"Titanic", le film de tous les records, est ressorti au cinéma depuis le mercredi 8 février. Les salles qui le proposent permettent de redécouvrir le chef-d'oeuvre en version remasterisée 4K et 3D. Une bonne nouvelle pour les fans titanicophiles, et le milieu du grand écran.
C'est l'évènement cinématographique de la semaine, voire du mois. Le mythique Titanic est de retour au cinéma depuis le mercredi 8 février 2023, pour le 25e anniversaire de sa sortie (c'était en 1998 pour la France, où il avait fait quasiment 21 millions d'entrées).
"Le film a fait un score non-négligeable le premier jour : quasiment 30.000 entrées", confie Denis Blum, ancien directeur du cinéma Palace d'Épinal (Vosges) et actuel président de l'Association des cinémas indépendants de l'est. France 3 Champagne-Ardenne l'a contacté dans la matinée de ce jeudi 9 février.
"C'est pas mal pour un film qui fait maintenant partie du patrimoine." Le chiffre est national. En France, ce sont un peu plus de 200 écrans qui rediffusent le film en version remasterisée 4K et en 3D. Les ingrédients du succès semblent toujours intemporels.
Les vacances tombent à point nommé
Et la date de la nouvelle sortie tombe plutôt bien pour le secteur. "On a déjà une zone en vacances, et à partir de ce samedi, une deuxième. Comme le film dure 3h15, il faut du temps. C'est ce qu'on a vu par exemple avec Avatar, qui est très long. C'est pendant les vacances de Noël qu'il a pris sa pleine vitesse."
"Côté distribution du film, on voulait fêter ce 25e anniversaire. Le seul bémol qu'on pourrait peut-être y mettre, c'est qu'on est déjà très chargé en termes de sorties de nouveautés. C'est un film de plus... mais il a tellement marqué le public qu'il peut paraître incontournable. C'est le public qui décidera. Pour l'instant, il décide que ça marche plutôt bien."
Pour l'instant, le public décide que la ressortie de "Titanic" marche plutôt bien.
Denis Blum, président de l'Association des cinémas indépendants de l'est
Si on compare avec d'autres sorties de nouveautés de la semaine, "l'une des grosses sorties de la semaine que représente Alibi est à 90.000 entrées, mais pour un nombre d'écrans nettement plus important". Et une communication bien plus poussée.
"Si on prend une autre sortie avec pas mal d'écrans, on a Les Têtes givrées, dont le démarrage hier n'est qu'à 5.000 ou 6.000 entrées. Zodi, avec Alexandra Lamy, est à 10.000 entrées. Donc pour une ressortie, Titanic fait pas mal. " Denis Blum se permet même "un mauvais jeu de mots : Titanic, c'est pas coulé" (sauf sur ce rond-point d'une ville alsacienne, à la décoration très titanesque).
Les Titanicophiles au rendez-vous
Même si Titanic est bien plus qu'un banal film d'amour, l'approche de la Saint-Valentin pourrait aussi "être un plus" pour le nombre d'entrées à venir. Corentin et Elodie, par exemple, vivent à Wissembourg (Bas-Rhin). Et "comptent bien sûr y aller. Une occasion pareille de revoir un film mythique remasterisé, ça ne se rate pas."
À noter que ce sont ce qu'on appelle des Titanicophiles, c'est à dire des fans du Titanic... le vrai paquebot plus que le film. Ces derniers s'érigent en forums de discussion et en pages Facebook (voir par exemple leur annonce de la ressortie sur les réseaux sociaux dans la publication ci-dessous, l'article continue ensuite).
Les Titanicophiles se passionnent pour l'histoire de passagères et passagers, de l'architecte du navire, ou encore de certains officiers. Certaines illustres personnes ont même droit à leur biographie ou à leur comédie musicale, comme Élise Lurette, rescapée du Tianic voyageant en première classe.
D'autres fans s'intéressent à la mode et aux moeurs de la Belle-Époque. Ou reconstruisent carrément le Titanic, que ce soit "en vrai" (mais avec des Lego) ou en 3D dans un jeu-vidéo (Titanic : Honor & Glory).
Puisqu'on parle de construction, sachez qu'une poignée de Titanicophiles est intarissable sur les moindres aménagements techniques et éléments décoratifs du célèbre paquebot. C'est le cas de Nicolas Murgia, qui vit à Vireux-Wallerand (Ardennes). Et lui aussi compte se rendre dans les salles obscures pour profiter à nouveau du spectacle.
"Je suis ravi de la ressortie du film, parce que c'est évidemment l'un de mes films favoris, pensez-vous. Je suis d'autant plus content que je n'avais pas pu véritablement profiter de sa première ressortie en 2012 pour le centenaire du naufrage. Je fais partie d'une génération qui a connu la sortie originale en 1998, mais à l'époque, j'étais trop jeune pour aller au ciné : j'avais 6 ans. Donc j'ai vécu l'engouement pour le film de mon côté et un peu en différé si je puis dire."
"Je n'ai pas vraiment eu la chance de le voir sur grand écran jusqu'à présent. C'est une expérience nouvelle pour moi, de pouvoir voir le film que je connais par cœur dans un cinéma, et je m'attends à un frisson nouveau par conséquent." Il compte se rendre à Paris (Île-de-France) pour pouvoir profiter d'une meilleure expérience du film en l'écoutant dans sa version originale, en anglais (à voir en bande-annonce dans la vidéo ci-dessous, l'article continue ensuite).
Le Titanic au cinéma, une longue histoire
Le Titanic est un objet cinématographique de premier plan. Le premier film sur le sujet a été réalisé à peine 30 jours après la catastrophe. L'actrice Dorothy Gibson y portait la robe qu'elle avait enfilée le 15 avril 1912, lorsqu'elle est montée dans un canot de sauvetage pour échapper au géant des mers en train de sombrer. Ironie du sort, le film est considéré comme perdu depuis la destruction de ses bobines lors d'un incendie survenu deux ans plus tard...
Le Titanic a aussi inspiré... les Nazis. Ce film de propagande, malgré son scénario douteux, était de si bonne facture que certains courts plans ont été réutilisés dans Atlantique, latitude 41, réalisé quinze ans après et considéré comme l'un des plus authentiques par les spécialistes, fans, et personnes ayant échappé au naufrage. Même James Cameron, pour revenir à lui, s'est inspiré du Titanic allemand de 1943 pour certaines de ses scènes devenues iconiques.
Plusieurs de ces films ont jalonné l'émergence de la passion pour le Titanic chez les fans du paquebot pendant tout le XXe siècle. Sans oublier l'année 1955 : la sortie du très populaire livre de Walter Lord, La Nuit du Titanic. Ni 1985 : découverte de l'épave par l'Américain Robert Ballard et le Français Jean-Louis Michel; qui fait l'objet du récent livre Dans les profondeurs du Titanic de l'explorateur Paul-Henri Nargeolet, interviewé par France Info.
La sortie du film de James Cameron en 1997-1998 a donné naissance à une nouvelle génération de fans. Et à une deuxième lors de la ressortie en 2012. Peut-être en sera-t-il de même pour cette année 2023 : jamais deux sans trois. Sarah, une Strasbourgeoise plus cinéphile que Titanicophile, s'amuse en suggérant que "James Cameron semble n'avoir tellement pas de concurrence qu'il a ressorti Titanic en 2023 pour être sûr que Avatar 2 ne batte pas son propre record". On le saura d'ici quelques semaines.