Lundi 30 janvier, pour la première fois Séverine, la maman de Lucas, s'exprime devant les journalistes. Lucas, 13 ans a mis fin à ses jours début janvier à Golbey (Vosges). Il était victime de harcèlement homophobe.
Pour la première fois depuis la disparition de son fils Lucas, Séverine, sa maman a choisi de s’exprimer devant les journalistes, lundi 30 janvier 2023 lors d’une conférence de presse organisée chez son avocate à Epinal (Vosges). Lucas, collégien, 13 ans, s'est suicidé à Golbey au début du mois de janvier.
En préambule, son avocate Catherine Faivre explique que Séverine, la maman de Lucas, a besoin de pleurer son fils dignement. "Aujourd’hui la maman de Lucas répond aux nombreuses sollicitations et aussi à la pression médiatique. Aucune réponse sur le fond du dossier pénal ne sera donnée, le procès se tiendra dans le courant du printemps. Une maman qui attend avant tout une réponse judiciaire pour harcèlement scolaire ayant entraîné un suicide. La famille n’a qu’un souhait, honorer la mémoire de Lucas".
Puis Séverine prend la parole. "Je suis désolée parce que je n’ai pas pu le sauver... et que personne n’a pu le sauver. Il faut que mon fils repose en paix et que justice soit faite pour lui. Ça fait trois semaines qu'il n’est plus là. On ne veut pas ça. On ne réalise toujours pas". Mais cela n’évacue pas son chagrin.
Elève en 4ème
Avez-vous un jour imaginé que Lucas aurait pu en arriver là ? "Je n’aurais jamais pensé…" "Mais moi, je n’en veux à personne". Quel a été l’élément déclencheur, il se plaignait ? "On en reparlera. Ici, ce n’est pas le lieu pour en parler. Bien sûr que le collège aurait pu, aurait dû être là. Et mettre en place quelque chose dès la première ou la deuxième alerte", dit-elle devant la forêt de micros des radios et télévisions sur place.
Lucas était élève au collège Louis-Armand. Il était en 4e dans un établissement de 700 élèves situé à Golbey. "Il n'y a pas de comptes à régler. Au collège, je pense que tout le monde avait une visière, que personne ne voulait voir. Je pense aussi qu’il y a de l’incompétence". Pourquoi ne pas l’avoir changé d’établissement ? "Ce n’est pas à mon fils de partir. Ce n’est pas aux harcelés de partir mais aux harceleurs, non ?"
Il faut que mon fils repose en paix et que justice soit faite pour lui. Ça fait trois semaines qu'il n’est plus là. On ne veut pas ça. On ne réalise toujours pas.
Séverine, la maman de Lucas
Pour l'heure, Séverine s’est mise en retrait de son activité professionnelle pour se consacrer à ses deux autres enfants. Elle estime que tout n’a pas été fait pour protéger Lucas. Elle redit avoir effectué deux ou trois signalements auprès de l’établissement scolaire. Ainsi qu’avoir identifié des protagonistes éventuels. Et quatre fois, elle répétera, "ça reste des enfants et je ne leur veux pas de mal. Malgré ce qui s’est passé, on veut les protéger."
A l'issue de leur garde à vue, quatre mineurs de 13 ans ont été placés en garde à vue. Ils seront convoqués devant le tribunal pour enfants d'Epinal pour y être jugés pour harcèlement scolaire ayant entraîné le suicide de Lucas. "Je suis quand même obligé de leur en vouloir. Ils ont été méchants avec mon fils et lui, il n’est plus là. Ils ont l’âge de Lucas. Ce ne sont que des enfants. Mais il n’y a pas que les quatre jeunes. C’est à la justice de décider".
Le combat d'une vie
Les proches de Lucas estiment qu'il s'est suicidé après avoir été harcelé en raison de son homosexualité. Les faits se sont déroulés du mois de septembre 2022 au début du mois de janvier 2023. Lucas avait écrit dans son journal intime "un mot expliquant sa volonté de mettre fin à ses jours", avait déclaré lors d'une conférence de presse Frédéric Nahon le vendredi 13 janvier.
Cela reste des enfants et je ne leur veux pas de mal. Malgré ce qui s’est passé, on veut les protéger.
Séverine, la maman de Lucas
Une marche blanche sera organisée dimanche 5 février à Épinal en mémoire de Lucas. "C’était un super petit garçon. Je ne veux pas qu’on l'oublie. Cette marche, c’est notre manière à nous de le maintenir en vie".