A la Saint-Valentin, hommes et femmes sortent le grand jeu, les crapauds aussi. Sauf que sur leur trajet de migration amoureuse, ils passent souvent sous nos pneus de voitures. Alors pour éviter le carnage, des associations recherchent de nombreux bénévoles pour sauver ces amphibiens.
Pour la Saint-Valentin, les hommes et les femmes sortent souvent le grand jeu. Les crapauds, tritons et grenouilles aussi. Ils quittent leur résidence d’hiver pour s’accoupler dans des mares. Sauf que, sur leur trajet de migration amoureuse, ils passent souvent sous les pneus de nos voitures. Fin des amours. Alors, pour les sauver du carnage, des associations et conseils départementaux se mobilisent et recherchent de nombreux bénévoles.
On n’a pas eu d’hiver, alors les amphibiens sortent plus tôt que prévus
-Aurélie Berna, chargée d’études à l’association BUFO
Des amours trop précoces, à cause d'un hiver trop doux
"Les migrations amoureuses des amphibiens ont pris une quinzaine de jours d’avance cette année, et c’est complètement anormal", explique Aurélie Berna, chargée d’études à l’association BUFO et coordinatrice du site de ramassage de Meyenheim (Haut-Rhin). "Les amphibiens s’installent pour hiverner, dans des endroits comme des trous de petits mammifères, des souches d’arbres morts.""Leur processus hormonal s’active théoriquement au début du printemps. Mais cette année, parce qu’on n’a pas eu d’hiver, Ils sont sortis de leurs cavités et trous d’hivernation bien plus tôt que prévu, d’où un taux de mortalité déjà très élevé en cette mi-février."
C'est quoi le problème des crapauds amoureux ?
Normalement les crapauds communs, les crapauds verts, les tritons, les grenouilles se reproduisent en avril et mai, ce qui constitue leur pic de reproduction de l'année. Mais en 2018, ils se sont encore reproduits en juin et juillet. Une conséquence directe des périodes de fortes chaleurs qui assèchent les mares et les plans d’eau dans lesquels ils s'accouplent et pondent (quand il reste des mares, souvent asséchées volontairement par l'Homme pour des constructions par exemple; ndlr).Alors ils n'ont pas le choix, les batraciens. A défaut de mares, ils attendent les périodes de pluies et pondent dans... des flaques. Sans savoir qu'elles ne dureront pas. L'eau s'évapore sous l'effet du soleil, les oeufs dessèchent et le taux de mortalité de ponte grimpe.
Comment sauver ces amphibiens
Face à l'hécatombe, déjà amorcée plus d'un mois avant l'arrivée du printemps, les associations et les conseils départementaux réagissent. Une opération d’envergure, mise en place dans toute l’Alsace pour quelques semaines. Car les deux départements alsaciens comptent le plus grand nombre d'amphibiens de toute la France. Habituellement, on les trouve plus en Europe de l’Est : l'Alsace est la limite occidentale pour ces espèces, notamment les crapauds verts.La méthode utilisée pour cette campagne 2020 consiste à installer des filets de protection et des seaux. Objectif : aider les crapauds à migrer vers leurs sites d’accouplement et de reproduction. Une fois les filets installés pour empêcher les batraciens de s'aventurer dans des traversées de routes trop périlleuses pour eux, des seaux sont disposés à intervalles réguliers et enterrés dans le sol jusqu'à l'ouverture. Les petits amoureux, contraints de longer la barrière, tombent dans les seaux, d'où ils ne peuvent pas sortir. C'est là qu'interviennent les précieux bénévoles.
... et pourquoi il faut beaucoup de bénévoles
Il existe des installations fixes pour permettre aux batraciens de traverser les routes, mais ils coûtent chers. Rappelons que s'ils s'acharnent à franchir l'asphalte, c'est parce qu'ils avaient pris leurs habitudes avant la construction des routes et que les mares et petits plans d'eau dans lesquels ils poussaient leurs chants d'amour ont massivement disparus.Les passerelles, ou "crapoducs" permanents, comme des tunnels qui passent sous les routes ou les couloirs avec substrats, spécifiques aux amphibiens, ont un coût à la construction, puis à l'entretien. D'où ces campagnes ponctuelles de pose de filets et de ramassage des amphibiens. Car il faut les ramasser, une fois qu'ils ont longé les filets et qu'ils sont tombés dans les seaux. Pour ensuite les redéposer, un peu en aval, de l’autre côté de la route.
Or, début 2020, il y a une quarantaine de sites de ramassage dans le Bas-Rhin, et une vingtaine dans le Haut-Rhin. "A Meyenheim, il y a 3,3 km de linéaire de filet, précise Aurélie Berna, chargée d’études à l’association BUFO et coordinatrice du site de ramassage de Meyenheim. "Il peut y avoir jusqu'à 500 crapauds en une matinée dans les seaux. Sans les bénévoles, on ne pourrait pas faire ce ramassage."
Où s’inscrire pour aider à sauver les amours d'amphibiens
Vous l'aurez compris, pour assurer ce sauvetage géant sur une soixantaine de sites en Alsace, tous les bénévoles sont les bienvenus. Pour intervenir dans le Bas-Rhin, il suffit de s'inscrire sur le site de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ou du conseil départemental. Pour le Haut-Rhin, s'inscrire sur le site du conseil départemental. Ce sera aussi l’occasion de participer à un suivi scientifique, car toutes les données, nombre d'individus ramassés, espèces et sexes sont répertoriés par les scientifiques.Une réunion de lancement de la campagne 2020 est prévue ce vendredi 14 février à 19h30 (voir publication Facebook ci-dessous). Elle se tient à la Maison de la nature du vieux canal, à Hirtzfelden (Haut-Rhin). On y fera le point sur la campagne 2019 et un calendrier de roulement des bénévoles sera établi.