Pour la première fois, le risque d'un dépôt de bilan du RC Lens est évoqué par Gervais Martel. Et dans les 15 jours ! Le président lensois s'en remet désormais à l'Etat azerbaïdjanais pour obtenir les 16.5 millions d'euros nécessaires à la survie des Sang et Or.

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"J’irai jusqu’au bout et si le club coule, je coule avec". Selon L'Equipe, c'est ce que Gervais Martel a déclaré aux représentants des supporters qu'il a reçus jeudi à la Gaillette. Pour autant, le président lensois ne dévie pas de sa ligne. "Ça va le faire, ça va le faire, je vais retourner à Bakou incessamment. L’argent que je vais aller chercher là-bas sera validé par quelqu’un de très haut". "Il faut garder confiance, les choses vont se décanter", répétait-il encore ce vendredi matin, devant les médias, lors d'une visite du chantier du Stade Bollaert-Delelis, rénové pour l'Euro 2016. Mais l'heure est grave. Gervais Martel et le ministre des sports, Patrick Kanner, ont évoqué pour la première fois le risque de dépôt de bilan pour le RC Lens. "Comme l’a dit Gervais Martel, il y a un danger de dépôt de bilan", a déclaré Patrick Kanner. "Je souhaite que ce club mythique puisse continuer à vivre ! Nous ferons tout, du côté de l’Etat, pour éviter le dépôt de bilan. Il faut une mobilisation générale."
Jeudi, le club a annoncé dans un communiqué le report de son audition devant la Direction Nationale du Contrôle de Gestion (DNCG). Car en dépit des promesses du début du mois, l'argent qui devait arriver d'Azerbaïdjan n'est toujours pas là. Et il ne s'agit pas de "clopinettes" : le club artésien a besoin rapidement de 2.5 millions d'euros pour lever l'interdiction de recruter mais aussi des 14 millions d'euros que l'actionnaire majoritaire du club, Hafiz Mammadov, s'était engagé à verser en janvier. Mais l'homme d'affaire azerbaïdjanais, en proie à de graves difficultés financières, semble bel et bien hors-jeu. Le ministre des sports d'Azerbaïdjan, en déplacement en France, l'avait déjà confié mercredi à RMC. Gervais Martel l'a confirmé jeudi aux supporters. "Il s’est fait bloquer 900 millions d’euros", leur a-t-il expliqué d'après L'Equipe. "Jeudi prochain, vous aurez un état de l’avancement. Je suis très confiant mais ne le dîtes pas en dehors car on va me dire : « t’es un gros con ». (...) Les solutions viendront de l’Etat azéri et non de Mammadov". Aujourd'hui, le temps presse. Selon Gervais Martel, Lens doit passer au plus tard le 15 ou le 16 décembre prochain devant la DNCG. En clair, il n'a plus que 2 semaines pour obtenir 16.5 millions d'euros. Et sauver le club...

Hafiz Mammadov en difficulté depuis des mois

Les difficultés d'Hafiz Mammadov sont pourtant connues depuis le printemps. En avril dernier, une dépêche de l'agence Reuters faisait déjà état des tourments du Baghlan Group dirigé par l'homme d'affaire : l'agence Fitch avait déclassé cette holding spécialisée dans l'exploitation d'hydrocarbures, le BTP et les transports, pour non paiement des titres de créance. Fitch précisait également qu'elle ne disposait plus d'information suffisante pour bien évaluer l'entreprise dirigée par Mammadov. Cinq mois plus tard, Richard Olivier, le président de la DNCG - qui avait refusé l'accession de Lens en Ligue 1 avant d'être déjugé par le CNOSF - était catégorique : "L'argent ne viendra pas de Mammadov", avait-il déclaré, début septembre, dans une interview à La Voix du Nord. Début octobre, des huissiers accompagnés de policiers sont venus confisquer une villa appartenant à l'actionnaire majoritaire du RC Lens, comme le montre une photo publiée sur le site azerbaijanais Publika.az. Cette saisie serait liée à une dette de 2 millions de dollars vis-à-vis d'un créancier (1.6 million d'euros).

Le souci pour Gervais Martel, c'est qu'il est pieds et poings liés avec Hafiz Mammadov, actionnaire majoritaire (donc propriétaire) du RC Lens. L'homme d'affaires azerbaïdjanais doit absolument vendre ses parts pour qu'un repreneur ou de nouveaux investisseurs entrent dans le capital. Sans cela, rien n'est possible. Mais au regard des énormes difficultés que traverse Mammadov, le sort du RC Lens est-il vraiment au coeur de ses préoccupations et de ses priorités ?


La Bank of Azerbaijan est-elle en mesure d'assurer les garanties financières ?  

