TEMOIGNAGE. Attentats du 11 septembre 2001 à New York : un Lorrain se souvient

Le 11 septembre 2001, des avions suicides sont projetés contre les deux tours jumelles du World Trade Center à New-York. Bilan : 2.977 morts et 6.291 blessés. A Manhattan ce jour-là, l'avocat thionvillois Marc Monossohn témoigne de ce qu'il a vu. Des souvenirs encore bien présents dans sa mémoire.

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11 septembre 2001, des jihadistes détournent quatre avions, dont deux percutent les tours du World Trade Center à New York. Le troisième éventre une partie du Pentagone près de Washington, et le dernier s'écrase dans une zone boisée de Shanksville, en Pennsylvanie. Ces attaques meurtrières des tours jumelles font au total 2.977 morts.

22 ans après les événements, Marc Monossonh revient au micro de Christophe Gomond de France 3 Metz, sur cette terrible journée. En septembre 2001, il effectue son service militaire à Manhattan dans le cadre de la coopération, "au service juridique d'Usinor". Ce matin du 11 septembre, il est dans le métro, et découvre peu à peu qu'un événement exceptionnel et gravissime vient de se produire.

Ce 11 septembre 2001, où êtes-vous à New York ?

(Marc Monossonh) A New York, compte tenu du décalage horaire, il est entre 7h30 et 8h30 du matin. L'heure à laquelle on se rend au travail. J'étais dans le métro. Il y avait des perturbations, mais pas d'inquiétudes particulières sur le coup. Au micro, on nous parle de problèmes de moteur, mais des bruits commencent à courir. Il est question d'un avion qui serait tombé, d'une explosion... Mais personne ne prend la mesure des événements. J'habitais au nord de Manhattan et mon bureau était au sud, pas très loin des tours jumelles. Du coup, j'ai dû faire un détour, modifier mon itinéraire habituel, je suis sorti dès que j'ai pu. La station de métro s'appelait Chamber Street. Je vois alors des camions de pompiers, sirènes hurlantes qui circulaient à vive allure. Il y avait aussi des gens qui se prenaient la tête entre les mains et qui regardaient quelque chose. Je me suis retourné et c'est à ce moment-là que j'ai vu les tours avec une fumée gigantesque. Je ne sais pas si les deux étaient touchées, je ne peux pas être plus précis. Il y avait tellement de fumées. Je suis allé vite au bureau et c'est là que j'ai appris ce qui s'était passé.

Les souvenirs sont extrêmement présents, précis et clairs dans mon esprit. J'ai vu les tours jumelles s'effondrer de la fenêtre de mon bureau.

Marc Monossonh

Témoin des attentats du 11 septembre 2001

Vous n'avez donc pas l'information tout de suite ?

Dans le métro, je ne sais pas exactement ce qui s'est passé. Mais très vite, je comprends que c'est quelque chose de bien plus grave que ce qui était évoqué initialement : un avion qui aurait mal été piloté et qui se serait encastré dans un immeuble. C'est difficile à imaginer, mais les tours jumelles, c'était quelque chose de gigantesque. On n'est pas sur quelque chose de commun. La fumée qui s'en dégageait était elle aussi gigantesque. J'insiste. On comprend donc vite que c'est quelque chose d'absolument extraordinaire qui est en train de se produire. Quand j'ai appris qu'un deuxième avion avait percuté les tours, j'ai pensé à un acte terroriste. Je me suis dit : un, je veux bien, mais pas deux. À ce moment-là, personne ne voulait imaginer une chose pareille. C'était le flou total, on n'avait pas les informations qu'on peut avoir aujourd'hui. Ce qui paraît évident de nos jours ne l'était pas à ce moment.

Et là, c'est la panique ?

Pas vraiment. C'était plutôt la sidération, plutôt une sorte d'abattement. À ce moment-là, les tours ne s'étaient pas encore effondrées. Les gens étaient dans la rue, assis par terre, la tête entre les mains. Personne ne pouvait non plus imaginer le scénario cataclysmique qu'on connaît maintenant.

Est-ce qu'avec le recul, vous vous dites que vous avez eu de la chance ?

Je dois admettre que ça ne m'a pas trop traversé l'esprit. Bien sûr, j'étais à proximité quasi immédiate. Mais, aussi étonnant que ça puisse paraître, souvent, quand on est confronté directement un danger, on n'a pas forcément le temps d'avoir peur. Ce n'est pas comme suivre les événements à la télévision. Je n'avais pas de raison particulière de me retrouver dans les tours, j'étais à proximité relativement immédiate. Mon bureau se trouvait d'ailleurs dans le périmètre de sécurité mis en place dès le lendemain. Je suis passé juste en dessous des tours du World Trade Center parce que j'ai dû modifier mon itinéraire habituel en raison des perturbations qui avaient sur la ligne de métro. Effectivement, je pense que c'est le moment où j'étais le plus en danger, mais je ne peux pas dire que j'ai ressenti de la peur.

Dans les heures qui ont suivi, quand on a eu une confirmation qu'il s'agissait bien d'un attentat islamiste, est-ce qu'il y a une psychose ?

Il y a eu une psychose. C'est certain. Ce dont je me souviens, c'est que les gens partaient de Manhattan pour aller dans leur famille ou chez des amis. Moi-même, j'avais des amis dans le New Jersey, pas très loin, à une quinzaine de kilomètres. La semaine qui a suivi ce 11 septembre, je l'ai passé en dehors de Manhattan. De toute façon, je ne pouvais retourner au bureau. Je dois être franc, je l'ai vécu comme un touriste pourrait vivre un scénario catastrophique dans un pays qui n'est pas le sien. Un pays ami, un pays allié, un pays cousin un pays qui m'a donné beaucoup de choses et que je n'oublierai jamais, j'étais touché, mais ce n'est pas mon pays.

Et aujourd'hui, revoir les images d'archives, ça vous rappelle des souvenirs ?

Les souvenirs sont extrêmement présents, précis et clairs dans mon esprit. J'ai vu les tours jumelles s'effondrer de la fenêtre de mon bureau. Ce sont des images gravées à jamais dans ma mémoire. J'ai été le témoin direct d'un événement historique et dramatique. Je suis retourné à Ground Zero il y a quelques années. Au final, il y a eu 2.977 morts et 6.291 blessés. C'est énorme, mais ce jour-là, je m'attendais à un bilan encore plus terrible. (Propos recueillis par Christophe Gomond)

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