Après deux années de suspension dues à la pandémie de Covid-19, le train du Vendredi saint circule une nouvelle fois, ce vendredi 15 avril 2022, entre Dillingen, en Sarre et Bouzonville, à l’occasion de la grande braderie fréquentée chaque année par environ 15.000 voisins allemands.
Suspendue pendant deux ans à cause de l’épidémie de Covid-19, la circulation du train du Vendredi saint aura bien lieu, ce vendredi 15 avril, entre la ville allemande de Dillingen et celle de Bouzonville, en Moselle, à l’occasion de sa grande braderie.
Origine du train du Vendredi saint
D’un commun accord avec le maire de Bouzonville, en 1998, Bernard Aubin, ancien agent de la circulation à la SNCF qui a quitté la gare de la commune sept ans plus tôt, lance l’idée de faire circuler une navette entre Dillingen et Bouzonville, le jour de la grande braderie, dont l’origine remonte au Moyen Âge.
"Natif de Bouzonville, j’ai commencé ma carrière dans cette petite gare que j’avais délaissée pour le déroulement de ma carrière. C’est un peu la gare de mon cœur", raconte Bernard Aubin. "En 1991, elle était menacée de fermeture. J’ai donc décidé de mettre en œuvre une stratégie pour conforter son avenir."
Férié en Allemagne comme en Alsace-Moselle, le Vendredi saint rassemble tous les ans entre 15.000 et 20.000 visiteurs : 80% sont Allemands. "Cela créait des problèmes de stationnement insurmontables alors qu’une ligne de chemin de fer existait et pouvait couvrir la partie Allemande", ajoute Bernard Aubin. "Trois mois de travail ont été nécessaires afin que j’obtienne de la DB (Deutsche Bahn), homologue allemand de la SNCF, les autorisations pour faire circuler le train du Vendredi saint sur les sept kilomètres entre la frontière et la gare de Bouzonville."
Depuis 1998, date de première circulation de ce train, le succès de la navette n’a jamais été démenti.
La vocation de la gare à l’époque
Bouzonville se trouve sur une ligne à double voie électrifiée qui relie Béning à Thionville, mais sa gare est aussi le point de départ d’une petite ligne à voie unique qui la relie à Dillingen.
A l’époque, la ligne desservait, dans les deux sens, les usines sidérurgiques, dont le trafic Fret a été supprimé en 2006. La gare de Bouzonville était aussi point de départ de trois TER : deux vers Thionville le matin, un autre au retour de Thionville. En 2016, ces TER ont été remplacés par des bus et, seul rescapé, le guichet voyageurs a été fermé en 2018. La gare est donc totalement fermée depuis 2018, sauf un jour dans l’année, pour le train du Vendredi saint.
Un train peut en cacher un autre
Le train du Vendredi saint, qui ne circule qu’une fois dans l’année sur 30 km environ, avait une seconde vocation : mettre en lumière un autre projet, beaucoup plus ambitieux, qui pouvait conforter l’avenir de la gare de Bouzonville.
"Une relation ferroviaire entre l’Allemagne, la France et le Luxembourg avec comme itinéraire Sarrebruck, Dillingen, Bouzonville, Thionville, Luxembourg", nous confie M. Aubin. "Ses intérêts : desservir deux bassins de travailleurs transfrontaliers. 16.000 français vont tous les jours travailler en Sarre, 100.000 vers le Luxembourg et certains voyageurs allemands vont également travailler au Luxembourg."
Depuis 1998, année de la première circulation du train du Vendredi saint et malgré de nombreuses initiatives d’élus, puis la création d’un Comité de Desserte international, le projet n’a toujours pas vu le jour.