En tout cas, aucune solution de rechange n'a été trouvée ces six derniers mois, malgré les efforts déployés par Gervais Martel et de nombreux allers/retours à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise. Le président lensois a longtemps brandi l'argument de la "garantie à première demande" de la Bank of Azerbaijan​, pour justifier son optimisme. Selon lui, si Mammadov ne parvenait pas à payer, la banque, elle, était dans l'obligation se substituer à lui et de verser l'argent. Seul problème - et de taille - la Bank of Azerbaijan​, contrairement à ce que son nom indique, n'est pas la banque centrale azerbaïdjanaise ni même une banque publique comme l'International Bank of Azerbaijan (IBA), mais une banque privée détenue par la famille Mammadov (Hafiz Mammadov présidait le conseil de surveillance). Mais elle aussi s'est retrouvée en très grosse difficulté, comme nous l'expliquions déjà fin juillet. Des usagers avaient déposé plainte parce qu'il n'étaient pas en mesure de retirer des fonds des comptes de dépôt. Des employés avaient été mis en "congé sans solde pour une durée indéterminée." Plusieurs branches de la banque avaient également suspendu toutes leurs opérations. En Azerbaïdjan, on parle de 700 millions de dollars de dettes (562 millions d'euros) ! 
Selon Publika.az, la banque a pu reprendre ses opérations financières en octobre, après recapitalisation. "On a été reçu par le directeur de la Bank of Azerbaijan", déclarait Gervais Martel, début novembre. "Il sait les garanties qu'il doit couvrir: la fin des 4 millions d'euros, puis 14 autres millions en janvier. Il m'a confirmé avoir tous les éléments et pouvoir actionner cette garantie après un délai de 10 jours ouvrables à partir de la réception du recommandé. Je m'attends à avoir le versement de 2,5 millions d'euros entre le 18 et le 20 novembre". On sait ce qu'il en est aujourd'hui... pour les responsables de la banque, le RC Lens est peut-être loin d'être une priorité. En septembre dernier, Gervais Martel avait évoqué la possibilité de saisir un tribunal de commerce international pour obtenir le versement des garanties bancaires. Mais ce genre de procédure entre deux pays peut prendre des mois, voire des années...  

Que peut faire l'Etat azerbaïdjanais ?

Selon lensois.com, Gervais Martel a expliqué aux supporters lensois qu'il avait dîné mercredi avec Azad Rahimov, le ministre des Sports d’Azerbaïdjan, ainsi qu’avec Mehriban Alieva, la femme du président Ilham Aliyev, tous deux en déplacement en France. "Mon communiqué (celui de jeudi NDR) a été pesé, validé par l’Etat azéri", a-t-il déclaré ce vendredi devant la presse. Le président lensois attend donc beaucoup désormais des autorités azerbaïdjanaises. L'un de ses arguments ? Le logo "Azerbaijan - Land of Fire" qui apparaît sur le maillot  Sang et Or. Pour lui, il engage l'image du pays donc la responsabilité de l'Etat. Sauf que ce logo est une marque générique créée par Mammadov pour promouvoir l'Azerbaïdjan hors de ses frontières. Gervais Martel a confirmé d'ailleurs aux supporters ce que nous écrivions jeudi : il n'y a aucun lien contractuel entre l'Etat azerbaïdjanais et le club artésien.
Ce vendredi matin, lors de la visite du chantier du Stade Bollaert-Delelis en compagnie de Gervais Martel, le ministre des sports, Patrick Kanner, a déclaré : "nous faisons tout notre possible pour mettre en relation le club et l’Etat azerbaïdjanais". Mais que peut-on attendre de ce dernier ? Qu'il verse lui-même - sur ses deniers publics - les millions d'euros qui manquent au RC Lens ? Imaginons un instant la situation inverse : que dirait-on si notre gouvernement versait 16.5 millions d'euros à un club azerbaïdjanais pour palier la défaillance de son propriétaire français, sous prétexte qu'il a inscrit "France - Pays des Lumières" sur un maillot ? L'Etat azerbaïdjanais ne peut au mieux qu'insister auprès de la Bank of Azerbaijan pour que les garanties bancaires soient exercées. Mais on a vu que les difficultés récentes de cette banque dépassaient très largement la question du seul RC Lens. Les autorités azerbaïdjanaises peuvent aussi aider Gervais Martel à rencontrer d'éventuels investisseurs ou sponsors et/ou convaincre Hafiz Mammadov - sans qui rien ne peut se faire - de céder ses parts.
Le président lensois a d'ores et déjà annoncé qu'il serait à Bakou la semaine prochaine pour tenter - une nouvelle (et dernière ?) fois - de trouver une solution... à Lens, beaucoup de supporters n'y croient plus vraiment. Sur les réseaux sociaux, certains préfèrent se retrancher derrière une ironie mordante.

 

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