PORTRAIT - François Maujard, 30 ans, dernier né des vignerons en Moselle

Vigneron depuis 2016, tout juste âgé de 30 ans, François Maujard est le dernier arrivé dans l'AOC vins de Moselle. Il termine en 2018 sa 3e vendange. Elle s'annonce maigre sur ses 4 hectares de vignes bio. Pourtant, il veut y croire et incarne une nouvelle génération de vignerons. 

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Le millésime 2018 de François Maujard, 30 ans cette année, et dernier vigneron installé en Moselle, sera de qualité, mais le rendement s'annonce faible. 70% de ses 4 hectares de parcelles en AOC Moselle ont été touchées cet été par le mildiou. Les troisièmes vendanges de sa toute jeune maison ont eu lieu ce week-end les 15 et 16 septembre.

Il a déjà connu pareille mésaventure en 2016, "c'est dur psychologiquement, je me remets en question, mais j'ai choisi d'avancer malgré tout". 
 
 

Enfant de Lorraine et homme de son temps


Né à Thionville, le dernier vigneron installé en Moselle a étudié l'économie et la finance à Nancy, en 2008 les crises financières l'ont dégoûté du milieu.  Il a changé de filière. Ses cuves et son local de vinification sont installées à Marange-Silvange, une commune située à un quart d'heure au nord de Metz, qui compte désormais trois vignerons.

Légitime par son ancrage géographique, François habite à Richemont, près de Metz, il a tout installé lui-même dans une ancienne grange située...passage des Vignerons ! Les travaux ont coûté 600 000 euros. Il a été aidé par des subventions de l'Etat, de la Région et même de l'Europe, les soutiens ne manquent pas. Mais la nature ne se dompte pas facilement, surtout en bio. 
 

Car ses quatre hectares de vignes qui se trouvent sur le territoire de l'AOC vins de Moselle sont toutes travaillées avec le respect du sol comme credo. A Lessy, Rozérieules, Plappeville et Jussy. "J'ai quitté le monde de l'économie pour plus d'éthique, je ne concevais pas de travailleur autrement qu'en bio. C'est fondamental, que va-t-on laisser à nos enfants si on continue comme ça ?

Les conséquences de la chimie dans le sol ont un impact sur la nature. Je travaille avec des étudiants qui me disent, nous on ne veut pas d'enfants, on n'a pas envie qu'ils vivent dans le monde qu'on leur laisse. Ils sont pessimistes sur l'avenir.

Ce choix l'interpelle. En jetant un oeil sur ses filles qui l'accompagnent, il affirme croire en l'avenir.

VIDÉO - Selon lui tous les vignerons qui se lancent aujourd'hui travaillent en agriculture biologique. 
 


 

"On vend du rêve"



Père de deux petites filles, séparé de leur mère, François Maujard mène tout de front. Il prend aussi le temps de tisser des liens avec les amateurs de sa production via une page Facebook. Il croit en l'avenir et il estime qu'il existe une prise de conscience. Le jeu du bio en vaut la chandelle. D'autant qu'il aime son métier. "on a la chance, nous les vignerons de vendre du rêve. Même si le métier est dur. On fournit du bonheur, c'est magique". 



Magique, même si les règles du bio sont contraignantes. Pour lutter contre le midiou par exemple, les doses de cuivre sont strictes, pas plus de 6 kilos à l'hectare. François en a mis la moitié cette année, et ça n'a pas suffit à sauver ses raisins. Les conséquences du changement climatique sont réelles. Grêle, sécheresse à répétition, il va falloir s'adapter. 

VIDEO : "j'assume de travailler en bio, même si c'est plus contraignant". 
 
 

"Attraction locale"

Ce jour-là dans sa cuverie au style dépouillé, ses deux filles l'accompagnent, l'aînée a 5 ans, elle joue avec les bouchons en liège. Et François Maujard prépare une fête locale avec ses confrères pour promouvoir l'AOC Moselle. Une appellation ressuscitée il y a dix ans et que le jeune homme veut faire connaître. "Mes copains se moquaient de moi quand j'étais en formation en Bourgogne, à Nuit St Georges, pourtant, nos vins rouges sont souvent comparés avec le pinot noir de cette région", avance-t-il avec fierté.  
 

Les débuts sont encore difficile pour ce jeune domaine, la première vendange en 2016 a été faible en rendement. 3500 bouteilles ont été produites, 8000 en 2017, et en 2018, François Maujard en attend 5000.

Je sais que je suis un peu l'attraction du coin, dit il en souriant, mais les collègues m'aident, certains m'ont prêté du matériel, j'économise sur tout ce que je peux pour y arriver. 
 


Le "petit dernier" attire la curiosité des collègues mais aussi celle du public. Ses bouteilles se vendent bien. Il reçoit des messages encourageants via les réseaux sociaux. Et même des appels de clients. C'est là sa récompense, son carburant pour continuer l'aventure qui ne fait que commencer. 
 






 
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