Tous les sites sont concernés par un plan de compétitivité et notamment celui de Golbey dans les Vosges. Les syndicats locaux n'ont pas encore réagit à cette annonce surprise. Dans l'hexagone, Michelin emploie 21.000 personnes.
Le groupe Michelin a annoncé ce mercredi 6 janvier 2021 qu'il allait supprimer jusqu'à 2.300 postes en France. Pas de départs contraints, cette mesure s'inscrit dans le cadre d'un "plan de compétitivité" sur trois ans et qui pourrait provoquer l'émoi dans un pays déjà déprimé par le Covid.
Quelques mois après l'annonce de la fermeture de l'usine Bridgestone de Béthune, et malgré de bons résultats, le pneumaticien français a annoncé une nouvelle coupe dans ses effectifs qui touchera tous ses sites en France.
Le président de Michelin Florent Menegaux a précisé à l'AFP qu'il n'y aurait "pas de fermeture d'usine, aucun départ contraint. Nous anticipons environ 60% de mesures de pré-retraites et 40% de départs volontaires, dans le cadre de ruptures conventionnelles collectives (RCC)".
De Clermont-Ferrand à Golbey-Epinal en passant par Vannes et Troyes, cette nouvelle réorganisation concerne "tous les sites français du groupe", a précisé Florent Menegaux. "Michelin s'engage à recréer autant d'emplois qu'il y en aura de supprimés", a-t-il ajouté toutefois, que ce soit via le développement de nouvelles activités en interne ou l'installation d'autres entreprises sur les territoires concernés.
A travers ce plan, le Bibendum vise "une amélioration de sa compétitivité pouvant aller jusqu'à 5% par an" pour les activités tertiaires et pour l'industrie, ce qui pourrait signifier "d'ici trois ans une réduction de postes pouvant aller jusqu'à 2.300", sur les 21.000 que compte Michelin en France - soit 10% des effectifs.
"Avec les représentants du personnel nous serons particulièrement vigilants à ce que Michelin respecte ses engagements", a indiqué à l'AFP la ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
Bercy surveillera "la création de nouveaux postes en France avec la localisation de nouvelles activités à forte valeur ajoutée, la compensation de chaque emploi par un autre emploi, des mesures d'accompagnement des salariés exemplaires et enfin un plan d'investissement pour moderniser ses outils de production, gage de la pérennité des sites français à moyen terme".
Michelin avait déjà effectué en 1999 une coupe historique de 7.500 postes. Plus récemment, le groupe soumis à la concurrence des pneus à prix cassés a supprimé près de 1.500 postes, notamment à son siège historique de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) et aux Etats-Unis. Il a également fermé les sites de La Roche-sur-Yon (Vendée) et Bamberg en Allemagne.
La crise du coronavirus a retardé l'annonce de cette nouvelle restructuration en préparation depuis 18 mois, mais ne l'a pas causée, souligne le président de Michelin.
Le nombre de départs site par site sera précisé dans les prochains mois. La direction du groupe souhaite ouvrir "rapidement" des négociations avec les organisations syndicales autour d'un "accord-cadre d'une durée de 3 ans.
Le groupe va pourtant bien et prévoit des résultats positifs pour 2020 malgré la crise sanitaire. Le dividende distribué par action a été multiplié par trois depuis 2009.
Le spectre de 1999
En 1999, une autre restructuration avait choqué l'opinion publique, poussant le Premier ministre d'alors, Lionel Jospin, à souligner qu'il ne fallait pas "tout attendre de l'Etat". Edouard Michelin, alors tout jeune président du groupe, avait regretté une maladresse dans l'annonce du plan.
"Nous avons toujours distribué environ 35% de notre résultat. Il y a quelques années, on ne faisait pas de résultats, donc on ne distribuait pas de dividendes", explique Florent Menegaux en 2021. "Nos actionnaires ont continué à nous suivre pendant ces années-là, il est normal qu'ils soient rétribués pour le risque qu'ils prennent".
En 2020, "Michelin aura distribué 360 millions de dividendes, et 6,4 milliards d'euros en frais de personnel, dont 1,2 milliard en France", souligne-t-il.
Le groupe est confronté depuis une dizaine d'années à "l'arrivée massive de produits à bas coûts" sur le marché mondial du pneu, souligne Michelin dans un communiqué, qui ajoute devoir oeuvrer à "un renforcement significatif de sa compétitivité".
"Michelin n'abandonne pas la France" et "va réinvestir une partie des économies réalisées dans le développement de nouvelles activité", souligne Florent Menegaux.
Ses 15 sites industriels dans l'Hexagone se sont progressivement spécialisés dans les pneumatiques haut de gamme, agricoles, industriels, ou de compétition.
En parallèle, Michelin poursuit "sa stratégie de localisation en France de nouvelles activités à forte valeur ajoutée", comme la pile à hydrogène, l'impression 3D, les colles ou le recyclage des déchets plastiques. A horizon 2030, Michelin souhaite que 30% de son chiffre d'affaires soit réalisé hors pneus. (Avec AFP)