Témoignage. Discriminations raciales dans les agences immobilières, "En tant que représentant local de la principale fédération de l’immobilier, j’ai été surpris"

Publié le Écrit par Hélène Geoffroy

3 agences immobilières sur 4 acceptent la discrimination raciale en Moselle. C'est ce qui ressort d'une enquête menée par SOS Racisme Moselle en mars 2024 suite à un testing effectué auprès de 19 agences. Le président de la fédération des agents immobiliers de Moselle (FNAIM 57) se dit choqué.

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En Moselle, près trois agences immobilières sur quatre accepteraient la discrimination raciale. C’est ce que révèle l'enquête de SOS Racisme qui a réalisé en mars 2024 un testing auprès de 19 agences. Le résultat est sans appel. Douze d’entre elles ont accepté directement de pratiquer cette forme de discrimination. Trois agences ont proposé au faux propriétaire de faire le tri lui-même. Seules quatre agences ont refusé la demande.

On se disait que c’était positif. Mais rapidement, on a eu droit à des propos particulièrement choquants.

Jean-Remy Dushimiyimana

président de SOS Racisme 57

“Si on a décidé de faire ce test, c’est qu’on nous a alertés d’une situation confuse”, déclare Jean-Remy Dushimiyimana, président de SOS Racisme 57. Avec deux membres de l'association, il a lui-même appelé les agences sous le regard d'une avocate et d'une journaliste agissant en qualité de témoins de moralité.

“Les deux premières agences nous ont dit qu’elles ne pratiquaient pas de discrimination et nous ont rappelé la loi, rejetant notre demande de ne pas accepter les personnes noires ou arabes. Nous étions contents et soulagés. On se disait que c’était positif. Mais rapidement, on a eu droit à des propos particulièrement choquants. L’un d’entre eux a été très clair et nous a dit qu'il ne prendrait ni noirs, ni arabes pour ne pas perdre de temps en ajoutant qu’il n’était pas guide touristique”, déplore Jean-Remy Dushimiyimana. “Il y en a d’autres qui ont ri. On leur décrivait le logement, le lieu et ensuite ou leur disait que nous avions une condition particulière qui était de ne pas louer le logement aux noirs et aux Arabes. Et tout de suite, ils ont rigolé en disant qu’il n’y avait aucun problème. Pour être sûr, on a redemandé et ils ont bien validé”.

La FNAIM 57 choquée

Des propos qui choquent Franck Job, président de la chambre FNAIM de Moselle, la fédération départementale des agents immobiliers. “Moi j’ai eu comme seule information l’article paru dans la presse. Je n’ai pu que constater. En tant que représentant local de la principale fédération de l’immobilier, j’ai été surpris. Dans ma profession, voir ça, c’est quelque chose de grave”, précise Frank Job rappelant l'importance de la lutte contre les discriminations dans son travail : “Nous avons dans notre profession un code déontologique contre la discrimination. D’ailleurs pour obtenir et renouveler notre carte qui nous permet d’exercer, nous devons justifier de deux heures de formation sur la non-discrimination et de deux heures de déontologie, et ce tous les trois ans. La question de la discrimination est liée à l’ensemble de la profession. On est tous sensibilisés au problème. Ceux qui acceptent d'entrer dans ce conditionnement sont des cas particuliers. On est très sensible à ce sujet”.

Le Président de SOS Racisme Moselle espère quant à lui que l’action pourra ramener le sujet sur le devant de la scène : “Notre objectif est de déconstruire les stéréotypes. Pourquoi malgré les formations qui sont imposées aux agents immobiliers cela ne fonctionne pas ? L’objectif n’est pas de condamner mais de trouver des solutions à long terme pour éradiquer le racisme”, souligne-t-il.

Jean-Remy Dushimiyimana l’affirme, il y aura d’autres testings. En attendant, il souhaite que des solutions puissent être trouvées pour que la discrimination raciale disparaisse au sein de la profession.

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