D’habitude pour les étudiants, le printemps est la période propice aux traditionnels envois de CV, en vue de décrocher un job pour l’été. Mais, comme en 2020, les offres d’emploi dans les secteurs, autrefois pourvoyeurs, comme la restauration, se font de plus en plus rares.
Pour certains jeunes, la saison estivale n’est pas forcément synonyme de repos, car elle est surtout l’occasion de se faire un peu d’argent pour payer ses études, arrondir les fins de mois, voire se faire plaisir.
Pourtant, avec la crise sanitaire, les opportunités de décrocher un petit boulot se raréfient. Le manque de projection et les restrictions qui l’accompagnent obligent les employeurs soit à constituer d’ores et déjà leurs équipes pour l’été 2021, ou, au contraire, les contraint à repousser, voire refuser tout recrutement.
Manque de visibilité
En devenant majeure, Caroline pensait pouvoir enfin trouver un travail pour cet été et gagner un peu d’argent de poche pour sa prochaine année étudiante.
Habitante du centre-ville de Nancy, elle imaginait que sa situation géographique avantageuse pourrait faciliter sa recherche d’emploi. Après une trentaine de CV distribués, elle est rapidement rattrapée par la réalité qu’impose la crise sanitaire : les secteurs de la vente et de la restauration, qui peuplent majoritairement le centre-ville, refusent sa candidature. À chaque fois, c'est son manque d'expérience, cumulé à la crise sanitaire, qui lui portent préjudice.
"Je savais que c’était une charge de travail supplémentaire de chercher un job, mais je ne pensais pas recevoir autant de refus. Il va falloir s’acharner pour trouver un travail, j'en ai l'impression", explique la jeune fille. Qui précise qu’elle a commencé à postuler début mars. "Comme les restaurants, les cafés et de nombreux magasins sont fermés, on se retrouve à distribuer des CV un peu au hasard, à l’aveuglette dans le peu d'enseignes ouvertes".
En 2020, aussi, Pauline s’était heurtée à un nombre conséquent de refus, après avoir déposé sa candidature. Par chance, elle avait pu trouver une place dans le secteur agricole, qui recrute des jeunes pour l’été. "Le problème, c’est que les agriculteurs recrutent uniquement pour la saison estivale. J’ai la chance de retourner travailler là-bas cet été, mais en attendant, je cherche un petit job et c’est mission impossible en ce moment. C’est l’enfer", raconte la jeune étudiante, après une année passée à chercher un emploi.
Des aides à la recherche
Pour orienter ces jeunes qui peinent à trouver un travail saisonnier, la Maison de l’engagement et de l’initiative des jeunes en territoire de Nancy (MEIJ), a mis en place l’opération "fabrique de job", une plateforme en ligne qui recense les offres d’emploi pour l’été 2021.
Pour Sarah Gloria Ndengue, chargée des questions numériques à la Meij, les questions relatives aux emplois étudiants ont été décuplées par rapport aux années précédentes.
"On ne peut pas nier le fait qu'on nous sollicite davantage pour les emplois saisonniers. Donc, on oriente les jeunes et on leur explique que cela va être compliqué dans le secteur de la restauration, qui recrutait beaucoup avant. On les guide vers des secteurs qui devraient recruter davantage, comme l’agriculture ou la grande distribution".
Malgré l'incertitude, une volonté d'avancer
Si le secteur de l’hôtellerie et de la restauration peine à se projeter et donc à recruter ses futurs salariés d’été, au camping du Mettey, dans les Vosges, le gérant Eric Legros, également président de la Fédération Départementale de l'Hôtellerie en Plein Air, se dit confiant pour la saison à venir. Il souhaite parier sur l'avenir et a donc recruté une majorité de jeunes, comme pour une saison sans Covid.
"Dernièrement, nous avons eu beaucoup de réservations d’étrangers. Comme je souhaite aller de l’avant, j’ai déjà constitué mon équipe mais, bien sûr, si les frontières ferment, cela nous sera préjudiciable".
Claude Pourchet, le directeur des sports de la Métropole du Grand Nancy, mise également sur l'optimisme et souhaite recruter autant de jeunes que d'habitude dans les piscines municipales de la métropole.
"Une diminution des contrats courts pour la saison estivale n’est pas justifiée. On se doute qu’il y aura des restrictions, mais pour l'instant nous voulons ouvrir tous nos établissements nautiques. Donc, nous faisons le choix de recruter normalement", déclare l'élu, avant d'ajouter que, si de nouvelles restrictions sont prononcées, des adaptations seront mises en place par la métropole pour proposer des solutions à chacun des jeunes embauchés pour la saison.
Recrutements retardés
"Pour le moment, on est vraiment dans le flou, on vient tout juste de publier une annonce pour recruter des saisonniers, c'est plus tard que les autres années", explique Christa Marion, gérante de la crêperie La Scierie à La Bresse.
Par manque de visibilité, les secteurs qui recrutent d’habitude, préfèrent retarder les campagnes de recrutement. "Si le couvre-feu est maintenu, c’est déjà une grosse épine dans le pied pour nous, restaurateurs, donc on ne sait pas trop dans quelle direction aller", ajoute la gérante du restaurant.
On vient tout juste de publier une annonce pour recruter des saisonniers, c'est plus tard que les autres années.
Pour le moment, employeurs et jeunes peinent à se projeter ensemble.
Chacun attend de voir ce que donneront les annonces faites ce mercredi, par le président de la République, pour basculer pleinement dans l’optique d’une saison estivale 2021. Les étudiants en quête d’un job, craignent comme l’été dernier, que la demande d’emploi ne soit plus importante que l’offre. Lors de la saison 2020, ils étaient 44% à avoir modifié leurs projets de job d’été en raison du confinement, selon une enquête de l’Observatoire National de la vie Etudiante.