La cour d'assises de l'Essonne a délivré ce 10 décembre un mandat d'amener à l'encontre d'Esteban Morillo, l'un des deux ex-skinheads impliqués dans la mort du militant antifasciste Clément Méric, tué à Paris en 2013. Déjà absent la veille, l'accusé axonais a pu comparaître dans l'après-midi.
Le procès en appel d'Esteban Morillo et Samuel Dufour a débuté avec un jour et demi de retard à Évry (Essonne), ce 10 décembre 2019. Le premier accusé, originaire de Neuilly-Saint-Front (Aisne), avait été dans "l'impossibilité" de se rendre aux assises de l'Essonne la veille, premier jour prévu de son procès en appel.
Après le report de l'audience, l'avocat d'Esteban Morillo a expliqué le lendemain à la cour que son client n'a pas pu se déplacer à cause du mouvement de grève contre la réforme des retraites qui perturbe les transports, son contrôle judiciaire lui imposant de demeurer dans l'Aisne.
Sur demande du président, agacé par cette nouvelle absence, l'Axonais a finalement été amené par les gendarmes au tribunal du 10 décembre. Son procès en appel, prévu pour durer deux semaines, a donc pu s'ouvrir en sa présence à 15 heures, après un jour et demi de retard. En jeans et chemise blanche froissée, Esteban Morillo a confirmé à la barre ne pas avoir pas trouvé de moyen de transport pour venir sur place à cause de la grève. Samuel Dufour, contestant lui aussi sa condamanation en première instance, était quant à lui présent dès le 9 décembre puisqu'il réside à Amiens
Deux coups de poing mortels
Aujourd'hui âgés de 27 et 26 ans et assis côte à côte sur des chaises face à la cour, Esteban Morillo et Samuel Dufour, ont écouté sans ciller le rappel des faits lu par le président.Le 5 juin 2013, Clément Méric, étudiant de 18 ans qui se remettait d'une leucémie, s'est écroulé sur le bitume lors d'une brève rixe entre militants d'extrême gauche et skinheads d'extrême droite, après une rencontre fortuite à Paris dans une vente privée de vêtements de la marque Fred Perry. La mort du jeune homme avait choqué l'opinion et fait ressurgir le spectre des violences d'extrême droite poussant le gouvernement à dissoudre plusieurs groupuscules d'ultradroite, notamment Troisième voie, dont étaient proches les accusés.
En première instance en septembre 2018, Esteban Morillo avait été reconnu coupable par la cour d'assises de Paris d'avoir frappé et mortellement blessé Clément Méric, "vraisemblablement" avec un poing américain. L'Axonais, âgé de 20 ans au moment des faits, a dès le départ reconnu avoir asséné deux coups de poing. Il s'agissait d'un "réflexe" alors qu'il se "sentait menacé", a rappelé le président à l'audience.
À mains nues ?
Esteban Morillo a cependant toujours soutenu avoir porté ces coups à mains nues, a-t-il expliqué à la barre, interrogé sur les raisons de son appel. "Je pense que j'ai été condamné trop lourdement, et à tort concernant le poing américain. Il n'y en a jamais eu", a-t-il soutenu devant la cour d'assises de l'Essonne. "On m'a condamné pour un crime que je n'ai pas commis: avoir tué Clément Méric", a pour sa part répondu Samuel Dufour, condamné à 7 ans en première instance. S'il n'a pas frappé Clément Méric, il avait empêché ses camarades de lui venir en aide en se battant avec eux, avait estimé l'avocat général lors de son premier procès.
Pour rappel, Esteban Morillo a été condamné en première instance à 11 ans de prison par la cour d'assises de Paris en septembre 2018. 7 ans de prison avaient été prononcés à l'encontre de Samuel Dufour, ainsi que l'acquittement d'un troisième accusé, Alexandre Eyraud. Les deux condamnés avaient été remis en liberté sous contrôle judiciaire quelques mois après avoir fait appel de leur condamnation. Le verdict du procès en appel est attendu vendredi 20 décembre.