Ce jeudi 28 février sur RTL, le PDG du groupe Carrefour s'est engagé à augmenter le volume de fruits et légumes d'origine française dans ses hypermarchés. Et à réduire la vente de produits maraîchers en dehors des saisons de récolte. Qu'en pensent les producteurs au salon de l'agriculture ?
"95% des fruits et des légumes qui seront présents dans les rayons viendront de France. Ça veut dire que 95% seront d'origine française". Alexandre Bompard, PDG du groupe Carrefour s'est engagé dans un processus nouveau dans la grande distribution, lors d'une interview diffusée sur RTL ce jeudi 28 février. Il a également affirmé que la vente de fruits et légumes serait davantage synchronisée avec les saisons. En clair, la consommation de fraises ou de tomates entre octobre et avril pourrait se faire de plus en plus rare dans les rayons de ses magasins.
Dans les allées du Salon de l'agricuture 2019, Jocelyne et Marinette, habitantes de la Sarthe confirment la tendance du marché côté consommateurs. "Ça devrait être interdit de vendre des produits hors saison. Les tomates en janvier ça n'a pas de goût !
Donc ce que dit le patron de Carrefour c'est très bien, mais entre dire et faire ça fait 2, on attend de voir !
Pas surpris par cette annonce, l'alsacien Mickael Gandecki créateur de serres connectées Myfood, s'en réjouit. "Le groupe Danone a aussi annoncé qu'il allait s'adapter à cette demande du consommateur. Face à la défiance, il faut désormais créer un écosystème favorable pour répondre à la demande des clients. La permaculture, ou l'aquaponie tentent d'apporter des réponses à une production plus liée à cete demande de produits sains. Nous essayons avec notre serre connectée de cultiver des légumes plus sains. Mais attention aux effets d'annonce nuance cet ingénieur. La grande distribution est aussi une industrie..."
Ce qui semble pour l'instant plus compliqué, c'est donc de s'organiser face à cette nouvelle donne. Car si tout le monde veut des produits sains et de saison, il faut savoir produire, et être réactif, résument les producteurs. Une nouvelle donne qui réjouit aussi la coopérative Saveol, qui regroupe 120 producteurs en Bretagne. Les produits français sont plébiscités par les consommateurs. "80% des Français font confiance aux agriculteurs, c'est encourageant, réagit Pierre-Yves Jestin, président de Savéol. Mais il maintient qu'on ne peut empêcher ceux qui veulent manger des tomates en hiver de le faire. "Les achats plaisir ça existe. On essaye de s'adapter aux saisons. La production de tomates est possible 8 mois sur 11, la quantité en revanche sera bien plus importante en mai qu'en février. Les pommes aussi sont disponibles toute l'année. Et il faut s'interroger sur les importations de fruits et légumes".
Pour ce producteur, la grande distribution avancera vers cette offre de produits français et de saison si la rentabilité est au rendez-vous. Il faut juste selon lui accompagner les saisons. La France importe 300 000 tonnes de tomates par an. Bien souvent du Maroc, ce qui côté bilan carbone semble loin de l'agriculture raisonnée et raisonnable de ce côté de la Méditerranée.
Je n'ai rien contre l'importation, mais il faut s'interroger. Que veut on manger ? Bon sain et frais, alors il faut faire des choix.
Sans interdire la vente de fruits et légumes importés, Charlie Gauthier, fournisseur de Carrefour et administrateur d'Interfel souhaiterait d'abord augmenter les prix des produits qui ne sont pas de saison. "Ceux qui veulent manger des cerises en hiver peuvent le faire mais si le prix est plus élevé ça ne fait pas d'ombre aux produits de saison". Il propose aussi de ramener la TVA sur ces produits de 5,5% à 2,1. Ensuite, il confirme que la grande distribution a annoncé ses intentions il y a près d'un an à ses fournisseurs.
"Je soutiens cette démarche, il faudrait même que la Caisse d'assurance maladie favorise par un système de bons d'achat, la consommation de produits locaux et de saison. Car à ce rythme, en 2021, la France devra importer plus de fruits et légumes faute de production. Donc je dis bravo à cette initiative d'autant que les gens du terrain sont parfaitement d'accord là dessus, il y a une demande forte de consommer local".
Spécialisé dans la transformation industrielle et la conserve des légumes, le groupe Bonduelle affirme lui aussi être déjà impliqué dans le créneau local et sain. Bien sûr, il propose ses produits toute l'année, mais ceux-ci sont récoltés en pleine saison. C'est toute la nuance. "Nous on s'adapte à la nature, explique Christophe Vieillard, directeur agricole de Bonduelle dans les Hauts-de-France. Nos produits de base ne sortent pas des frigos, ça coûterait trop cher. On optimise. Donc conserver oui, importer non".Conserver oui, importer non.