"Pépito", un nouveau nom pour la nouvelle vie d’un bateau de pêcheur actuellement restauré loin de la mer, dans les Vosges au CFA d’Arches grâce à une passionnée et à son mari qui ont créé une association pour mener à bien ce projet, retenu par la Fondation du patrimoine.
"C’est un vieux gréement méditerranéen qui date de 1970" que Virginie Jacquemin passionnée de bateaux et de navigation a entrepris de faire restaurer dans les Vosges. Un bateau de pêche traditionnel à voile, rebaptisé "Pépito", le surnom de son ancien propriétaire, Luc Coupez. Jusque-là, il s’appelait "la foi".
Pépito est arrivé en Lorraine en 2016, non sans mal, car il a fallu organiser son transfert depuis le sud de la France dans le département du Var. Il a d’abord subi une première phase de déconstruction dans un Lycée du département. Après quoi Virginie Jacquemin avec l’association "Les vieux gréements Londais", qu'elle a créée avec son mari, Jérôme Lecoanet, spécialement pour le sauvetage de ce pointu, l’a confié aux bons soins du CFA d’Arches dans les Vosges.
Depuis, avec Michaël Roure leur professeur de charpenterie-menuiserie, les apprentis sont au chevet de l'embarcation. Pour les aider, Antonio Oliver charpentier de marine, installé à Hyères dans le Var leur prête main-forte et vient régulièrement pour superviser les travaux. Il est présent toute cette semaine du 08 mars 2021
Soutien de la Fondation du patrimoine
En 2019, la Fondation du patrimoine a retenu ce projet. Il est enregistré sur son site pour pouvoir recevoir des dons. Pour financer ce projet, il faut à l'association 32.000 euros.
"Le moteur neuf a déjà été acheté 15.000 €. Il faut environ 4.500 euros pour la voile et entre 3.000 et 4.000 € pour le bois", explique Virginie.
Les apprentis découvrent le travail de charpente marine.
Pour le CFA, c’est une merveilleuse aventure. Les apprentis, ne pouvaient rêver mieux. Menuisiers, charpentiers, mais aussi peintres, tous ont à cœur cette mission qui leur donne aussi l’occasion de travailler avec des professionnels tels qu'Antonio Oliver, charpentier de marine.
"Les apprentis découvrent le travail de charpente marine qui est différent de celui de charpentier sur une toiture. C’est plus compliqué." Pour l’enseignant, "restaurer un pointu dans les Vosges est une aventure insolite qui oblige à se remettre en question". Il découvre de nouvelles techniques et s’adapte à ce chantier inattendu. Il faut refaire une partie de la coque, cintrer le bois, travailler l'étanchéité et refaire le mat. Le pointu tire son appellation de la forme pointue de sa poupe. Pour le BTP CFA d’Arches, il s'agit là aussi d'une belle occasion de valoriser le savoir-faire vosgien de la filière bois.
Pour moi, c’est étonnant de voir un bateau aussi loin de la mer.
Antonio Olivier, même s’il a un peu froid, car il arrive du sud ce lundi 08 mars, est enchanté de revenir au BTP CFA d’Arches. Il est touché qu’ici dans les Vosges, on tente de sauver un bateau.
"C’est une belle aventure. Pour moi, c’est étonnant de voir un bateau aussi loin de la mer. Dans la charpente de toiture, tout doit être droit. Dans la charpente marine, c’est le contraire. On travaille avec des bois qu’il faut cintrer sous une coque. Pour la restauration, il faut aller de pièce en pièce. En tout cas les gamins et leur professeur font un beau boulot. Le bois des Vosges peut s'utiliser aussi. Dans la charpente marine, on dit qu’on s’adapte au lieu où on est. On va toujours trouver une essence qui va fonctionner pour la coque, une autre pour les gréements... Même si on utilise habituellement le chêne, l'acacia ou encore le pin".
De La Foi à Pépito
Le bateau qui à l’époque s’appelait "la Foi" a été construit à Marseille en 1970 dans les ateliers de charpente de marine Paul-Tagliamonte à l'Anse Pharo pour le compte d'un pêcheur de la Presqu'île de Giens. Jusqu’en 2001, il a servi à la pêche. Virginie Jacquemin connaît son histoire par coeur. En mai 2012, c’est l’accident, le bateau a coulé après avoir subi une rupture d’amarrage. Son propriétaire de l’époque surnommé Pépito n’a pas les moyens de le faire restaurer. Il est proche de la retraite. Le pointu aurait pu terminer sa course ainsi.
C'est en son honneur que nous avons renommé le bateau, Pépito.
Mais, Virginie Jacquemin, grande passionnée de bateau, en vacances avec son mari dans la région le découvre. Le propriétaire, Luc Coupez, alias Pépito, accepte son aide et il fait don du pointu à l'association "Les Vieux Gréements Londais". Voilà qui fait le bonheur des deux passionnés et Virginie ajoute : "C'est d’ailleurs en son honneur que nous avons renommé le bateau, Pépito"
Futur bateau-école
La restauration avance bien. Pépito va bientôt retrouver la Méditerranée. Pour cela, il devra encore faire le chemin retour. Mais cette fois pas sur un camion, mais par les canaux. Trois semaines de navigation pour arriver à bon port.
Pour sa deuxième vie, il servira à faire découvrir les joies de la navigation à des publics variés. Un peu bateau-école et un peu bateau pour la balade. Pépito voguera à nouveau sur les flots. La crise sanitaire a ralenti le travail. Mais l'association espère que 2022 sonnera le retour à l’eau, quelque part dans le Var.