Ils ont 22 et 29 ans. Victor Grimon et Léo Toussaint, les deux jeunes chefs qui ont repris le restaurant familial "Le relais de Vincey" dans les Vosges préparent 200 menus solidaires qu’ils offriront mardi 23 février 2021 aux étudiants nancéiens.
Quand il nous répond au téléphone, Victor Grimon, le jeune chef du Relais de Vincey dans les Vosges, est un peu débordé par la préparation de ses jus mais absolument enthousiaste. Pendant deux jours, il prépare 200 repas "bistronomiques" qu'il offre aux étudiants nancéiens touchés par la crise sanitaire. Œuf parfait sauce au vin rouge flambée, filet de volaille jaune rôti...
"On est la cinquième génération dans le restaurant. J’ai 22 ans. Mon cousin avec qui je viens de reprendre a tout juste 29 ans. On pourrait être à leur place", s’émeut-il. "Quand on voit les images sur les réseaux de jeunes qui font la queue deux à trois heures pour de l’aide alimentaire dans le pays de la gastronomie… Ils ne sont pas encore dans la vie active et ils sont déjà dans le pétrin."
C’est une initiative de la jeunesse pour la jeunesse
Aidés par des dons
Les deux chefs donnent finalement, juste de leur temps. Ils sont allés frapper à la porte de leurs partenaires et ont récolté des dons, en argent ou en produits, de particuliers ou de grosses entreprises de l’agro-alimentaire. Fromageries ou grossistes ont joué le jeu mais pas question par exemple de demander un rabais au petit producteur d’œufs de Nomexy, explique Victor. "C’est une chaîne. On est tous dépendants. S’il y en a un qui se casse la gueule, on se casse la gueule."
Retravailler à plein régime
"Pour nous, c’est une chance de pouvoir travailler en grosse quantité. On ne le fait pas en ce moment. Ça permet de voir autre chose", explique Léo Toussaint qui boucle ses mousses au chocolat.
Le restaurant fonctionne du jeudi au dimanche, en livraison ou à emporter et change ses menus toutes les semaines. Les cousins reconnaissent qu’ils touchent en ce moment une clientèle qui n’aurait pas osé passer la porte d’un restaurant gastronomique. Mais ça ne remplace pas pour autant le chiffre d’affaire d’avant-crise. "On montre qu’on est toujours vivant", résume Victor.
De 195 à 500 bénéficiaires
Les repas seront distribués demain après-midi à Nancy par l’Agoraé, une épicerie solidaire gérée "par des étudiants pour les étudiants". C’est le deuxième don de ce type qu’ils reçoivent après l’initiative du collectif "Les restos de Nancy contre le Covid" pendant le premier confinement.
Pheakdey Touch, la présidente de la Fédération des étudiants de Lorraine explique : "depuis la Covid, on est passé de 195 bénéficiaires à quasiment 500 à Nancy. En 2020, ça a été très difficile de trouver des jobs d’été. Pour beaucoup, ils servent à avoir de l’argent pour toute l’année. Au premier confinement, une des étudiantes chez qui on livrait nous a dit ça fait très longtemps que je n’ai pas vu un sac de courses rempli."
L’association travaille activement avec les assistantes sociales du CROUS. "Il faut absolument qu’il y ait un suivi. Si un étudiant n’a pas les moyens de se payer un repas, c’est qu’il y a beaucoup d’autres choses derrière."
Une autre épicerie Agoraé existe à Metz. Ils en ouvrent prochainement une troisième à la faculté de lettres de Nancy.