Vallée de la Fensch : Edouard Martin regrette l’absence de l’industrie dans la campagne municipale

L’ex-député européen, héros de la bataille de Florange pendant laquelle il a lutté contre la fermeture des hauts fourneaux, vient d’envoyer, fin janvier, une lettre ouverte aux élus de la vallée dans laquelle il regrette que les enjeux industriels et écologiques soient laissés de côté.

Il n’a pas signé sa missive, mais l’origine est claire.

"Et si on parlait d'industrie"

Dans cette lettre de deux pages à l’entête de son association BRIDGE (Bâtir le Renouveau Industriel sur la Démocratie et le Génie Ecologique) dont il est le président depuis la fin de son mandat de député européen en 2019, Edouard Martin s’étonne du peu d’intérêt que portent les candidats déclarés aux municipales dans la vallée dont il a été l’un des porte-paroles, notamment en tant que syndicaliste opposé à la politique de Mittal pendant quinze ans.

Industrie et écologie

L’ancien représentant de la CFDT au Comité d’Etablissement Européen d’Arcelor-Mittal poursuit les réflexions qu’il avait engagées lorsqu’il s’était lancé en politique: réconcilier industrie et écologie, en faisant le pari de développer l’industrie européenne grâce aux avancées technologiques qui permettent de réduire les émissions polluantes.

Précurseur en 2014 sur ces questions, il a été repris depuis à la fois par le Parlement européen et par la Commission Européenne, puisque cette dernière, sous la nouvelle présidence d’Ursula von der Leyen, a placé le climat en tête de liste de ses préoccupations à venir. L'objectif des institutions européennes est ambitieux: faire du continent le premier à être neutre en carbone à l'horizon 2030.

L’idée force de l’ex-député, c’est d’ajuster la taxe carbone des produits industriels qui entrent en Europe, de leur imposer une taxe supplémentaire en clair, afin qu’ils ne concurrencent pas de manière déloyale les produits européens élaborés avec des normes environnementales strictes. Dans son viseur, les produits sidérurgiques chinois : une tonne d’acier est fabriquée en Europe en rejetant en moyenne deux tonnes de CO2, contre trois en Chine.

Vallée de coeur

En cette fin janvier 2020, c’est aussi et d’abord aux maires de la Fensch qu’il s’adresse: "une commune n’évolue pas au milieu de nulle part. Elle est dépendante de son environnement tout à la fois social, politique, écologique et industriel: c’est le cas dans la Vallée de la Fensch dont l’écosystème industriel peut et doit être repensé pour être rendu compatible avec les écosystèmes naturels". L’ancien sidérurgiste pointe du doigt la cokerie de Sérémange, dans le viseur de l’Etat pour ses émissions, et dont l’avenir est scellé si aucun investissement n’est acté pour la moderniser.
Joint par téléphone, Edouard Martin se veut résolument optimiste: "la technologie existe aujourd’hui pour réduire drastiquement les émissions industrielles de CO2 en Europe, par exemple en remplaçant le charbon par l’hydrogène". Celui qui affirme pointer au chômage depuis la fin de son mandat, entend faire de son association un relais entre les industriels et les Etats. Il a toujours un haut fourneau vissé dans la tête, et croit encore à une relance de la filière liquide, sur un modèle en rupture technologique: "les citoyens ont-ils été consultés pour savoir s’ils voulaient la création d’environ 1.000 emplois plutôt mieux payés qu’ailleurs, car mieux qualifiés? La Vallée de la Fensch peut-elle se payer le luxe de faire l’impasse sur ces emplois si la population les valide?"

Retiré de la politique après un seul mandat -comme il l'avait annoncé lors de son élection européenne-, celui qui a été agent de coulée à la coulée continue de Sérémange (aujourd’hui arrêtée) se dit prêt à débattre de ses idées avec tout le monde: "pendant mon mandat, Eurofer (l’association des industriels européens de l’acier) ne voulait pas entendre parler de mon idée d’ajustement de la taxe carbone aux frontières, aujourd’hui ils la réclament !"
 
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