pour la croissance verte de 2015 (LTECV).
Autre enjeu majeur pour la France, tous les pays membres de l'Union Européenne devront mettre en place la gestion séparée des biodéchets au plus tard le 31 décembre 2023.